Candide Azannaï ou l’expression excessive d’une audace

Les propos tenus par le député Candide Azannaï ce dimanche sur le plateau de l’émission Zone de Canal 3 Bénin le font passer pour un audacieux. Qui en a, selon certains observateurs fait de trop.

Après le chef de l’Etat, c’est, sans doute, Candide Azannaï qui fera le buzz médiatique dans les jours à venir. Le passage sur l’émission dominicale Zone Franche de la chaîne privée de télévision Canal 3 Bénin, suscite encore des commentaires. Ce qui retient l’attention quand on revisite les propos du président du parti ‘’Restaurer l’Espoir’’, membre des Force Cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), la famille politique du chef de l’Etat, ce sont les leçons que la classe politique, notamment l’opposition (voir humeur du temps à la page 10) et surtout la mouvance présidentielle peuvent en tirer. Cette mouvance, qui en réaction à l’entretien du chef de l’Etat du 1er aout, s’est adonnée à une vague d’attaques de l’opposition, de justification et d’interprétation (pour y trouver des excuses) des propos tenus par Boni Yayi. Azannaï enseigne à « ses amis » de la mouvance que l’appartenance, à la même famille politique n’exclut pas la diversité de pensée. Elle n’exclut pas qu’on puisse reconnaitre que le chef de famille a péché lorsqu’il a tenu des propos comme ceux de Yayi le 1er aout dernier. Il a été audacieux. Azannaï est le seul membre de la majorité présidentielle à condamner, et ce avec véhémence, l’entretien de Boni Yayi. Le contraire et dire « non » au chef sur un plateau de télévision dans le style utilisé par Azannaï.

Du tac au tac

Tout au long de l’émission de ce dimanche, il n’a pas fait de cadeau au chef de l’Etat. Il l’aura même plombé sur certains dossiers. Le 1er août, le président Boni Yayi faisait allusion à Talon comme quelqu’un avec qui il n’a aucune relation particulière. Azannaï a révélé que «Yayi et Talon venaient chez lui au bureau.» Le président Yayi a vanté la fiabilité de la Lépi, Azannaï a affirmé que « la Lépi est du pipo». Voulant se dédouaner du dossier Pvi, Yayi a longuement démontré le 1er août qu’il a signé le décret sans avoir connaissance du contenu du contrat. Azannaï qualifie cela de «théâtralisation». Le 1er août, le chef de l’Etat a expliqué le rang actuel (dernier) du Bénin dans l’espace Uemoa par trois raisons fondamentales. Il a évoqué le fait que le Bénin ne dispose pas de ressources dans sous-sol, la crise financière et l’inexploitation des opportunités qu’offre la proximité du pays avec le Nigéria. « Les arguments avancés par le chef de l’Etat pour justifier notre rang de dernier dans l’espace Uemoa sont biaisés», a rétorqué Azannaï. Concernant une certaine menace de déstabilisation en préparation par des opérateurs économiques avec l’appui des partis politiques et des syndicats évoqués la semaine dernière par un communiqué du ministère de l’intérieur, Azannaï trouve que c’est une manœuvre pour diriger par la peur et «des arguments inventés pour servir de prétexte à l’asphyxie de l’Etat de droit.» Sur le dossier Pvi, Candide Azannaï a qualifié tout ce qui se passe de théâtralisation» du gouvernement. Et comme pour afficher sans confusion sa position, Il a martelé que, « l’entretien est mauvais, dommageable, et dangereux pour la république et plus grave il est fait un 1er aout.»

Trop loin ?

Trop loin, Azannaï l’aura été. Ses propos sont jusque là les plus virulents qu’une personnalité politique ait tenus à l’égard du président de la République depuis sa réélection pour un second mandat en mars 2011. La réponse des partis et alliances politiques de l’opposition que sont l’Union fait la nation, l’alliance Abt et le Prd n’a pas été aussi acerbe et forte. Azannaï a simplement mis les pieds dans les plats. Son péché réside dans l’effet qu’auront ses propos sur l’image à l’extérieur surtout du président Boni Yayi, de surcroît président en exercice de l’Union africaine. Ce dimanche sur le plateau de zone Franche, le ton de candide Azannaï n’était pas courtois envers le président de la République. Tantôt des interpellations, tantôt des sermons, tantôt des mises en garde. On se demande s’il ne pouvait pas faire les mêmes déclarations en utilisant un langage plus courtois, avec plus de déférence. Le chef de l’Etat, une institution comme lui même l’a reconnue incarne, en dépit de tout, l’autorité de l’Etat. Seulement, Azannaï est devenu depuis ce dimanche le fou du roi. Candide Azannaï ou l’expression excessive d’une audace.

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