La triste nouvelle est tombée dans la matinée de ce Jeudi. Guy Landry Hazoumè, ancien ministre béninois des Affaires étrangères est décédé à Cotonou, la capitale économique pays, dans la nuit du mardi au mercredi dernier à l’âge de 72 ans.
Selon des sources proches de sa famille, son décès est survenu suite à un malaise qui a causé son évacuation dans une clinique privée de la capitale économique puis au Centre national hospitalier universitaire (Cnhu) Hubert Koutoukou Maga. Diplomate de carrière, Guy Landry Hazoumè a été ministre béninois des Affaires étrangères pendant un peu plus de deux ans (du 14 mars 1987 au 05 juillet 1989) sous le régime de Prpb, encore appelé période évolutionnaire. Pour certains observateurs, le Bénin vient de perdre « un grand diplomate doublé d’un intellectuel.» Il est, en effet, auteur de plusieurs publications dans le domaine des Sciences politiques. Son ouvrage le plus connu est Idéologies Tribalistes et Nations en Afrique : le Cas Dahoméen ; un livre de 230 pages publié en 1972 aux éditions Présence africaine.
Un militant aussi
Guy Landry Hazoumè est né en 1940 au Gabon d’un père qui travaillait dans l’administration coloniale. Dans son parcours académique, il a pris part le collège Victor Ballo, une pépinière des cadres béninois de l’époque, aujourd’hui Lycée Béhanzin. Parmi ses condisciples, il y a entre autres le «célèbre philosophe» Paulin Hountondji et le regretté Pascal Fantodji, ancien premier Secrétaire du Parti communiste du Bénin (Pcb). Guy Landry Hazoumè a milité dans la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf) et dans l’Union générale des élèves et étudiants dahoméens (Ugeed).
Léonce Gamaï
C’était un « honnête homme » !
Guy Landry Hazoumè qui vient de s’éteindre brutalement à l’âge de 72 ans était un intellectuel au sens plein du terme, de la lignée des grands que notre pays a formés. Son livre, Idéologies tribalistes et Nation en Afrique :le cas dahoméen paru en 1972, a eu le même retentissement ou presque auprès de l’intelligentsia africaine que les chefs d’œuvre sur la philosophie africaine du Professeur Paulin Hountondji et Négritude et Négrologues de Stanislas Spéro Adotévi. Ces dernières années , il s’activait à la rédaction d’un autre ouvrage dans la continuité du premier, inspiré par les expériences des années 90.Il se désolait de la résurgence sous une forme plus perfide des idéologies tribalistes sous le vernis des systèmes démocratiques issus des conférences nationales des années 90.C’est d’ailleurs le sujet de l’article qu’il a fait paraître dans l’édition du 03 avril 2011 de notre quotidien sous le titre évocateur d’une brûlante actualité: Les élections en Afrique : une Démocratie de spectacle que nous nous faisons le plaisir de publier à nouveau ce jour, en guise d’hommage à l’illustre disparu(pp6 ,7et 12). Le destin de cet homme de gauche qui a milité dans la défunte Féanf,(fédération des étudiants d’Afrique Noire en France )paraît pour le moins singulier. Diplomate de carrière, il n’a pu s’empêcher de se faire nommer, après moult péripéties, Ministre des Affaires étrangères, pour un peu plus de deux ans(du 14 mars 1987 au 05 juillet 1989), à un moment où le régime pseudo révolutionnaire s’essoufflait. Trop honnête pour rebondir comme ces démocrates de la 25è heure qui peuplent la faune politique et qui ont su « retourner leur veste du bon côté au bon moment »,Guy-Landry s’était retiré du monde tumultueux de la politique et vivait quasi reclus dans sa modeste résidence du Quartier Fidjrossè sur la Route des pêches, quand il n’est pas invité à des séminaires et colloques à l’étranger .Oui ! c’était un honnête homme, tel que l’entendaient les philosophes du 17ème siècle. Ces derniers temps, il se désolait aussi de la manière dont le pays était géré et s’affairait avec un groupe d’anciens camarades de l’ancienne gauche démocratique à la création d’un cercle de réflexion pour dire non au retour de la dictature. Mais le destin en a décidé autrement depuis hier. Dors dans la paix des Braves, cher ami!
Vincent FOLY
A la demande de plusieurs internautes, nous publions le cv in extenso de l'ambassadeur G LHazoumè que nous avons pu obtenir de sources proches de la famille éplorée.A l'occasion des obsèques prévues dans les tout prochains jours, nous publierons des témoignages de ses proches et camarades du mouvement démocratique des années 60 et 70.!
Bonne réception
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