Arrêt sur une république de terreur

La force, plutôt que le droit. Cela semble être désormais le leitmotiv du gouvernement. 

Obnubilé par ses échecs répétitifs sur le front de la recherche d’intrants pour démarrer la campagne cotonnière 2012 qui s’approche à grands pas, le gouvernement a fait usage de la force pour « ramasser » des tonnes d’intrants sur le terminal à conteneurs Atral d’Allada appartenant à Patrice Talon. 

La traque aux intrants ne s’est pas arrêtée là. Un navire en provenance de l’Ukraine a été arraisonné et ramené de force au quai pour y décharger des tonnes d’intrants appartenant aussi à Patrice Talon. Toutes ces deux opérations ont été menées par l’armée commise désormais au service des basses manœuvres de déstabilisation d’hommes d’affaires inoffensifs. Pourtant, on nous a chanté tout le temps que cette armée est républicaine, au service du peuple et de la sécurité des personnes et des biens. Là voilà au service de la politique puisque le vendredi c’est elle qui a mené de bout en bout cette opération « commando » contre les intrants d’un privé béninois pour enfin les conduire, dans les pick up de l’armée, dans un camp militaire à Parakou. C’est encore elle qui serait allée en haute mer pour arraisonner le navire que les rectificatifs du gouvernement qualifient de navire en fuite. Une opération « commando » qui est dans la droite ligne des persécutions orchestrées par le gouvernement ces derniers jours contre le même opérateur économique béninois comme tout le monde, mais qui a commis-peut-être- le malheur d’investir au Bénin et de faire des affaires avec le gouvernement. Et il n’est pas le seul à être victime de cette liquidation en règle de la part du gouvernement. Avant lui, Séfou Fagbohoun a connu le même sort. Arrêté de façon arbitraire un dimanche, il sera jeté en prison avant que l’Etat ne s’accapare de ses biens (comptes bancaires, domaines et actions à la Sonacop). Il n’a eu la vie sauve que grâce à l’habileté de son médecin qui a fait diligence pour demander son évacuation en France. Flairant la même situation, Sébastien Adjavon, un autre homme d’affaires très prospère a décidé de délocaliser ses sociétés dans un autre pays de la sous région pour échapper à l’harcèlement fiscal dont il est victime. Idem pour beaucoup d’autres hommes d’affaires mis à genou de diverses manières par le gouvernement et qui, pour la plupart, sont obligés de quitter le Bénin pour aller se mettre à l’abri dans les pays limitrophes où il y a plus de facilité fiscale. Mais ce genre de gouvernance et de gestion de pouvoir d’Etat basée sur la terrorisation des hommes d’affaires les plus riches du pays n’est pas nouveau. Il faut aller dans l’antiquité  romaine pour voir un cas similaire. Néron, 5è empereur romain qui a régné de 54 à 68(après Jc) est resté célèbre pour sa folie sanguinaire qui l’amène à tuer sa mère, sa première épouse. Aussi, il s’en prend à tous les riches de l’empire qui condamne à mort avant de s’accaparer de leurs biens. Au Bénin, nous sommes encore dans l’antiquité, croyant que l’usage de la force peut à elle seule régler tous les problèmes. Un tel régime n’a aucune chance de survie dans un environnement international où le recours à la démocratie semble être la seule solution. Gardons-nous à l’esprit la célèbre citation de Jean Jacques Rousseau dans du Contrat social : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être le roi s’il ne transforme sa force en droit et son obéissance en devoir ».

Laisser un commentaire