Yayi avance, son pays recule

De Camp David, la fierté béninoise nous émeut. Le dernier sommet du G8 a livré une copie excellemment impressionnante de notre diplomatie.

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Sur les images relayées par la presse internationale, on y voit le Chef de l’Etat assis au milieu des présidents Barack Obama et François Hollande fraîchement élu. Il faisait partie des rares Chefs d’Etat africains, triés sur le volet, qui ont eu le privilège de se retrouver parmi les dirigeants des huit pays les plus puissants du monde. On verra le Chef de l’Etat plus tard, au cours d’une autre rencontre sur l’Afrique en compagnie de ses homologues africains de la Tanzanie, du Ghana, de l’Ethiopie et bien sûr du président Barack Obama. Dans son discours, le président américain a loué le leadership de son homologue béninois. Voir son président dans un milieu aussi huppé, louangé par l’homme le plus puissant du monde, cela stimule les grains de fierté nationale. Et c’est tout, le Bénin n’y gagne pas plus. L’honneur, la promotion, la réalisation personnelle et même les avantages en reviennent au président Boni Yayi auréolé de son titre de Président en exercice de l’Union Africaine.
Mais au moment où le Chef de l’Etat était au firmament de la gloire et de l’honneur, son pays est dans de grandes difficultés et son peuple est dans les affres de la misère. Ici au pays, les populations se ruent vers les boutiques témoin de l’Onasa pour acheter quelques kilogrammes de riz ou de maïs subventionnés par le gouvernement. Ici, on est réveillé par les jérémiades de ces nombreuses familles privées d’abris après les derniers déguerpissements à Xwlacodji, Dédokpo et Gbogbanou . Pendant que leur président est sous les feux de la rampe à Camp David, eux dorment à la belle étoile, cherchant désespéramment un abri où poser la tête en ce début de saison pluvieuse. Que dire des milliers de béninois qui broient le noir pendant des heures et des jours parfois dans leurs maisons délestées fréquemment par la Sbee en dépit des factures exorbitants qu’ils ont du mal à payer.? Que dire aussi des centaines d’employés de Benin Control qui passent des nuits blanches à pleurer pour la perte de leurs emplois.? Pour eux, l’espoir tant suscité par Boni Yayi depuis 2006 s’est envolé. Dans les hameaux et campagnes du nord, des milliers de cotonculteurs vivent dans l’angoisse de ne pas pouvoir produire du coton cette année et y tirer leur gagne-pain. Sur le plan économique, les signaux sont au rouge. L’argent se raréfie, les activités économiques tournent au ralenti. Les radios citent à longueur de journée les noms des débiteurs de certaines institutions de la république. Abdoulaye Bio Tchané a peut être eu raison de jeter un pavé dans la marre en disant la fois dernière à Parakou, chiffres à l’appui, que l’économie béninoise est actuellement la pire des économies de la sous région. Au marché Dantokpa, les femmes passent le clair de leur temps les mains à la tempe, multipliant les commérages pour dissiper leur amertume. Idem pour des milliers de transitaires, de consignataires et autres qui regardent, impuissants, l’évaporation de la manne économique du pays vers les ports des pays limitrophes. Le pays de Boni Yayi avance-t-il ? Pas si sûr. Mais Yayi lui fait des émules. Il vole de sommet en sommet, fait des conciliabules avec les grands du monde. Mange et rigole avec eux. Ceux qui, le soir de son élection à la tête de l’Union Africaine, avaient affirmé qu’il a eu ce poste juste pour son égo n’ont sûrement pas menti.

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