Le plasticien Alphonse Yémadjè a tiré sa révérence

L’artiste béninois Alphonse Yèmadjè, une des figures de l’art plastique, a rendu l’âme le vendredi 29 juin 2012 à l’âge de 96 ans, des suites d’une longue maladie qui a malheureusement eu raison de lui dans son lit d’hôpital au Centre hospitalier et universitaire (Cnhu) Hubert Koutoukou Maga à Cotonou.

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Le Bénin pleure depuis quatre semaines, la disparition de l’un de ses fils qui s’est illustré des années durant, dans le secteur des arts plastiques tant sur le plan national qu’international. 96 ans, Alphonse Yémadjè n’est plus. Son décès est survenu le vendredi 29 juin 2012 au Centre hospitalier et universitaire (Cnhu) Hubert Koutoukou Maga de Cotonou. Rencontré, un de ses neuf fils nous parle de ce talentueux artiste de la cité historique d’Abomey.
«Trop discret dans son pays le Bénin, Alphonse Yémadjè est très connu dans le monde de par ses toiles. Descendant direct des artisans royaux d’Abomey, Alphonse Yémadjè s’est invité dans l’arène des toiles d’Abomey dès son jeune âge aux côtés de son géniteur Hêmadou Yémadjè.

Les tapisseries (les appliqués) en général constituent en fait, des éléments fondamentaux dans la culture Fon. Elles commémorent des événements majeurs et servent d’appui à tous ceux qui, faisant recours à la tradition orale, tiennent à garder vivante la mémoire collective. Ainsi, après quelques années à Abomey, l’artiste finit par s’installer  à Cotonou en 1942.

Diplôme d’honneur à la foire de l’indépendance, Cotonou 1974

Très attaché à ses origines, Alphonse Yémadjè a eu son heure de gloire quand, suivant les conseils de M. Chevalier, un responsable de l’Office national de l’artisanat et de l’hôtellerie (Onatho),  actuel Centre de promotion de l’artisanat (Cpa), il reprit la tradition ancestrale des cotons tissés, alors que les tissus importés (les «Boussac ») s’étaient imposés dans l’artisanat des «appliqués». L’artiste reçoit le diplôme d’honneur de la foire de l’Indépendance de Cotonou en 1974 sous le Général Mathieu Kérékou.
La qualité de ses tableaux et la finesse de son travail lui ont permis d’être repéré par Dominique Mondoloni, Directeur de l’Opération lecture publique au Bénin dans les années 1994 pour un projet relatif à l’illustration des Fables de la Fontaine. C’était dans le cadre de la commémoration du tricentenaire de la mort du grand fabuliste Jean de la Fontaine en France en 1995. La vingtaine de tableaux réalisés interprètent un dialogue culturel entre l’œuvre du fabuliste français et l’imaginaire de l’artiste béninois. Le chef-d’œuvre fit le tour de la France et du monde.

Des toiles d’Alphonse Yémadjè dans des musés d’Europe

Plusieurs expositions ont été réalisées et ont connu un grand succès dans des universités, écoles et centres de loisirs français. Les appliqués d’Alphonse Yémadjè figurent en bonne place dans plusieurs musées dans le monde. Entre autres, le musée de l’Homme à Paris et celui de Brasilia.
Les toiles de ce béninois toujours inspiré par la culture de sa terre natale ont suscité l’admiration des diverses délégations présentes à Cotonou en 1995 lors du 6ème Sommet de la Francophonie. Celles-ci sont reparties dans leur pays respectif avec les portfolios des appliqués des fables.
En reconnaissance aux loyaux services rendus à la nation, Alphonse Yémadjè a été élevé au grade de Chevallier de l’Ordre du mérite du Bénin par le Président Nicéphore Soglo en décembre 1995.

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Béninois mais un tirailleur sénégalais dans l’armée française

Avant de se consacrer définitivement à l’art plastique, Alphonse Yémadjè était d’abord aux côtés de l’Armée française comme «Tirailleur sénégalais » avec qui, il a participé à plusieurs opérations de guerre dont  celle de 1946 en Indochine. De même, l’Ancien combattant de l’armée française a pris part à la sanglante bataille de Diên Biên Phu qui a vu la défaite de la France en 1954. Alphonse Yémadjè, a aussi participé aux opérations de maintien de paix en Algérie et ceci, pendant plusieurs années. Il est détenteur de la médaille commémorative de la guerre d’Indochine, de la médaille coloniale, celle des volontaires et enfin la médaille commémorative de la guerre d’Algérie. Que la terre lui soit légère.

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