Comment je veux être vu par mes compatriotes ? Comment mes compatriotes me perçoivent-ils ? Quelle image de moi dois-je m’efforcer de communiquer à mes compatriotes ?
Plusieurs questions pour une seule et unique préoccupation. Il s’agit de l’image de soi que l’on voudrait partager avec les autres. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit de l’image que le Chef de l’Etat, le Président Boni Yayi, voudrait voir s’entremettre entre lui et ses concitoyens.
Pour tout politicien qui se respecte, l’image qu’il projette et que le public retient n’est jamais une donnée banale. On se donne à voir, avec l’intention secrète, de se voir soi-même dans le miroir du public. En osant une comparaison, on dira qu’on sème son image dans le public pour la récolter in fine, avec le visa du public destinataire. C’est le propre d’une bonne politique de communication de savoir bien vendre l’image de quelqu’un à un public qui, à son tour, sait bien rendre ce qui lui a été vendu
Depuis 2006, année de son arrivée au Palais de la Marina, le Président Boni Yayi rate peu d’occasions pour donner une image forte de lui. Une image décalée de celle plutôt classique d’un Chef d’Etat. Dans le système de communication ainsi à l’œuvre, les diverses postures inattendues du chef ne brouillent nos vues que pour mieux les ouvrir et les fixer sur ce qu’on peut y relever d’osé et d’inédit. Sur les six dernières années, revisitons quelques unes des images du Chef de l’Etat.
• Boni Yayi et la marche des organisations de la société civile en lutte contre la corruption. Le Chef de l’Etat, en tenue des jours ordinaires, par les rues de Cotonou et sur plusieurs kilomètres, a apporté, bien au-delà du symbole, un soutien de poids aux organisateurs de cette manifestation publique.
• Boni Yayi auprès des populations sinistrées de Cotonou, à la suite des inondations. T-shirt de circonstance sur des bottes règlementaires pour affronter les hautes eaux. Le Président s’était autorisé un bain de foule dans ce bain forcé que la nature a imposé aux populations.
• Boni Yayi en faction devant les édifices publics. Juste le temps de contrôler l’heure d’arrivée au travail des agents permanents de l’Etat et de constater que le retard demeure la gangrène qui mine notre administration publique.
• Boni Yayi, en tenue de sport, avec brassard de capitaine du Onze national, les Ecureuils. Il croisa les crampons avec les membres de l’équipe titulaire. Il eut même l’honneur de marquer un pénalty dans un stade en délire.
• Boni Yayi en croisade contre la grève des agents des ministères. Il fit une brève station, mais combien mouvementée, au Ministère des Affaires étrangères. Le secrétaire général du syndicat de ce ministère s’en souviendra.
• Boni Yayi en inspection régulière, quasi hebdomadaire, sur les chantiers de l’échangeur de Godomey. Avec en point d’orgue, ce mémorable mini conseil des ministres sur place. Sous l’œil des caméras, des ministres étaient expressément invités à décliner leurs responsabilités et celles de leurs collaborateurs, dans le retard pris sur le calendrier de construction de l’ouvrage.
• Boni Yayi seul, au volant de sa voiture à travers les rues de Cotonou, sans une garde de protection visible. Il s’était autorisé un arrêt au « Parlement de la rue », sis près la morgue du CNHU, lieu bien connu de rassemblement de la plupart des taxi-motos, les « Zémidjan » les bien- nommés. Il commenta l’actualité nationale de la veille du scrutin présidentiel avec ces parlementaires d’un genre nouveau.
• Boni Yayi, client d’un taxi-moto. Passager peu ordinaire, calé derrière son conducteur, sur le trajet de son domicile au Palais de la Marina. Un tsunami n’était pas loin.
• Boni Yayi, dans les champs de coton et d’ananas. L’homme, casquette vissé sur la tête, va par monts et par vaux. C’est la promotion de la révolution verte. De mémoire de paysans et aux dires de ceux-ci, jamais Président n’a été aussi proche et aussi près d’eux.
• Boni Yayi, truelle à la main, non pour faire de la figuration, mais pour de vrai, à faire pâlir un maître maçon. Le Président était sur les chantiers de construction des salles de classes à Dogbo, dans le Couffo. Arrêt sur image. Dossier à suivre.