Le sport béninois : le choix de l’avenir

Vous avez dit Jeux olympiques ? Le Bénin y était. Il a marqué de sa présence l’édition 2012 à Londres qui vient de prendre fin. Cinq compatriotes portaient nos espoirs : Jacob Gnahui pour le judo, Mathieu Gnanligo et Odile Ahouanwanou pour l’athlétisme, Wilfrid Tévoèdjrè  pour la natation et Shafiq Chitou pour la boxe.

 Aucun de nos cinq porte-drapeaux n’a réussi ni à faire flotter le drapeau national dans le ciel londonien ni à faire retentir l’hymne national.

Zéro médailles. Nous avons  traversé le ciel des Jeux olympiques comme des météores. Pas de traces. Pas d’impact. Ce n’était pas le cas des Sénégalais, des Maliens, des Gabonais, des Kényans, des Sud-Africains, des Ougandais, des Ethiopiens et autres Nigérians.  Ils étaient au cœur de l’événement. Ils étaient en phase avec l’un des plus grands et des plus marquants rendez-vous sportifs planétaires.

Nos compatriotes confesseront humblement qu’ils n’ont jamais entendu les noms de nos cinq représentants à Londres. Qu’on ne s’attende pas qu’ils les connaissent. A plus forte raison, qu’ils attendent d’eux des exploits qui les signalent à l’attention universelle.

Tout cela, pour conclure à l’anémie, à la faiblesse du sport au Bénin, toutes disciplines confondues. C’est la déconfiture sur toute la ligne : du football, notre sport-roi à la boxe où nous brillions naguère. C’est la faillite complète : des arts martiaux, alors crédités de quelques succès à l’athlétisme où nous n’avons pas pu briller sur nos propres installations. C’était lors des 18èmes championnats d’Afrique.

Il faut dramatiquement prendre la mesure de cette banqueroute.  C’est la bérézina, synonyme d’échec total. C’est à se demander ce que font les ligues et leurs différentes  fédérations. C’est à s’interroger sur l’utilité d’un ministère comme celui des Sports. Au vu de nos piètres résultats, les structures en charge de la gestion de notre sport donnent l’impression que nous tournons en rond, que nous résonnons comme des tonneaux  vides.

Qu’on ne nous parle ni de « Journées de réflexion » ni des « Etats généraux du sport », ni du « Forum national du sport ». Nous avons déjà tout essayé. Ce sont là autant de variantes d’une seule et même triste réalité : beaucoup de bavardage, avec beaucoup de commissions,  consignant  dans beaucoup de rapports, beaucoup de résolutions et recommandations, mais pour rien.

Nous sommes riches en réformes sportives. Mais nous sommes sportivement  pauvres par défaut d’exécuter ces réformes. Or, sur une aire de saut ou de lancer, sur une piste de course ou sur un ring… on ne fait pas de littérature, on ne se perd pas en théorie. On est sommé de marquer des buts, de courir contre la montre, de terrasser l’adversaire, d’aller plus haut, plus loin et plus haut.C’est aussi clair et aussi précis que cela. Tout le reste, n’est que du bluff.

Le sport national est à l’image d’un grand édifice. La volonté politique en constitue les fondations. Le standard du sport béninois dépendra  de l’ambition affichée par les dirigeants béninois, au plus haut niveau. Qui fait peu aura peu. Le contraire est tout aussi vrai. Le choix est entre un sport du dimanche et de quartier et un sport compétitif et de haut niveau. Le premier n’est pas « sortable ». Il reste confiné dans l‘espace  du territoire national avec ses quelques héros de quatre sous ou ses quelques zéros (en chiffre) qui s’ignorent. Le second  est exportable. Il compte sur et avec les meilleurs, à l’intérieur comme à l’extérieur. Il développe et entretient  le « spirit fithing », l’esprit de compétition des Anglais  axé sur les résultats.  Car il ne s’agira plus de participer ou de faire de la figuration. On y va pour gagner !

Il va sans dire qu’on ne construit pas un sport national de cette envergure avec des cacahuètes ou avec des noix d’acajou. On libère des moyens conséquents pour ce faire. A commencer  par l’homme, à tenir pour la toute première ressource. A former techniquement. A motiver matériellement. A doper mentalement. A élever moralement  dans le sens du devoir. Devoir  envers lui-même, envers ses compatriotes, envers son pays, envers son continent, envers ses semblables.

Nous voilà rendu au point de rencontre des valeurs non marchandes et des valeurs marchandes. Le sport est aussi bien un jeu, un enjeu, un produit, un spectacle, un business. Faisons en sorte qu’il ne cesse d’être une voie d’affirmation des hommes et des nations sur l’axe de l’excellence.

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