Election de Hollande : ce qui va changer dans les relations entre le Bénin et la France

Il n’a pas forcement des atomes crochus avec les aristocraties qui dirigent la plupart des pays africains. Naguère en campagne, il a fustigé les « élections peu crédibles » et les régimes qui en sont issus. Devenu président, François Hollande  pourrait apparaître comme un président emmerdeur. Et pour la Marina, et bon nombre de pays africains, ce n’est pas une bonne nouvelle.

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L’homme qui arrive à l’Elysée le 15 mai prochain n’est pas homme à cautionner les réseaux. Très courageusement, il avait annoncé en campagne qu’il supprimerait la très « stratégique » et « influente » cellule diplomatique de l’Elysée. C’est  ici que se trament les fourberies les plus sordides de la françafrique. Ici que se font et se défont les systèmes, les réseaux  et les hommes qui font main basse sur le continent. Cette cellule diplomatique,  bien  que peu connue sur le continent est la véritable boîte noire de cette mafia d’Etat. En annonçant cela, Hollande entend ainsi marquer une grande rupture avec les politiques d’antan et ouvrir une nouvelle page de la politique africaine de la France. Il pousse l’outrecuidance plus loin. Il n’entend pas cautionner pas les élections présidentielles peu crédibles où des Chefs d’Etat, pourtant désavoués par leur peuple, se font élire « proprement », aux termes d’élections  avec des listes électorales falsifiées et tripatouillées. Si aucun nom n’est cité, tout le monde sait dans quelle condition la dernière élection présidentielle. Cette information ne devrait pas donc trop plaire à l’actuel locataire de la Marina élu aux termes de l’élection la plus controversée de l’histoire de la démocratie béninoise.  Hollande donne ainsi un gage sérieux de changement, son leitmotiv des campagnes. Un exemple nouveau de conduite de la politique africaine de la France bien aux antipodes de celle qui a court jusque là et qui permet rime avec la protection des réseaux, la défense des hommes politiques africains qui sauvegardent bien les intérêts de la France.

Yayi – Hollande, une nouvelle histoire

La rencontre qu’il y a eu hier à la Marina entre le président Boni Yayi et l’ambassadeur de France Jean Paul Monchau n’est pas une rencontre comme les autres. Elle devait participer des opérations de charme de la Marina pour se racheter auprès des nouveaux patrons de l’Elysée. Retransmis en intégralité sur la télévision nationale, cette rencontre  montre un Chef d’Etat très préoccupé par son image auprès de ces nouvelles autorités. On y voit toute la dévotion et l’intérêt avec lesquels il qualifie la coopération française.  Pour Yayi, il était sûrement question de gommer l’image de  l’ami de Sarkozy qu’on lui colle. Depuis 2007, Yayi a entretenu des relations étroites avec Nicolas Sarkozy et beaucoup se plaisent même à dire qu’il n’a pu rempiler sans le soutien de ce dernier. Si la France a fermé les yeux sur les nombreuses irrégularités qui ont émaillé la dernière élection présidentielle,  c’est la preuve que Yayi avait le soutien implicite des autorités françaises par le truchement de l’ex-ambassadeur de France au Bénin Hervé Besancenot.  Aujourd’hui, les choses pourraient changer un peu. La correction du fichier électoral qui piétine depuis les dernières élections peut apparaître comme une exigence des nouvelles autorités de Paris. Et si grand’chose ne va changer dans la politique africaine de l’Elysée, il y aura bien de différence de gouvernance à l’ère Hollande.

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