La dernière visite du président Boni Yayi en Turquie a livré à la face du monde la tendance à la prodigalité du Chef de l’Etat. Bien qu’il ait proclamé l’échec économique du Bénin, il n’a pu s’empêcher d‘effectuer une visite officielle très pompeuse en Turquie avec un effectif pléthorique.
Combien faut-il de membres dans une délégation officielle ? Aucun texte de la république ne couvre ce domaine. Le nombre dépend aussi bien des spécificités, des enjeux de chaque voyage mais aussi du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat qui est libre de choisir qui il veut dans sa délégation. Seulement voilà, tout ceci doit tenir compte des réalités et surtout des moyens du pays. Mais le Chef de l’Etat ne semble pas trop se soucier des caisses de l’Etat. Lors de ce dernier voyage en Turquie, la délégation officielle était composée de 32 personnes. Le Chef de l’Etat ne peut pas voyager seul, dira-t-on. Ni avec quatre ou cinq personnes. Mais dans une période de si grande crise où la plupart des béninois ont du mal à avoir le pain quotidien, il paraît bien indécent pour un président de voyager avec autant de personnes. Et pour cause, en regardant de près cette liste, on peut y voir des présences dont on pouvait bien s’en passer. Sur les 32 officiellement retenus, on peut voir trois ministres, des collaborateurs directs du Chef de l’Etat mais aussi des cadres du ministère des affaires étrangères. Le Chef de l’Etat a voyagé avec deux médecins dont un chinois, un majordome, un maître d’hôtel et un cuisinier. La sécurité compte trois personnes sans oublier l’aide de camp. Il avait aussi un responsable de la logistique, un interprète, un assistant et un chef du protocole. Au total 13 personnes étaient au service du Chef de l’Etat seul. Trois personnes proviennent de l’ambassade du Bénin en France. Honnêtement, on pouvait bien réduire cet effectif superflu. Au cours d’un voyage qui a duré au plus trois jours, était-il important de déplacer deux médecins, deux cuisiniers, un majordome et autre ? Etait-il important de déplacer trois personnes de l’ambassade du Bénin en France alors qu’ils ont mieux à faire en France ? On a vu des présidents voyager avec 200 personnes, autant on en a vu avec moins de dix ou parfois une vingtaine au plus. Le Bénin doit faire la politique de ses moyens. Et à une période d’aussi grande crise, la réduction du train de vie de l’Etat devient presque une nécessité. Si non, personne ne croira à la bonne foi du président Yayi.