Drôle de fils. C’est le jour des obsèques de son père qu’il s’est découvert un vague et subit talent de griot. Devant la bière de celui qui fut hélas son géniteur, notre personnage-un peu malotru sur les bords- fanfaronne sur sa dépouille mortelle : «Camarade Bouboule, lève-toi».
Dans un air de plaisantin contrastant avec son deuil, il raconte les prouesses et les actes de bravoure de son père défunt. Un homme d’honneur et de dignité, selon ses dires. Un ancien combattant de la Grande Guerre réputé très fort, qui y est revenu sain et sauf. C’est justement de ce passé glorieux qu’il tient ce nom : «Camarade Bouboule». Mais vraiment, ce fils si fier de son papa n’a jamais été aussi digne que lui. Son maroquin de ministre, il l’a obtenu en récompense à ses basses manœuvres à la Cena. Alors membre de la Cena 2007, il va s’illustrer négativement en allant soutirer des documents auxquels il n’avait pas accès et de les mettre à la disposition de sa famille politique. Toute chose qui est aux antipodes de la déontologie de membre de la Cena pour lequel il a prêté serment. On lui taille un nouveau ministère avec de nouvelles attributions. Il est chargé de recherche de quelque chose et tutti quanti. Pas suffisant pour combler les prétentions de notre ministre, il se proclame «ministre du sous-sol» à l’opposé de tous ses autres collègues qui ont des prérogatives sur terre. C’est ainsi parti pour plus de deux ans de plaisanterie pour finir à la présidence de la république un de ces jours, en compagnie de toubabs, avec un boîte contenant un produit noir qu’il présente au Chef de l’Etat comme le pétrole bruit du Bénin. Son interlocuteur en fut vraiment ému, euphorique à la limite, soulagé d’avoir ainsi trouvé l’or noir, la panacée pour amener son peuple vers la prospérité partagée. Des mois, des années après, toujours pas de pétrole. Le Chef de l’Etat qui a compris bien après que c’est une farce, l’a éjecté de son gouvernement et a supprimé ce portefeuille ministériel. On devait pourtant flairer une telle attitude de la part de ce personnage bouffon. En 2004, alors député sous le régime du président Kérékou, il avait soutenu publiquement la thèse d’une « révision opportuniste» de la constitution en vogue dans le temps pour compléter de deux ans le second mandat du président. Dès l’arrivée de Boni Yayi au pouvoir, c’est lui qui apporte la première contradiction publique au nouveau gouvernement dont le ministre des finances d’alors- un certain Pascal Irénée Koupaki- affirmait qu’ils n’ont retrouvé que 200 millions dans les caisses de l’Etat. Le reste, on le sait. L’homme fera sa mue et deviendra ministre. Le jour de son investiture comme ministre, il a lancé une autre farce selon laquelle des recherches archéologiques auraient permis de découvrir quelque part à Copargo ou à un autre endroit du septentrion les ossements du plus vieil être humain sur terre. Depuis quelques jours, son regain d’activités politiques étonne plus d’un. On le voit devant une marche de remerciement des femmes pour soutenir le Chef de l’Etat à Tanguiéta. On le vit aussi en tournée de sensibilisation pour la réussite de la campagne cotonnière. On l’a entendu dire que Boni Yayi fait tout mais c’est des gens mettent des «virus» dans ses réformes. A l’Assemblée nationale la semaine dernière, c’est encore lui qui pose la question préjudicielle qui bloque la réponse du gouvernement à la question orale sur les dessous des projets financés en BOT. Remaniement oblige? Toujours est-il que dans la république ce personnage ubuesque continue son parcours fait d’excès, de fourberies et de plaisanteries. Quelque part à Dassari (commune de Matéri), «Camarade Bouboule» devrait se retourner dans sa tombe.