Hommage de la Nouvelle Tribune à un de ses journalistes : il était une fois Ben Saïd Adjiboyrihan…

C’était le jeudi 05 juillet dernier. A peine revenu de la ville, d’une tournée habituelle, pour recouper des infos, un de mes collaborateurs se rapprocha de moi, le visage fermé, complètement vanné comme un bagnard d’une autre époque.

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 Je l’ai vu s’avancer vers moi avec la certitude de me dire quelque chose d’important.  « Red-chef, avez-vous appris la nouvelle », me demanda-t-il ? Je croyais qu’il voulait me filer un scoop. Il se rapprocha plus de moi, posa ses coudes sur mon bureau juste à côté de mon micro ordinateur et me souffla à l’oreille gauche « avez-vous appris pour Ben Saïd ? ». « Quoi, il a eu quoi ? -je le savais malade- lui demandai-je avec surprise». « Ben Saïd n’est plus », lâche-t-il dans une désolation totale. Je n’eus pas le courage de lui en demander plus pendant plus de 6 minutes. Ma vue s’assombrit, les battements de mon cœur devenaient plus intenses. Je revoyais aussitôt dans ma mémoire son dernier jour à la rédaction. Un jour où, souffrant, il nous a privés de ses rires saccadés très risibles. Je le revoyais se coucher sur des bancs à la rédaction, inapte à écrire un papier avant de rentrer plus tôt en me confiant : « Red-chef, je ne serai pas là la semaine prochaine, j’irai à Porto Novo pour me soigner ». Je le voyais partir ainsi, conscient que ce n’était qu’un mal passager et qu’il allait nous revenir avec ses rires ‘’caverneux’’. Je réalisais, le regard fixé sur le tableau en face de moi qu’on venait de perdre ‘’quelqu'un’’ d’important à la rédaction. Je me levai des minutes après et portai la triste nouvelle aux journalistes. Pourtant, la plupart le savaient bien avant moi! Et ce fut le jour le plus long à la rédaction. Le bouclage fut un exercice périlleux. Les articles peinaient à être écrits, le moral a déserté la rédaction. Ben Saïd hantait tous les articles et toutes les têtes.

Il nous était venu du campus et plus précisément du journal universitaire ‘’Le Héraut’’, comme la plupart de ses autres camarades jeunes qui, depuis 2011, donnent du sang neuf à notre rédaction. Il était devenu le plus jeune de la rédaction (24 ans) mais aussi le plus fluet. J’ai compris qu’il était de santé fragile, si fragile qu’il ne fallait pas le mettre au même régime que les autres. Après son temps de stage- dans la rubrique « politique et Actualité »- et de titularisation, il fut affecté dans la rubrique « Société ».  Ce travail, il l’a fait avec beaucoup de volonté et de cœur, bien que qu’il fût souvent réprimandé par le Dp pour quelques coquilles et perles qui se glissaient dans ses papiers. Il s’était fait singulièrement remarqué par ses « Oui mon Dp», « Oui mon Dr » qu’il répondait  chaque fois que le Directeur de Publication (Dp) ou le Directeur de la rédaction dernier l’appelait dans leur bureau.

Homme de culture, il était tellement friand de l’émission « Questions pour un champion » sur Tv5 et raffolait des jeux et des émissions de culture générale.

Il rêvait d’être un brillant et célèbre journaliste. Son rêve s’est arrêté hélas ce mardi  03 juillet. Un mal anodin a eu raison de lui sur son lit d’hôpital  alors qu’il se sentait mieux que les premiers jours où il a été admis.
A ce jeune journaliste très volontaire, affable, comique et parfois ombrageux, à ce yoruba sans frontière, toute  la rédaction du journal La Nouvelle Tribune lui rend un vibrant hommage. Et qu’il repose en paix dans sa terre paternelle de Sakété.

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