La réception, en si grande pompe avec les honneurs dus à son rang, d’un chef de l’État du Bénin, la chose n’arrive pas que pour la première fois avec, depuis hier
, la visite officielle de Boni Yayi en France, la deuxième du genre en moins de six mois cette année. Le général Kérékou, pendant ses 29 ans de pouvoir, en a certainement connu de bien plus fastueux. Et Nicéphore Soglo, notre Hercule national, à la date d’aujourd’hui encore, aura pulvérisé le record en la matière, en 6 ans de gestion au sommet de l’État. Cela dit, c’est la première fois de notre histoire de voir, la sortie sur Paris de notre représentant au plus haut niveau, bénéficier d’une campagne de médiatisation à la taille du statut de l’hôte à recevoir des autorités françaises. Toutes les grandes chaines de télévision ainsi que les radios du secteur public que celles du privé français étaient présentes. Les unes pour braquer leurs cameras et les autres ouvrir leurs micros en direction du grand monsieur à la peau basanée et au dos un peu vouté, venu de ce petit coin de terre en forme de poing levé d’Afrique de l’ouest. Ce branle-bas médiatique a pu l’être, peut-être en raison de la proximité en termes de date avec l’accession récente au pouvoir de François Hollande, l’actuel chef de l’État «normalisé» de France. Boni Yayi aura été le premier haut dignitaire d’un pays de l’Afrique au Sud du Sahara à faire le déplacement de l’Hexagone et à être reçu à l’Élysée. C’est peut-être beaucoup plus certainement à cause de la double casquette de l’homme qui, par ailleurs, est le président en exercice des pays de l’Union africaine (UA). A ce titre, Boni Yayi qui, visiblement, affectionne d’être sous les feux de la rampe mérite, en effet, bien plus que le protocole ordinaire des tête-à-tête qui ne duraient pas plus d’une demi-heure chrono. Et en plus d’une heure d’entretiens avec son homologue, hier, on aura compris et vu qu’il en a suffisamment eu pour son compte, pour être satisfait de sa visite. A-t-il pu négocier quelques contrats pour son propre pays, le Bénin, les États n’ayant que des intérêts à défendre? Il n’aura pas manqué de l’essayer. Même si sans succès. Et nul n’aura la prétention facile de lui reprocher de rentrer bredouille au bout des 72 heures de séjour. C’est que Boni Yayi a un autre pari, tout aussi crucial à tenir: celui de faire s’impliquer davantage les pays du nord et leur démocratie, la France en tête, dans la crise malienne. Sa diplomatie aussi offensive qu’elle se veut, aux yeux de la communauté internationale, s’en sortirait auréolée d’avoir convaincue le principal partenaire de son pays, à épauler l’UA sous sa présidence, dans cette crise. Hélas, le premier des Africains est allé à la rencontre de François Hollande solliciter sa contribution, pour finalement s’entendre dire, à ce sujet, que c’est à lui et ses pairs de saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies. Quelle déculotté! La suggestion du président français vient mettre ainsi à nu le manque de concertation entre membres de l’UA qui fait que Boni Yayi passe désormais dans l’opinion des gens du continent comme quelqu’un qui est monté à l’Élysée poser les problèmes de sa gouvernance africaine, en l’occurrence sur la question malienne, sans feuille de route. Une feuille de route dont le défaut apparait comme la résultante des querelles de leadership qui minent l’institution depuis la crise -non résolue- de succession à la présidence de la Commission de l’Union.
Ce faisant, le chef de l’Etat du Bénin aura été comblé d’être mieux reçu en France que par le passé tout en n’ayant pas atteint tous ses objectifs, dont celui sur le Mali pour lequel, il aura plus fait preuve d’un show solitaire que d’une efficacité qui rehausse toute l’Afrique à sa charge, pour encore six mois.
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