C’est un des pontifes les plus connus de la religion vodoun. Bien que peu connu du grand public, Daah Ahinadjê abat un travail immense.
Connu à l’état civil sous le nom de Houndadjo D. Sévérin, il fait depuis 31 ans, des recherches sur les religions endogènes. Son projet phare est la rédaction du livre saint sur le vodoun.
Calme et sobre, la cinquantaine environ, Daah Ahinadjê cultive la discrétion. Pourtant c’est l’un des chercheurs les plus prolifiques des sciences endogènes. A la fois adepte de culte vodoun, tradi-thérapeute, écrivain auteur de six ouvrages sur les religions traditionnelles et vice-président de la communauté nationale du vodoun, il est couronné Daah Ahinadjê le 21 janvier 2009. Sa théorie sur le vodoun est assez épique. «Le Vodoun est l’âme du peuple noir. Il est apparu bien avant le christianisme il y a 1500 ans. Le vodoun a plusieurs aspects et chacun d’eux peut être utilisé pour faire évoluer notre continent. En dehors du fait que c’est une religion, il offre d’énormes potentialités touristiques, économiques et surtout thérapeutiques. Les produits spirituels des diverses congrégations du vodoun comme Sakpata, Dokounnon, Tohouiyo, Dan, Hêbioso, Tohossou, Lissa… servent à la guérison des maladies. Avec ces produits spirituels, plusieurs maladies peuvent être guéries et on n’a pas besoin d’aller chercher loin leurs remèdes. Il y a aussi le volet touristique. Aujourd’hui, si le vodoun est bien organisé, il doit être le plus grand attrait culturel de notre pays à travers les temples des diverses divinités et les festivals qu’on peut organiser à ce titre. Avec le vodoun seul, le Bénin peut créer des milliers d’emplois et lutter contre le problème du chômage. C’est une grosse industrie dont on ignore les potentialités au Bénin», déclare Daah Ahinadjê.
Le livre saint du Vodoun
Depuis des années, Daah Ahinadjê s’occupe de la rédaction du livre saint du Vodoun. Il raconte qu’à 3 ans, il a été interné dans un couvent avec sa mère et y a séjourné pendant 3 ans et 3 mois. A la sortie de ce lieu sacré, il fréquentait tous les couvents et temples de Vodoun. C’est alors que le désir et le souci de doter la religion d’un document repère est né en lui. A l’image du coran, de la bible et de la torah, ce livre récapitule l’histoire des origines du Vodoun, les pratiques authentiques, les principes fondamentaux et les produits spirituels de la religion. « Le livre saint est le document repère de la religion vodoun. Il permettra d’unifier le code vodoun. Mais lorsqu’on analyse bien les choses, le christianisme et l’islam ont une célébration théorique. Et si cette célébration a de la valeur, c’est à cause de la Bible et du Coran. Sans ces deux livres, ces deux religions n’auront aucune valeur. Ce qui signifie que dans la religion vodoun aussi, il ne saurait y avoir de célébration théorique de la fête du 10 janvier sans l’unification du langage vodoun qui sera bientôt une réalité avec la publication et la vulgarisation du livre saint de la religion»,nous confie le dignitaire. Depuis 40 ans, il mène des recherches sur ce sujet et dispose actuellement des manuscrits de ce chef-d’œuvre.
«Lune de miel», malgré les difficultés
C’est le plus ambitieux projet de valorisation de la religion Vodoun. Le projet «Lune de miel» est composé de 13 composantes dont le but ultime est de mettre le vodoun au service du développement du Bénin. Des enquêtes ont été effectuées pour maîtriser le fonctionnement de la cosmogonie vodoun. Le travail qu’il abat, c’est grâce à ce projet qu’il a effectué les recherches. Mais déplore-t-il, tout ce qu’il fait, c’est avec ses propres moyens. «Je n’ai reçu aucune aide de l’Etat béninois. J’ai des difficultés financières, je n’ai pas de secrétariat. Pourtant, j’ai une recommandation du Ministère de la culture», fulmine Daah Ahinadjê. Aujourd’hui grâce à l’appui du mécène Cyprien Amoussou, Daah reprend de l’espoir et passe à la grande lumière des innovateurs des recherches endogènes.
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