Après la décision de la Cour d’appel de Cotonou, les réactions des uns et des autres ne se sont pas fait attendre. Alors que l’avocat du camp Anjorin n’exclut pas un recours en cassation, dans le camp Attolou se dit prêt à faire des concessions.
«On attend d’avoir la minute». Ainsi s’est fendu, hier au téléphone, Victorien Attolou reconnu comme Président de la Fédération béninoise de football (Fbf) par la justice béninoise. C’est cet acte qui conditionne la prise de service du nouveau président de la Fbf. «Si on a la minute, on va investir les locaux de la Fédération», car, «n’attendez pas que Anjorin Moucharaf convoque une séance ou fasse une cérémonie de passation de service». Ainsi, de gré ou de force, Attolou et son bureau prendront service. Le reste ce n’est qu’une question de temps même si l’épée de Damoclès de la Fédération internationale de football association (Fifa) plane sur le Bénin. En effet, la Fifa aurait adressé une note de mise en garde à l’Etat béninois. La note faxée jeudi dernier à un quotidien de la place qui s’est chargé de le transmettre à certains de ses confrères portait la signature de Anjorin qui demandait d’en faire bon usage. Dans la note, il est stipulé que la Fifa suit de prês le Bénin et qu’elle va le suspendre si on tente de faire partir le comité exécutif dirigé par Anjorin Moucharaf. Sans nier l’existence d’une telle note, Attolou précise que «la Fifa est une institution digne, respectable et qu’elle n’est pas un épouvantail comme des gens veulent le démontrer», avant de rassurer qu’«il n’y a pas à craindre une suspension du Bénin, la Fifa saura à quoi s’en tenir». «Le jeu auquel se livrent des compatriotes en mettant à mal la crédibilité de la Fifa va s’arrêter», ajoute le désormais président. Il confie que la Fifa «sait que les problèmes internes aux Fédérations se règlent à l’interne par le tribunal arbitral». A la date où l’affaire est portée devant le tribunal de première instance de Porto-Novo, ce tribunal n’existait pas. Situation identique quand le juge de Porto-Novo rendait son verdict. C’est seulement après ce verdict que les membres du comité se sont empressés de mettre en place le tribunal arbitral avant de faire appel de la décision. «Alors, quelle est l’instance qui va régler la crise à la Fbf?», s’interroge Attolou.
De l’autre côté, l’avocat de Anjorin Moucharaf, Maître Rafiou Paraïzo assure que son client se doit de respecter cette décision de la Cour d’appel de Cotonou même s’il n’exclut pas un recours en cassation à la Cour suprême.
«C’est la victoire du football béninois»
Résolu et déjà prêt pour ses nouvelles responsabilités, Victorien Attolou martèle qu’ «il ne s’agit pas d’une victoire d’un camp sur l’autre mais de la victoire du football béninois». Par ailleurs, le nouveau locataire de la Fbf s’engage d’ores et déjà à faire des compromis. A l’en croire, on ne peut pas parler de football au Bénin sans Maturin Dechacus, président des Dragons de l’Ouémé, El Hadj Oussou-Saka, fondateur du club Association sportive Oussou Saka, Magloire Oké Président de l’Union sportive de Sèmè-Kraké et autres. «Nous ne sommes pas seuls, il y a beaucoup qui voulaient que les choses changent mais qui n’ont pas osé prendre les devants», conclut-il comme pour confirmer que le football, c’est l’affaire de tout le monde.Toutes les tentatives pour joindre Anjorin ou un membre influent de son burau ont été vaine.
Deux avocats se prononcent
La crise qui secoue le football béninoise depuis le 20 décembre 2010 a connu un nouveau rebondissement avec la décision de la Cour d’Appel de Cotonou du 12 juillet dernier qui déboute le président Anjorin Moucharafou. A propos de cette décision, deux avocats ont donné, samedi dernier sur la chaîne de télévision nationale, leur point de vue.
Le 12 juillet 2012, la Cour d’Appel de Cotonou a rendu une décision au sujet de la crise qui secoue depuis le 20 décembre 2010 la Fédération béninoise de football (Fbf) en déboutant le président Anjorin Moucharafou et en reconnaissant le bureau de Victorien Attolou issu de l’ assemblée générale du 04 février 2011. A propos de cette décision, deux avocats à savoir maîtres Patrick Tchiakpè et Fulbert Gbéhanzin ont donné, samedi dernier sur la chaîne de la télévision nationale dans l’émission sportive, leur avis. Selon maitre Tchiakpè, « les gens crient et n’apportent rien au football béninois » et que «la décision est d’application territoriale. Il a déclaré que «Anjorin Moucharafou a l’obligation de respecter la décision ». Quant à Maître Fulbert Gbéhanzin, il a affirmé qu’une décision rendue par les juridictions nationales doit, en état, être appliquée et maître Tchiakpè de renchérir : « moi, je n’accepterai jamais qu’on n’applique pas une décision de la justice béninoise…. Il faut que les deux camps exécutent d’abord la décision de justice ». Maître Gbéhanzin, a fait signifier que « la qualité d’un Etat de droit s’applique par le respect de la décision de justice.Tout refus de s’exécuter est une infraction». Il a également dit que le respect de la décision incombe aussi bien au gouvernement qu’à la force publique. Selon lui, il y a deux sortes d’exécution à savoir : l’exécution volontaire et l’exécution forcée (assistance de la force publique). D’autres voies de recours s’offrent aux perdants selon les deux avocats. Il s’agit pour ces perdants de se pourvoir en cassation mais il n’est pas suspensif de l’application de la décision de justice. Concernant la non installation du Tribunal arbitral du sport à la Fédération béninoise de football (Fbf) , Maître Gbéhanzin a déploré que «tous les présidents de la Fbf et les ministres des sports n’ ont rien fait pour l’installer » car pour lui , «les litiges et les crises se règlent par diktat soit par le ministre soit par la Fédération en l’absence du Tribunal arbitral du sport à la Fédération » et maitre Tchiakpè d’ajouter que « cela témoigne de la manière dont on a géré le football ».
Roland Affanou