Lettre à mon Frère 31 AOUT 2012

Mon cher on parle d’une lettre ouverte du Front, tu te souviens, ce groupe qui essaie de dérouiller les choses dans les affaires politiques ici et dont je t’ai parlé en début de mois.

 Les partis politiques semblent traverser comme un passage à vide qui n’arrangent pas du tout la situation du pays. Ça ne va pas, le pays se porte très mal. Parfois on a envie de pouvoir dire autre chose que de répéter inlassablement « ça ne va pas ». Le problème c’est que, ÇA NE VA PAS ! Et pour le plaisir du « docteur » aucun patient normal ne dira le contraire, à moins que pour « l’honneur » on choisisse de l’euthanasier pour avoir la paix. Autrement, mon cher, ça ne va toujours pas pour ce pays. On a besoin de faire bouger les lignes. Ici, les formations politiques, comme le prévoit la Constitution, doivent « animer » la vie politique. On a donc besoin de meeting, de réunions d’information et de mobilisation. L’opinion a besoin de propositions alternatives à ce « changement » qui ne fait que nous enfoncer, bien que « refondé » depuis entre-temps. Quand même, le Benin « dernier » de l’Union économique et monétaire ouest africaine ! C’est l’enfer sur terre et naturellement c’est la fête des démons qui chantent que « tout va bien dans le meilleur des mondes ». Non, en démocratie, cela appelle logiquement à une exigence d’alternance.

Alternance

Les partis politiques doivent reprendre du service. Et même là aussi, l’alternance doit s’inviter. De véritables formations politiques doivent émerger avec des leaders, de vrais, des programmes attractifs et réalistes qui redonnent de l’espoir aux populations qui en ont besoin. Comme tu le sais après la Conférence des forces vives de la Nation, en 1990, on a vu l’apparition de géants sur la scène politique. Quand je dis géants mon frère, il l’etaient pour la plupart, même si certains se sont sentis très tôt à l’étroit dans ce milieu de petits calculs et ont choisi de quitté de la scène et que les autres ont pris des plis peu flatteurs. Mais avant, le temps d’un rêve, ils ont assuré, entretenu le suspens et surtout suscité d’une certaine manière, l’engouement au sein des populations, surtout jeunes.

Tu sais, mon cher frère, un peu comme les grognards de Napoléon, évoquant avec nostalgie Austerlitz, des jeunes qui ont vécu la naissance du « renouveau démocratique » et participé activement à la vie politique sans en attendre en retour des avantages pécuniaires ou en nature, peuvent se frapper la poitrine et dire fièrement « On y était ! » Seulement, exactement comme ces braves grognards, ils n’étaient que des exécutants, de pauvres soldats qui n’ont jamais été promus pour leur mérite afin de prendre le flambeau, une fois l’aigle abattu. Ces géants qui n’ont donné naissance pour la plupart qu’à des « nains » ont pourtant choisi le sentiment à la raison et la suite tu la connais, c’est la farce actuelle qui nous est jouée sur un fond d’intolérante arrogance qui ne rime bien qu’avec l’incompétence des marionnettes de la scène.

Liberté

Mon cher frère, nous avons une Constitution démocratique et n’en déplaise à ceux qui s’acharnent sur elle voulant la modifier à tout prix, évoquant une prétendue « dictature du développement », pour laquelle même toi qui la reprend en refrain, comme un perroquet sans savoir ce qu’elle contient, tu n’as pas voté pour une dictature, puisqu’il n’en a jamais été question avant le pétrin dans lequel notre frère nous a conduits. Alors qu’est-ce qui te prend ? La loi fondamentale que nous avons peut et doit nous sortir du piège grossier dans lequel on s’est retrouvé. On verra bien après, comment améliorer les petits détails actuels qui n’empêchent pas d’évoluer sauf pour celui qui réussi à se faire mal tout seul avec ses pieds. On n’en est pour rien, mon cher frère et c’est pourquoi la priorité actuelle, c’est améliorer le climat politique, le rendre plus favorable pour les libertés.

Mon cher, les partis politiques doivent jouer pleinement leur rôle « d’animation de la vie politique » Les organisations de la société civile doivent prendre activement part à la vie publique en œuvrant pour la promotion des valeurs citoyennes. A cet effet, mon cher frère il n’y a rien de plus normal que la tenue de réunions publiques, les manifestations diverses y compris de rue pour exprimer un sentiment ou exiger des droits et les forces de l’ordre auront l’obligation d’assurer la sécurité de chacun et de tous. Nous sommes une démocratie, même si seulement naissante et en difficulté, nous devons y croire sinon, comme on le dirait chez nos frères de là-bas : « YACO »

Expression

Tu sais, mon cher frère, c’est d’abord la pluralité des opinions et non cet unanimisme niais et grossier qu’on cherche à t’imposer en te saoulant jour et nuit d’images et de propos d’une autre époque. Et puis te connaissant bien, mon cher frère, tu préfères de loin t’offrir une bonne et vraie cuite que notre frère qui t’en prive aujourd’hui avec l’inflation assassine qui court, peut lui se taper autant qu’il veut. On ne te dirai jamais assez, mon cher frère, que l’alcool tue. Mais sur le principe de t’arracher la liberté de choisir, on ne doit pas tergiverser. Dieu a créé l’homme libre et nul n’a le droit de lui enlever ce que Dieu même a donné. L’exil et les cimetières comptent nombre de téméraires qui s’y sont essayés dans l’histoire des peuples.

La Constitution du 11 décembre 1990 doit nous conduire aux prochaines élections présidentielles de 2016. C’est un point de vue certes, mais un point de vue qui doit bénéficier des mêmes chances d’expression, comme le stipule notre loi fondamentale en son article 23. Pourquoi ne vois tu, mon frère, que ce qui ne va pas dans cette Constitution alors que chaque jour tu feins d’ignorer l’essentiel qui fait le charme de notre démocratie : la liberté. Mais, mon cher frère, il y aura toujours quelqu’un pour te rappeler ces mots d’espoir qui t’ont adressés : « La personne humaine aspire à la liberté ; elle veut vivre dignement … elle veut être respectée ; elle revendique une gouvernance limpide qui ne confonde pas l’intérêt privé avec l’intérêt général ; et plus que tout, elle veut la paix et la justice ». A bon entendeur…

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