Sébastien Boko et Léonard Cosme Totchémètchého alias Totché sont tous deux plasticiens de nationalité béninoise.
Avec huit autres collègues aussi béninois, ils ont pris part en juin dernier, à la première session de résidence sur le nouveau site de l’Association Ayizo, «Unik-lieu de création contemporaine» à Abomey. Un espace créé dans le but «d’accompagner le travail des artistes vers une professionnalisation toujours plus accrue, à travers des activités de soutien à la création et de formation». De retour à Cotonou, ils parlent ici, du contenu de la formation et de son intérêt pour leur carrière.
L’exploitation des valeurs de la tradition béninoise dans l’art
Sébastien: Il s’est agi d’une résidence de formation qui a duré deux semaines. Cette formation nous a permis de côtoyer de grands artistes et des professeurs d’art et historiens, des gens qui connaissent assez de choses dans notre tradition. Il arrive que nous artistes plasticiens, on intègre des objets traditionnels dans nos œuvres. On nous a expliqué la signification exacte de ces objets dans notre tradition. C’était avec Gabin Djimassè. Il est conservateur des Palais royaux d’Abomey.
Le volet réalisation plastique a été assuré par Dominique Zinkpè, célèbre plasticien béninois et Président de l’Association Ayizo. Il nous a parlé de l’art visuel et de comment on pourra utiliser nos valeurs traditionnelles pour faire notre art ; comment ne pas faire de l’art pour plaire forcement aux occidentaux mais pour intéresser notre population d’ici. La troisième chose, c’est la présence du professeur Joseph Adandé, historien en art à l’Université d’Abomey-Calavi. Il est venu nous parler de l’art également.
Ce projet, déjà par sa première session, nous a permis d’acquérir de nouvelles notions indispensables pour une carrière professionnelle dans l’art plastique, toutes disciplines confondues. Sans ce projet, si je devais me battre seul pour accéder à ces enseignements, j’y parviendrai certes, mais ça va prendre encore beaucoup plus de temps.
L’ambiance entre artistes
Toché: C’est toujours intéressant quand on croise ses idées avec celles d’autres créateurs. Il y a généralement le fait qu’on ne s’entend pas. Et là, ça m’intéresse. Car, c’est en cela que je vois la créativité de chacun. Chacun à ses idées qu’il défend dans son monde artistique propre à lui. Sur des idées, chacun en tant que créateur doit donner son avis qui n’est pas forcément celui d’un autre confrère. Toutefois, on ne se chamaille pas.
La seconde phase démarre le 29 juillet
Toché : Le 29 prochain, nous allons aborder la deuxième phase de la résidence. Nous allons approfondir les notions reçues lors la première session. Selon le calendrier établi, à la fin de cette session qui démarre le 29 juillet, les projets doivent être déjà conçus et visuels. La troisième phase sera la promotion des œuvres réalisées. Nous recevrons des petites techniques dont comment situer une œuvre dans un environnement, comment rendre un espace d’exposition adéquat aux œuvres pour qu’elles soient bien présentées. Plusieurs choses que ces professeurs et artistes de renom nous enseigneront. Ils sont là pour voir ce qu’ils peuvent apporter à nos idées ou à nos créations.
Reconnaissance à Zinkpè
Sébastien : Je remercie beaucoup le Président de l’Association Ayizo, Dominique Zinkpè qui se bat énormément pour l’émergence de nous jeunes artistes. Par exemple, cette formation sur l’utilisation appropriée des objets de la tradition dans les œuvres, beaucoup d’entre nous le faisaient sans comprendre grand chose de la signification exacte. Je ne dis pas qu’on était dans l’ignorance totale. La formation nous a éclairés, davantage. C’est pour de pareilles occasions entre autres, que Zinkpè a créé «Unik», cet espace culturel qui pourra accueillir des artistes de plusieurs disciplines notamment de l’art visuel. Il a vraiment le souci de préparer la relève dans le domaine des arts plastiques.
Propos recueillis par Blaise Ahouansè
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