1er août : discours présidentiel anticipé

La tradition sera  respectée. Dans deux semaines,  très exactement au soir du 31 juillet, la veille de la célébration du 52ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, le Chef de l’Etat prononcera un discours. 

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Point n’est besoin d’épiloguer là-dessus, le Président parlera. Mais que dira-t-il ? Lui seul le sait. C’est à sa discrétion. C’est un privilège présidentiel.

Mais que devrait dire le Chef de l’Etat ?  On peut supposer qu’il y a un certain nombre de déterminants qui configurent à l’avance l’allocution, du reste, attendue du Chef de l’Etat. Il ne saurait les ignorer. Il ne saurait non plus les minorer. Quels sont ces déterminants ? C’est, d’abord, que le pays traverse une zone de turbulence. Ce qui éveille l’inquiétude de tous. C’est, ensuite, que nous sommes un régime présidentiel et qu’en situation de crise, c’est vers le Président que tous les regards se tournent. Un peu comme dans la sollicitation évangélique de « Dites seulement une parole et mon âme sera guérie ». C’est, enfin, qu’est immense l’attente des populations. Ce qui force à donner un caractère particulier à l’exercice auquel le Chef de l’Etat devra se livrer. Un exercice non banal et qui n’est pas à banaliser.
Aussi bien dans la forme que dans le fond, l’adresse du Chef de l’Etat à la nation du 31 juillet prochain devra cibler tous les terrains de préoccupations des Béninois. Tout au moins ceux sur lesquels il est particulièrement attendu. La moindre impasse sera assimilée à un ratage. Le moindre oubli sera interprété comme  un faux-fuyant. Idem de tout flou. On y verra la volonté de chercher à cacher quelque chose.
Un piège est à éviter. Prendre en compte les soucis des Béninois ne signifie pas se contenter de dresser un catalogue de leurs malheurs. Nous doutons qu’il soit de bonne thérapie de venir réciter à un malade les maux dont il souffre. Ce n’est pas ce qu’un patient attend du médecin  dépêché à son chevet. Il voudrait, de toute évidence, que son médecin soignant, même s’il devait se montrer grave, soit vrai. Avec toujours une pointe d’espoir pour signifier que le médecin se battra du mieux qu’il peut. Mais que le patient joue sa partition, coopère à sa guérison. Cela évite toute confusion, toute substitution de rôles. Le médecin n’est pas un magicien capable de prodiges. Le médecin n’est pas non plus un gourou faiseur de miracles.

Restera à régler le problème de la forme, de la manière. Ce n’est pas un aspect secondaire de la stratégie de traitement du médecin. La manière de soigner vaut autant que les soins proprement dits. Quels effets attendre des prescriptions d’un médecin grognon, à l’humeur maussade ou d’un médecin coléreux qui a tendance à être violent et agressif ?

La manière, par rapport au discours attendu du Chef de l’Etat, sera dans le langage qui sera adopté, dans la démarche pédagogique qui sera privilégiée. C’est un discours d’explication. Il faut bousculer ce que l’opinion publique, en usant de raccourcis, a pu sommairement établir comme une vérité acceptée de tous.  On ne combat une idée reçue que par une autre idée dont on s’est assuré de la solidité et de la pertinence. C’est un discours de clarification. Il faut faire la lumière sur des zones d’ombre pour que s’apaisent les inquiétudes, se dissipent les angoisses, se redéployent les énergies. Un mot conditionne le succès de l’exercice : l’écoute.

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Le Président a quinze jours pour écouter son peuple. Les temps que nous vivons secrètent de grandes détresses, de grandes souffrances. Ne peuvent les traduire fidèlement les fiches et les rapports des grands commis de l’Etat. Perdre l’écoute des gens, par les temps qui courent, c’est se déconnecter de la réalité et de la vérité du pays.
Le Président a quinze jours pour écouter ses conseillers, ses  proches collaborateurs. Si c’est la franchise qui gouverne leurs échanges, le Président aura une photographie juste et vraie du pays. Formidable avantage : le Président n’aura pas à compter avec du faux, des demi-vérités ou des contre-vérités.

Le Président a quinze jours pour s’écouter lui-même et se faire une conviction intime. A faire déboucher sur l’impérieuse nécessité de reprendre la main, à travers une initiative fondamentale. Celle qui inspirera à tous l’enthousiasme de  s’engager dans un nouveau combat, pour un nouveau départ. Il y a lieu de faire rêver les Béninois, de libérer les forces endormies, de recréer la mystique d’un Bénin à nouveau rassemblé. C’est notre hymne national qui le clame et le proclame : « Enfants du Bénin, debout!»

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