Correction de la Lépi : pourquoi le pouvoir n’en veut pas

Depuis 2009, la Lépi cristallise vraiment l’attention de la classe politique, suscite des remous et engendre des contestations.  Alors qu’une nouvelle bataille est enclenchée  pour sa correction, la majorité présidentielle semble jouer à la diversion.

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Une fois encore, elle est décidée à conserver la liste qui l’a sauvé du déluge en 2011. Tout au moins jusqu’en 2016. Et pour cause!

C’est parti pour une nouvelle bataille autour de la Lépi. Cet instrument qui, selon les témoignages et les déclarations d’intention, devrait aider à aplanir définitivement les divergences politiques autour des élections est devenu paradoxalement ici une véritable pomme de discorde. Depuis, 2010, les tiraillements autour de la Lépi n’ont jamais cessé. Pendant la période qui a précédé l’élection présidentielle, on s’est longtemps querellé sur son élaboration pour finir par nous doter d’une Lépi « bâclée », « truquée » pour  l’opposition, « correcte » et « parfaite » pour la majorité présidentielle. Après les élections présidentielle et législatives de 2011, les acteurs politiques ont reconnu à l’unanimité que la Lépi n’était pas parfaite et qu’il fallait la corriger. Curieusement, les volontés manifestées verbalement par les uns et les autres n’ont pas été suivies dans les actes. Après les missions de l’Organisation internationale de la francophonie(Oif), l’Assemblée nationale a pris le dossier en main. Mais depuis, rien n’a bougé. Le groupe dirigé par l’honorable Djibril Débourou a passé tout son temps pour la promenade et les diversions. Mais à l’heure de la correction, la majorité présidentielle s’oppose au respect du principe de la parité mouvance/opposition exigé par les députés de l’Un. Mais les députés de la majorité qui ont pris en otage le groupe de travail ne veulent pas que ce groupe constitué à 50% de membres de l’opposition se sont opposés à toutes les propositions allant dans ce sens. La majorité présidentielle tient coûte que coûte à s’emparer de l’appareil de correction de la Lépi après s’être emparée de l’appareil de conception.

Les yeux rivés sur 2016

A dire vrai, la bataille actuelle autour de la correction de la Lépi n’est que le premier épisode de la grande bataille qui aura lieu en 2016 pour la conquête du pouvoir après le départ de Boni Yayi du pouvoir. A ce niveau, deux groupes s’affrontent. Ceux que la Lépi actuelle a favorisés et qui ne veulent pas qu’on la modifie outre mesure et ceux qui, nombreux, pensent qu’elle a exclu beaucoup de Béninois et qu’elle a pénalisé leur camp. Le premier camp comprend la plupart des députés de la majorité actuelle. Ils sont majoritairement du septentrion et travailleront en 2016 pour le dauphin désigné de Boni Yayi. Pour ceux là, il n’est pas question de modifier outre mesure cette liste qui leur a permis de faire le K.o du 13 mars et une victoire éclatante aux élections législatives de 2011. Et comme l’objectif primordial de ce groupe est de conserver le pouvoir après le départ de Boni Yayi, il n’entend pas qu’on passe à une correction profonde et réelle. En face d’eux, il y a la majorité des membres de l’opposition (Un, Prd et le résidu de l’Alliance Abt), d’une frange de la société civile et une partie de la majorité présidentielle qui va, au fur et à mesure qu’on s’approchera de l’élection, va se détacher du grand bloc. C’est le cas des députés Azannaï, Quenum et bien d’autres encore tapis dans l’ombre. Pour eux, le seul salut pour gagner le pouvoir en 2016 est de corriger la Lépi et de permettre réellement à plus d’un million de personnes d’intégrer le fichier. C’est cette bataille qui a commencé. Les communales de 2013 constituent la première phase de la victoire finale. Le camp qui a gagné plus de mairies a plus de chance de gagner le pouvoir en 2016. Et ça personne ne semble le nier.

Le Front citoyen exige la suspension de l’examen de la loi sur la Lépi

Après un léger répit, le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques refait surface. Dans une déclaration rendue publique, il se prononce sur quelques faits de l’actualité sociopolitique nationale.

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Réuni ce lundi 24 septembre 2012, sous la présidence de son premier responsable, Antoine Détchénou, le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques a procédé à l’examen de la situation sociopolitique du pays et de l’actualité relative à la proposition de loi portant apurement de la liste électorale permanente informatisée (Lépi). Sur ce dernier point, les membres du Front ont fait observer la nécessité pour l’Assemblée nationale de surseoir à ce processus qui «ne prend pas en compte les principes de parité et de consensus réclamés par tous les acteurs sociopolitiques consultés par le groupe de travail. Le front demande par ailleurs dans sa déclaration, de dessaisir le Centre national de traitement (Cnt) de toute tentative de correction clandestine et illégale du fichier électoral. Et recommande à l’ensemble des groupes qui le constituent (partis politiques, syndicats, associations, personnalités) d’organiser des séances d’information sur toute l’étendue du territoire national en vue de sensibiliser les populations sur la nécessité d’exiger une Lépi crédible et fiable.

Selon les responsables de ce creuset de défense des acquis démocratiques, la présence au Bénin de certains membres du corps diplomatique devient de plus en plus indésirable. Ils exigent de ce fait, « le départ immédiat de Françoise Collet et Nardos Békélé Thomas, respectivement Représentantes de l’Union européenne (Ue) et du Programme des nations unies pour le développement (Pnud)». Cette position du front tient au fait que «ces deux diplomates s’ingèrent dans les affaires politiques du pays». Tout en fustigeant les atteintes répétées aux libertés publiques garanties par le droit positif béninois, le Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques s’engage à organiser diverses manifestations en vue de dénoncer «l’imposture» qui serait en cours dans le pays.

Téléchargez la lettre de I. Kolawolé à Nago (pdf, 75Ko)

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