Le premier ministre Pascal Irénée Koupaki est toujours cité parmi les personnes les plus en vue pour briguer la magistrature suprême en 2006. Mais paradoxalement, il se taille sa carrure de président dans l’ombre du président Boni Yayi. Mais en politique, les méandres et les manœuvres souterraines peuvent bien amener son mentor à le lâcher à l’heure du choix ultime.
Comme les déboires subis par un certain Houngbédji en 2006.
Ministre de l’économie et des finances en 2006 dans le premier gouvernement du président Boni Yayi fraîchement élu dans l’apothéose, Pascal Irenée Koupaki n’a plus jamais perdu la confiance de celui-ci. Il sera nommé plus tard ministre d’Etat chargé de la coordination de l’action gouvernementale. Puis après la victoire de son mentor à la dernière présidentielle, il est promu premier ministre. Ce parcours politique élogieux et sans ride pourrait bien connaître sa consécration à la magistrature suprême en 2016. C’est du moins le rêve qui hante le premier ministre Pascal Irénée Koupaki. Lors de la campagne pour la présidentielle 2011 aux termes de laquelle Boni Yayi a rempilé par un K.o mystérieux, une polémiquette a eu lieu au sein de la majorité présidentielle à la suite d’une déclaration de ses membres qui affirmaient que Koupaki était le « dauphin désigné » de Boni Yayi à qui il entend céder le pouvoir après 2016. C’est ainsi que l’information est lancée, sans aucun cachet officiel. Depuis, elle n’est ni confirmée, ni infirmée par le Chef de l’Etat, ni un de ses proches collaborateurs. Mais dans la tête de bon nombre de béninois, Koupaki est l’homme qui mérite de remplacer Yayi. Pondéré, rationnel, ce financier de haut vol passe pour le contraire de Yayi pressé et parfois peu prudent. Il serait la « carte mémoire » du gouvernement, le dépositaire de toute sa stratégie de conception et d’action. A côté de Yayi, il incarne la sécurité, l’assurance tous risques. C’est lui qui gère les « dossiers chauds » du gouvernement et négocie avec les syndicats depuis que Yayi a commis la maladresse de les« provoquer ». Mais depuis un certain moment, la répétition des scandales, des balbutiements, des pas de clerc et des erreurs les plus banales amènent certains Béninois à revoir à la basse les qualités de Koupaki. Comment tout cela peut se passer alors qu’il est là ? Se demandent beaucoup parmi eux. Les temps passent mais les erreurs, les scandales se multipliaient toujours. Parfois même, certains proches de Boni Yayi n’hésitent plus à mettre à l’index subtilement le premier ministre dans le malheur sans cesse qui s’abat sur le gouvernement. Mais Koupaki ne réagit jamais. Il semble cultiver une sorte d’omerta pour se protéger et protéger son chef tant qu’il ne le dénonce pas lui-même. Ils semblent être liés par des « deals », souffle un opposant. Que faire ? Démissionner ou rester jusqu’au moment où il plaira au Chef lui-même de se débarrasser de lui. Tel est le dilemme de Koupaki.
Koupaki, le dauphinat et la compromission
Dans ce dilemme, Koupaki joue un grand jeu politique. Il ne veut pas partir de lui même et subir la hargne et la campagne de désinformation du pouvoir qui risque de l’écraser. Car dans cette attente, Koupaki espère toujours briguer le dauphinat qui va l’aider à vite gagner l’élection. « Malgré les scandales, il va se défendre car le bilan de Yayi, n’est pas celui de Koupaki », lâche un membre influent de l’Udbn, le parti dont il est devenu le vice président depuis un moment. Mais la recherche du dauphinat peut s’avérer au fil des jours comme un exercice trop difficile. Pour Yayi lui-même dont le bilan n’est plus si extraordinaire que ça et pour le dauphin à venir. Le Chef de l’Etat, lui, aura à faire un choix difficile parmi le quarteron de ministres et de cadres qui lui font allégeance et qui rêvent d’aller à la Marina. Parmi eux, son beau frère Marcel de Souza, Nassirou Bako Arifari(de plus en plus cité), Mathurin Nago qui l’adule bien et peut être aussi un certain Jonas Gbian. Tous convoitent ce titre. Dans ce cas et en politique, rien n’est rationnel, le dauphin n’est pas forcement le plus méritant, ni le plus estimé. D’autres raisons peuvent entrer en ligne de compte. Comme les petits calculs des clivages régionaux. En 2004 et 2005, Houngbédji et Kérékou fumaient le parfait amour. Au moment où l’Alliance Wologuèdè se constituait, il avait fait défection, se faisait recevoir en audience à la Marina. Kérékou jouait le jeu avec lui, envoyait ses plus proches collaborateurs déclarer que c’est Houngbédji qui est son candidat. Habilement, il l’a exposé pour mieux l’abattre. Aujourd’hui, Koupaki semble être victime de la même chose. Trop exposé comme un dauphin, il risque de recevoir assez de coups et de perdre tout son capital d’estime. Et si l’on raconte qu’entre lui et son mentor ça ne va pas trop, et cela risque de jouer contre Koupaki. Il doit donc prendre son avenir politique en main, lui qui est tombé dans la politique comme une pluie de contre-saison. Et éviter que son rêve d’aller à la Marina ne se transforme en cauchemar.