Zone Franche : Dieudonné Lokossou commente l’actualité

Dieudonné Lokossou, Secrétaire générale de la Confédération des syndicats autonomes (Csa) était l’invité de l’émission « Zone Franche » de la chaine privée de télévision ce dimanche. Compte rendu.

«Il faut qu’on fonctionne sur des bases rationnelles…»

Le 1er mai dernier, certaines centrales syndicales, notamment la Csa, ont boycotté la traditionnelle cérémonie de remise de cahiers de doléances au ministre de la Fonction publique. Sur zone Franche hier, Dieudonné Lokossou est revenu sur la raison de ce boycott. Il déplore le fait que les cahiers de doléances déposés ne connaissent pas de suite. «Quand les cahiers de doléances se ferment, il faut attendre encore dans un an, à la même occasion, pour qu’ils s’ouvrent à nouveau. «Sous le régime Kérékou, au moins on vous appelle pour discuter. Maintenant, c’est la même litanie qui se termine par des orgies.» Il suggère que gouvernement et syndicats fonctionnent sur des bases rationnelles. Mais le dialogue social est  en panne depuis plusieurs mois. Dieudonné Lokossou informe : « La dernière rencontre gouvernement-syndicats dans le cadre du dialogue social remonte à quatre mois.»  Il précise que «depuis le 04 avril, nous avons saisi le gouvernement pour discuter de la question des enseignants. Depuis, rien. C’est le gouvernement qui doit convoquer la séance. S’il ne le fait pas, les centrales ne peuvent rien.» Pourtant, les enseignants menacent de perturber la prochaine rentrée académique si le pouvoir ne se penche sur leur revendication. Qui a conduit à plusieurs semaines de paralysie dans le secteur éducatif dans le premier trimestre de l’année en cours. Il s’agit du rétablissement de la prime d’incitation à la fonction enseignante.  Cette prime a, en effet, disparu avec la décision du gouvernement de relever de 1,25 le point indiciaire du traitement salarial de tous les agents de l’Etat. Autre crise en vue, les sociétés d’Etat connaitront aussi une perturbation si le gouvernement ne revoit pas son idée de suspendre les primes et accessoires de salaires des agents de ses sociétés. A ce propos, le Secrétaire général de la Csa fustige : «On ne peut pas se lever, sans aucune étude, et décider au mépris des conventions, de supprimer les primes et accessoires de salaires.» Il annonce qu’il y a des concertations en cours pour «faire bloque à ce projet du gouvernement.»

Doubler le Smig…

Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) est de 31 625 au Bénin. Lokossou annonce que des discussions ont été engagées avec le patronat pour qu’il soit relevé. «Si possible doubler» Il suggère que le gouvernement s’y implique. Selon lui, l’Exécutif doit aussi encourager la bourgeoisie nationale. Il fait ici allusion au «harcèlement fiscal» dont  seraient victime certains entrepreneurs nationaux. Le cas le plus en vue étant celui de la société Cajaf Comon de Sebastien Ajavon, Lokossou affirme que le redressement fiscal qui est affligé  à cette société est un record depuis l’indépendance. Avant de manifester son inquiétude: «On a des problèmes partout. Coton, intrants et maintenant, c’est le harcèlement des créateurs d’emplois.» «On promeut, poursuit-il, la destination Bénin. Mais il faut un environnement juridique qui rassure les gens. On ne peut détruire les nationaux et chercher à faire venir d’autres. Les opérateurs économiques se parlent entre eux. Et si le forum économique nationale annoncée par le président Yayi connaitra le même sort que bien d’autres fora, «ce n’est pas la peine de l’organiser». Pour ce qui est de la dictature de développement que le chef de l’Etat veut désormais adopter comme idéologie de gouvernance, Lokossou a une position tranchée : «Aucune dictature ne fonctionne. On ne fait pas le bonheur d’un peuple à sa place». Il fait remarquer que l’un des facteurs qui pourraient expliquer les maux du régime actuel, est qu’on est passé à la Refondation sans avoir fait le bilan du Changement. 

Pêle-mêle

Concernant la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), Lokossou affirme qu’elle a créée plus de problèmes que la liste manuelle. Pour sa correction, il faut des techniciens neutres. Dans un autre registre, Il n’est pas d’accord avec le gouvernement d’union nationale que Yayi veut former, selon la  presse. Il s’insurge contre cela en ces termes: «on me parle de gouvernement d’union nationale. On est en guerre? Quelqu’un qui a gagné les élections de manière transparente, doit assumer. Il faut qu’on situe demain les responsabilités.» Pour l’exclusion dont font objet les handicapés lors des concours d’entrée à la fonction publique, il soutient que «les handicapés ont aussi droit de profiter de la richesse nationale.»

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