Les dernières déclarations de l’honorable Epiphane Quenum mettent la Rb dans une situation inconfortable. Tant à la majorité présidentielle qu’elle prétend soutenir officiellement qu’à l’opposition où elle peut revenir pour ses ambitions de 2016. Le parti semble actuellement s’asseoir sur deux chaises et donne à l’opinion une triste image d’un navire en déperdition.
Depuis 2006 où le ‘’grand architecte des concepts du changement, de la refondation et désormais de la dictature du développement’’ a ravi la vedette à ses pairs (qu’il taxe d’espèces en voie de disparition), la position des leaders de la Renaissance du Bénin (Rb) même si ils se réclament aujourd’hui de la mouvance présidentielle, n’est pas encore clairement affichée. Tantôt ils végètent dans un silence creux, lorsqu’il s’agit de donner leur opinion sur un fait brûlant de l’actualité ou sur la qualité de la gouvernance Yayi ou lorsqu’il est question de faire des propositions concrètes au gouvernement. On se souvient qu’au lendemain du fameux entretien « à cœur ouvert» du chef de l’Etat le 1er août dernier, qui a suscité de vives réactions dans la classe politique. Qui pour dénoncer, qui pour des messes de soutien «indéfectible et inconditionnel», la Rb s’est abstenue de toute déclaration jusqu’au jour où elle s’est fendue d’un communiqué dont la teneur et la substance sont loin de convaincre les Béninois qui pourtant continuent de croire en elle en dépit de ses revirements spectaculaires. On peut ainsi être tenté de croire que Léhady Soglo, le fils à maman et ses plus proches alliés sont toujours en errance au sein de l’actuelle classe politique. S’ils clament haut et fort leur appartenance à la mouvance, la lune de miel semble avoir un goût amer. Les «Houézèhouè» sont toujours les derniers à apporter leur caution aux réformes entreprises par le ‘’coq de la basse cour’’ et sont souvent mis en quarantaine par leurs «amis de circonstance» de l’Union pour la majorité présidentielle plurielle (Umpp) qui tiennent des réunions à leur insu. Cette situation embarrassante a poussé Léhady Soglo à se rendre à la Marina pour réaffirmer l’appartenance de son parti à la mouvance.
Depuis le congrès qui a consacré l’élection du Président Léhady vinagnon Soglo à la tête de la Renaissance du Bénin, un malaise a vu le jour au sein de cette formation politique. Les démissions se succèdent, les transhumances ont repris du service jusqu’à ce que Yayi ait eu raison du parti et de ses leaders. Membre fondateur-et pas des moindres- de l’Union fait la Nation, la Renaissance du Bénin a combattu corps et âme l’actuel locataire du Palais de la Marina lors des dernières échéances présidentielles de Mars 2011. Quelques mois après il y eu un retournement spectaculaire de la situation. Qui l’aurait cru? Les adversaires d’hier sont subitement devenus les amis d’aujourd’hui. Curieusement ces derniers n’ont pas formellement déposé leur démission au bureau politique de l’Union fait la Nation. Toute chose qui amène l’opinion à se demander de quel bord politique est finalement la Rb.
Le linge trop sale se lave publiquement…
L’intervention de l’honorable Epiphane Quenum ce dimanche sur Canal3-Bénin vient confirmer le ‘’One man show’’ qui bat son plein au sein de la Renaissance du Bénin. Invité à se prononcer sur l’actualité sociopolitique du pays et sur le fonctionnement du parti, le député des ‘’houézèhouè’’ n’a pas hésité à mettre à nu les lacunes de sa famille politique à laquelle il n’a jamais marchandé sa fidélité. Epiphane Quenum est resté critique sur toute la ligne. Au point d’avouer qu’il «ne se retrouve pas dans la position actuelle du parti». Il ne sait pas s’il(le parti) est toujours de l’opposition (de laquelle il n’a pas encore démissionné) ou de la mouvance, au sein de laquelle il n’a pas le confort digne de son rang (Ndlr). «Sans que nous n’ayons le temps de nous expliquer à nos militants, nous avons sauté pieds joints à la mouvance sans démissionner de l’Un», a-t-il déploré. Avant de déclarer qu’il désapprouve la gestion qui est actuellement faite du parti, le ‘’précieux héritage’’ légué par Soglo père à Soglo fils. Il a fait remarquer qu’ «aujourd’hui, au sein du parti, le dialogue est devenu une denrée rare. Laissant place à la dictature». Plus loin il fit la remarque que même pour s’exprimer au parlement, il faut requérir l’avis du ‘’chef(le président Léhady Soglo)’’. Devenu du coup tout puissant et piétinant tous ses collaborateurs.
Renouer avec les bonnes habitudes
Farouche opposant au régime du Général Mathieu Kérékou pendant dix ans, la Renaissance du Bénin, alors dirigée par Nicéphore Dieudonné Soglo a toujours forcé l’admiration de ses militants de par le pragmatisme et l’impartialité qui l’ont toujours caractérisée. De 1996 à 2006, elle a pu résister aux multiples séductions, plaisirs et tentations auxquels ses leaders ont été confrontés. Sa position était claire et sans équivoque. Et même si elle n’a pas réussi à fouler le sol de la Marina en 2001, elle a néanmoins montré l’exemple d’une opposition exemplaire. Malheureusement depuis 2006, les ardents défenseurs du fameux slogan ‘’Houézèhouè’’ ont succombé au charme d’une Marina à laquelle ils ont pourtant goûté de 1990 à 1995. Dès lors, deux ministres ont fait leur entrée dans le gouvernement du changement, avant d’être plus tard, éjecté. Le divorce consommé en 2011 a fait long feu, puisque quelques années après, ils se sont ravisés. Mais sans pour autant oser dire si oui ou non, ils sont entièrement en phase avec le régime Yayi. Ils oublient pourtant que les Béninois et leurs militants ont le droit de savoir.
Laisser un commentaire