Coton, coton, coton…La république ne respire désormais que sous ce chorus. Partout, c’est le coton. A la radio, à la télévision et même dans les canards, c’est encore le coton.
Les reportages et les émissions relatant les tournées ministérielles sur les champs de coton, les sempiternelles rencontres entre le Chef de l’Etat et les acteurs de la filière sur le coton au palais de la Marina. Que dire aussi des communiqués dithyrambiques des conseils des ministres qui se succèdent sur la question et qui louent les efforts du gouvernement pour ressusciter la filière. Tous les ministres du gouvernement sont devenus des spécialistes du coton. D’autres se sont trouvé des talents de locuteurs en langue nationale pour expliquer dans les dialectes du pays le bien fondé des mesures prises par le gouvernement pour sauver la filière. Le Bénin devient une république «coton». Depuis 2006, le gouvernement a consenti plus d’efforts dans cette filière qu’il ne l’a fait dans les autres secteurs de l’économie nationale. Depuis, on nous a dits tout récemment le ministre Marcel de Souza, les subventions accordées à cette filière s’élèvent à 45 milliards. Mais malheureusement, la filière semble être immunisée contre les nombreuses thérapies du gouvernement, le cafouillage aidant. Chaque jour, les difficultés s’amoncellent devant le gouvernement. A chaque fois qu’il tente d’en solutionner une, une autre naît également. La dernière serait la vente des intrants distribués par des pseudo-producteurs de coton. Il a fallu là aussi toute la fourgue et la détermination, certes brouillonnes du gouvernement, pour voir la sortie progressive et lente de la traversée du désert. Quelques 350 hectares seraient ensemencés de plants de cotonniers. Moins que les montants vantés par le gouvernement il y a quelques jours. Pour le coton, le gouvernement serait prêt à tout. Même de «marcher sur des cadavres» comme l’ironise souvent un opposant. Son chef, le président Boni Yayi en a fait une obsession personnelle, une passion inouïe au point de sacrifier le jour de son hypothétique soixantième anniversaire- le 1er juillet 2012- à la visite aux producteurs de Cotonou. Ce dimanche, il a visité les champs de coton de Gogounou, N’Dali, Bembèrèkè, Kandi, Banikoara. Peut-on avoir une autre preuve de détermination et de volonté d’un Chef de l’Etat que celles là ? Pas si sûr. Mais la passion trouve son bien fondé dans l’importance de la filière pour l’économie nationale. Elle compterait pour 30% du Pib, nourrit entre 2 à 3 millions de béninois. Selon le ministre des finances Jonas Gbian, le taux de croissance monte de 1% si la production nationale atteint une augmentation de 10%. Qui dit mieux ? Seulement, les signaux internationaux ne sont pas rassurants pour l’or blanc béninois. Un reportage de Radio France internationale(Rfi) diffusé avant-hier a montré la baisse du prix du coton sur le plan internationale. Pis, le Bénin est actuellement talonné par d’autres pays de la sous région comme le Mali, le Tchad et surtout le Burkina Faso dont la filière est l’une des plus organisées sur le continent. Le Burkina expérimente le coton transgénique très rentable. Quel avenir le coton béninois peut-il avoir face à ces pays quand sa filière peine à prendre ses marques. Dans un tel contexte, il urge de regarder dans d’autres directions. Il faut privilégier les produits vivriers afin de développer une agro-industrie au Bénin. Il faut aussi envisager la promotion d’autres cultures de rente. Le Bénin ne manque de possibilités. Le palmier à huile peut aussi apporter une plus value à l’économie nationale. «Le coton ne se mange pas même s’il fait manger», dit-on souvent. Tout se passe comme si sans le coton, notre République allait tomber. Le Niger ne produit pourtant pas le coton mais son taux de croissance est e plus élevé de l’Uemoa avec 12%. Dans une période de crise comme celle qu’on vit actuellement, où les denrées alimentaires coûtent les yeux de la tête, l’accrochage au seul coton peut se révéler comme une option suicidaire. Sauf si elle remporte autre chose pour le gouvernement qu’il n’a pas encore dit au peuple.
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