Pour plus de peur que de mal!

L’antenne béninoise de l’Unicef, une institution internationale-et pas des moindres -officiant sur le territoire de la République du Bénin, et en charge notamment des questions de l’enfance- malheureuse ou bienheureuse-se serait fendue d’une plainte. L’institution a saisi récemment, indique-t-on, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac).

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N’ayant pas apprécié l’usage fait par les promoteurs du «non» à une révision opportuniste de la Constitution, de l’image d’un enfant sur les… …affiches géantes «Touche pas à ma Constitution», cette structure a tout bonnement entrepris de porter l’affaire devant les instances compétentes –chose qu’elle a rarement faite- en commençant par saisir la Haac. Et si sa cause n’est pas entendue, elle irait encore loin, en saisissant éventuellement les tribunaux de l’ordre judiciaire. Au motif, révèle la même source en des termes qui lui sont propres, que nul ne saurait si gratuitement impliquer l’enfance à ce genre de combat qui relève du débat politico-politicien ambiant.

A cette position légitime de principe, il faut rétorquer que notre Ong internationale fait une lecture au premier degré du sujet.
En effet, dans le dossier de la révision constitutionnelle qui agite, depuis peu, et les esprits et le microcosme politique national, «nul ne saurait être de trop, ont pensé les initiateurs desdites affiches, pour calmer les ardeurs et faire se comprendre les différents acteurs engagés dans ce combat», pour l’instant d’idées, en souhaitant qu’il en soit ainsi jusqu’à son dénouement. Et, pour eux, on ne saurait unanimement interpréter l’utilisation qui est faite de l’image de l’innocent petit garçon en pleurs sur les affiches incriminées que dans un seul sens: celui d’un appel à la conscience des ainés de préserver le futur des enfants. On pourrait ainsi décoder le message à faire passer de la manière suivante: «si vous aimez nos tout-petits, préservez-les en ne touchant pas le texte qui régit notre vie à tous, y compris beaucoup plus, l’avenir de l’enfance fragile». Quoi de plus normal que de se servir de l’image de l’innocence personnifiée pour atteindre une cause aussi noble. Une cause qui –il faudrait en apporter la preuve du contraire- n’est ni dégradante, ni humiliante pour l’enfance mise en jeu. Mais qui, au demeurant, suscite la prise de conscience, l’esprit de responsabilité et le sens du dépassement de soi des adultes à qui, il est ainsi rappelé d’avoir à l’idée l’essentiel des enjeux liés à la question de la modification de la Constitution. La recherche puis l’usage de l’image de l’enfant en pleurs, à mon avis, ne vise qu’à implorer la compassion des politiciens et rien d’autre. Et il est grand temps de le faire, ici et maintenant, plutôt que d’attendre qu’ils soient pris en otage et instrumentalisés, les armes à la main, contre la société entière qui les a vus naitre.

Pourquoi doit-on se battre, au moyen des instruments légaux existant, contre tous ordres établis si ce n’est pour un mieux-être présent et futur lesquels incluent le présent et l’avenir de nos héritiers, aujourd’hui encore enfants?
Par ailleurs, on a aussi souvent vu des enfants mis en avant par des organisations de plaidoyer qui n’hésitent pas à lancer des opérations de collecte de fonds ou de sensibilisation à la sante publique au profit de l’enfance en utilisant des images et du son prélevés sur cette dernière, sans courir la moindre menace de la part de qui que ce soit. Tant que la démarche respecte les bonnes mœurs. Pourquoi ne le ferait-on pas pour des questions politiques, pour autant qu’il ne s’agisse pas de sujets de politique politicienne avec derrière des buts et objectifs inavoués.

A force d’insister et de camper sa position sur sa «légitime revendication», il va être difficile pour l’Unicef de ne pas se faire reprocher de s’ingérer dans les affaires bénino-béninoises en se faisant adresser la question qui fâche: «De quoi je me mêle?». Et il n’est pas certain qu’en amont les initiateurs de la plainte aient pensé à cette réaction d’auto-défense qui pourrait leur compliquer l’existence.

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