Invité de l’émission matinale «Actu Matin» de la chaine de télévision Canal 3 Bénin, Serge Prince Agbodjan, juriste des affaires, s’est prononcé sur l’opportunité du forum économique national annoncé par le chef de l’Etat.
Opportunité. Il y a quelques jours, le chef de l’Etat annonçait aux importateurs qu’il a reçu au Palais de la présidence l’organisation d’un forum économique. La rencontre permettra de discuter des problèmes économiques que connait le Bénin. Des voix s’élèvent pour apprécier l’opportunité de ce forum. C’est l’exercice auquel s’est adonné sur le plateau de l’émission matinale «Actu matin», de la chaine de télévision privée Canal 3 Bénin, le béninois Serge Prince Agbodjan, juriste des affaires. «Lorsque notre pouvoir décide de discuter avec les opérateurs économiques, les citoyens, on ne peut pas s’y opposer. C’est une bonne chose», c’est par cette phrase qu’il a introduit sa position sur l’idée d’un forum économique national. Il explique que le Bénin «s’est retrouvé dans une situation où les indicateurs, les informations que nous recevons ne lui permettent pas de se retrouver dans les rangs» sur le plan économique. Une chose qui ne date pas de maintenant, selon lui. «On a laissé s’envenimer la situation et on s’est retrouvé au pied du mur», a-t-il déploré. Avant d’enchainer que dans tous les classements, le Bénin est mal placé. Et si l’Etat choisi de discuter avec les opérateurs économiques pour voir les solutions possibles, «l’opportunité d’un forum est alors pertinent.»
Répétition. Du déjà vu. Serge Prince Agbodjan rappelle qu’avec le pouvoir en place, on a vécu des fora parallèles. Il a pris à témoin l’histoire. Les 12 et 13 février 2007, un forum a été organisé sur les opportunités d’affaires entre le Bénin et le Nigeria. Un an après, le gouvernement a mis sur pied par le décret n°2859 du 13 juillet 2008 un autre groupe de réflexion dirigé par feu Adjaho. «Ce groupe a déposé un rapport qui propose une fiscalité de développement», a-t-il renseigné. Il explique que l’objectif stratégique qui a été mis dans ce rapport est de promouvoir une fiscalité « juste et équitable ». Il s’agit pour le Bénin de mettre en place un mécanisme simple de redressement fiscal. Enfin, du 15 au 17 décembre 2009, le Haut commissariat à la gouvernance concertée (Hcgc) a organisé un autre forum. Les partenaires sociaux et le gouvernement s’y sont retrouvés pour discuter. Pour cela, Prince avance qu’on ne va pas discuter tout le temps. «Nous n’avons pas besoin de discuter pour savoir ce qui ne va pas. On a besoin de prendre des décisions pour avancer. Un forum pour parler de tous nos problèmes, je ne crois pas que c’est cela qu’il faut.»
Contexte. Si Prince soutient que l’idée d’un forum économique parait opportune, il pense dans le même temps que le contexte ne s’y prête pas. Il s’est justifié par la situation actuelle de certaines « institutions de partenaires sociaux » et la relation de crise entre certains opérateurs économiques et le gouvernement. «La Chambre de commerce et d’industrie (Ccib) est dirigée par un bureau transitoire. Et en cas de forum, quelle est la légitimité de ceux qui vont représenter les opérateurs économiques », s’est-il interrogé. Avant d’ajouter : «Au niveau du patronat, les deux premiers responsables ont des problèmes avec le pays à travers leurs structures. Comment voulez-vous qu’ils soient sereins pour discuter?» Au vu de cela, Serge Prince Agbodjan souhaite que le gouvernement rassure les opérateurs économiques. La confiance doit renaitre entre les deux parties. Cependant, «ce ne sont pas les discours du gouvernement qui vont rassurer les investisseurs. Mais il faut des signaux.»
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