A quelque chose malheur est bon

«Accrochez-vous à la rampe ». C’est la toute première alerte à envoyer à quelqu’un pris de malaise dans les escaliers d’une maison. 

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Histoire de lui éviter une chute violente, voire fatale. Le Bénin était en pleine ascension. Son économie respirait la santé. Soudain, il décroche et plonge  dans la crise. Imaginons un nageur imprudent qui plonge dans une piscine vide. Bonjour les bobos ! Bonjour les dégâts !

L’ancien président américain, John Fitzgerald Kennedy nous rassure.  Sur la crise, nous lui devons cette formule forte et instructive (Citation) : « En chinois, le mot crise est formée de deux caractères. L’un représente le danger, l’autre l’opportunité » (Fin de citation).

Le Bénin en crise, mais armé de la volonté  d’en sortir, doit s’obliger à observer deux mouvements : prendre l’exacte mesure du danger qui le guette, d’une part ;  s’accrocher ferme à la rampe de l’escalier pour retrouver les ressources d’un sursaut salutaire, d’autre part. Personne  ne sortirait victorieux d’une crise s’il ne consentait pas à la reconnaître en vérité et en réalité. Personne ne sortirait victorieux d’une crise s’il ne se faisait pas à la philosophie selon laquelle à quelque chose malheur est bon. Nos difficultés nous instruisent. Ce sont nos meilleurs professeurs.
Comment le Bénin doit-il lire la série des contreperformances qui ont contribué à plomber son économie et à l’installer dans la récession ? Où était-il et que faisait-il au moment où les autres pays de la sous-région s’arrachaient à la stagnation et amorçaient un mouvement ascendant, expression d’une conjoncture maîtrisée ?  Rien de ce qui nous afflige n’arrive par hasard et l’avenir, à en croire Gunther Franck, n’est pas un destin aveugle.
Limitons-nous, à titre illustratif,  à trois domaines  où nous nous sommes mis en danger. Deux chiffres pour le montrer : 3% de croissance économique, surmontée du bonnet d’âne, celui du dernier de classe de l’Uemoa ; 4% de croissance démographique. Comment en sommes-nous arrivés là ?

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1-La politisation à outrance. Elle a fait de mensonge et de combines, des mots synonymes de politique. Le jeu politicien affecte l’action des institutions, fausse les rapports entre les citoyens, colore et oriente les intentions quand il s’agit de parler de Constitution ou de discuter de la Liste électorale permanente informatisée (LEPI). La politique ainsi comprise est source de méfiance, de confusion et de conflit. On tord le cou à la loi. On brade les principes. On piétine les valeurs.
2-La corruption fait, chaque jour, le pied de nez à toutes nos bonnes dispositions. Lesquelles en sont réduites à n’être que de simples caresses platoniques là où on attend de voir se mettre en branle  toute une artillerie lourde. L’impunité, c’est le trophée décerné aux propriétaires de la chose publique.
3-Même quand elles partent d’un bon sentiment, nos décisions connaissent une application piteuse et laxiste, expression d’une  préparation approximative, insuffisante. Exemple, le PVI-Nouvelle génération. Il s’en est allé depuis en eau de boudin. Un autre exemple, l’organisation en demi-teinte des 18èmes championnats d’Afrique d’athlétisme. Cinq ans pour les préparer. A peine une année d’action ou plutôt d’agitation. A l’arrivée, une copie bâclée.

Quelles opportunités  saisir à la faveur de la présente crise?

L’Etat béninois aura appris sur la filière coton en 60 jours plus qu’il n’en a su en 60 ans. Il connaît désormais nos limites et nos insuffisances. Saviez-vous, par exemple, que de tous les pays producteurs de coton de la sous-région, le Bénin est le seul à ne pas avoir sur son territoire une seule infrastructure de fabrication d’intrants agricoles ?  
Nous avons appris, par ailleurs, qu’est unijambiste, borgne ou manchot le pays qui ne sait compter que sur une seule denrée agricole. La révision de notre politique agricole est plus que jamais à l’ordre du jour. La  diversification, ici, sonne comme un impératif. Plutôt avoir plusieurs fers au feu que de miser le destin de tout un pays sur une seule denrée.

Nous avions appris, enfin, qu’une décision se mûrit. Elle doit être maîtrisée en ses tenants et aboutissants. C’est vrai pour le PVI-Nouvelle génération. Cela l’est autant pour les championnats d’Afrique d’athlétisme. A un certain niveau de responsabilité, l’amateurisme est criminel. Laissons le mot de la fin à Robert Kiyosaki : « Ce n’est pas un drame de commettre des erreurs, mais c’en est un de ne rien apprendre de nos propres erreurs »

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