Athlétisme : pour la vérité qui sauve

Finie la grand-messe de l’athlétisme. Les 18èmes championnats séniors d’Afrique ont vécu. Le Bénin, notre pays, s’est porté volontaire pour les abriter. 

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Ce qui participe d’une belle et louable ambition. Mais s’en est-il donné les moyens et a-t-il su affirmer une conscience des responsabilités à la hauteur de cet engagement ? A d’autres le bilan exhaustif de ces 18èmes championnats d’Afrique d’athlétisme. Nous nous contenterons, quant à nous, de survoler l’événement de quelques remarques et observations.

Commençons par nos résultats. Les chiffres, dans leur éloquence sèche, nous placent devant la triste réalité : le Bénin a aligné 30 athlètes. Sur les 133 médailles distribuées, or, argent et bronze confondues, le Bénin n’en a pas eu une seule. Zéro pointé. Aucun de nos athlètes n’a pu tutoyer l’une quelconque des trois marches du podium. « L’Aube nouvelle », notre hymne national, n’a pas retenti, une seule fois, pour saluer l’exploit de l’un quelconque de nos représentants. Le Bénin termine le championnat avec 13.0 points et occupe la 14ème place. A titre comparatif, l’Afrique du Sud, qui arrive en tête de la compétition par le nombre de médailles, totalise 143.5 points. Le Niger, qui ferme la marche, est crédité de 1.0 point.

Il y a lieu de nous préoccuper du niveau de notre athlétisme. Nos résultats, plutôt médiocres, ont cependant l’avantage de nous situer sur une échelle. Ils nous donnent la mesure des efforts à accomplir. Ils nous renseignent sur les réformes à engager afin de nous rapprocher des meilleurs.

Sur un autre plan, le Bénin a demandé et a obtenu l’organisation de ces 18èmes championnats séniors d’athlétisme en 2007. Ce qui lui a laissé un volant de manœuvre de cinq ans. On retient donc que nous étions volontaires pour organiser ces championnats d’Afrique. Nous n’étions ni contraints ni forcés. On retient, également, qu’en demandant à organiser ces championnats, nous nous sommes assurés que nous avons les moyens de nos ambitions. On retient encore que nous nous sommes contractuellement liés envers toute l’Afrique, ayant engagé notre signature et donné notre parole. On retient, enfin, que nous disposions de cinq ans pour nous interdire toute improvisation, toute approximation. La voie étant ainsi tracée et ainsi balisée, la destination n’aurait dû avoir qu’un seul nom : succès !

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Qu’avons-nous constaté à l’épreuve des faits ? Parler de succès serait faire preuve de complaisance. Une complaisance marquée au coin de la volonté de mentir, de travestir la réalité, de brouiller les cartes pour nous embrouiller tous. On n’aide et on n’aidera personne, notamment nos dirigeants politiques et nos instances techniques de l’athlétisme (Fédération, ligues) si l’on devait emboucher la trompette de l’imposture.

Seule la vérité affranchit et libère. Ce à quoi les Agni de la Côte d’Ivoire ajoutent : « La vérité rougit les yeux, mais ne les crève pas ». Souffrons donc de pleurer sur nos insuffisances. Elles sont nombreuses. Elles se situent à toutes les étapes de l’organisation de ces championnats. Nous avons péché contre le temps, parce que mal utilisé ou gaspillé. Nous avons eu cinq ans pour nous préparer. Pourquoi donc nous mettre à courir à perdre haleine, au dernier moment, alors que nous aurions dû avoir la sagesse de partir à point ?

Nous avons montré trop de légèreté, par ailleurs, avec notre signature et par rapport à notre parole, signature et parole par lesquelles nous nous sommes engagés devant toute l‘Afrique. En cinq ans, nous n’avons jamais inscrit l’événement au budget national. Si ce n’est pas de l’amateurisme, avouons que ça y ressemble. Le Parlement, dont l’une des attributions est de contrôler l’action gouvernementale, n’a jamais interpellé l’Exécutif pour connaître de l’état d’avancement de ce projet.

Enfin, nous nous sommes tirés d’affaire au prix de mille et un bricolages et acrobaties. Mais personne n’est dupe. Comme l’a chanté Patience Dabany, on nous connaît désormais. On nous a vus à l’œuvre : brouillons dans nos intentions, souillons dans nos réalisations. Il n’y a pas de quoi bomber le torse. Il y a lieu de nous voir dans le miroir de nos insuffisances. Avec une seule et unique intention : transformer nos travers en qualités, faire de nos faiblesses des atouts. Au total, nous n’avons à chercher ni la faute, ni des fautifs. Il nous faut trouver le remède. Absolument.

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