C’est reparti. Le CIBAKO, le Centre international Basile Kossou, renaît à la vie. Tel le phénix, cet oiseau de la mythologie qui, brûlé, renaissait de ses cendres. Le CIBAKO, crée en 1997 à la mémoire de l’éminent homme de culture que fut Basile Kossou, est entré en hibernation depuis quelques années.
Pour l’idée que celui-ci se faisait des choses, la fermeture d’un temple de la culture lui aurait été intolérable. Les hommes peuvent s’accorder un temps de répit. La culture, elle, ne dort jamais. Elle est à tenir pour l’oxygène spirituel dont tout être humain devrait avoir faim et soif. Aussi, pouvons-nous, sur les chemins de nos errances et de nos reniements, nous perdre et oublier notre culture. Mais la culture, ni ne se perd ni ne nous oublie. Elle est tapie quelque part comme une pierre d’attente qui ne se décourage pas d’attendre. Un peu à l’image de la braise sous la cendre. Elle ne jette plus de flammes. Mais elle peut encore servir de combustible.
Relancer le CIBAKO, à cet égard, revient à rallumer une flamme, la flamme de la culture. Le CIBAKO ambitionne d’en être l’un des foyers incandescents. Autant pour honorer une disposition testamentaire. Autant pour renouveler un pacte de fidélité à la mémoire de Basile Kossou. Notons qu’au départ de cette caravane de l’espérance qui s’ébranle, il y a la volonté en fer de lance d’une Dame, Madame Basile Kossou. Elle aura compris, avec des proches, amis, institutions, hommes et femmes de bonne volonté qu’elle a su mobiliser qu’il est des héritages intangibles. Des héritages qui n’ont pas de valeur vénale, de valeur marchande. Ils ne s’exposent, ni ne se vendent ni ne s’achètent au Marché international de Dantokpa.
Le destin du CIBAKO ne se précise que mieux désormais, telle l’étoile du matin émergeant des brumes de la nuit. Il s’agit, au-delà de la mémoire de Basile Kossou, de tracer les pistes de recherche, de mettre en place les plates-formes d’action pour la seule bataille que nous n’avons pas le droit de perdre, la bataille de la culture, la bataille pour la culture.
Voilà le CIBAKO nouveau : d’une part, cadre d’un dialogue interculturel pour la Paix et le Développement ; d’autre part, pôle d’excellence pour la réinsertion professionnelle dans divers corps de métiers traditionnels. Un seul et unique but : réhabiliter notre patrimoine culturel, établir des ponts et des passerelles qui aident à engager la bataille du sens pour la défense et l’illustration de nos cultures.
Nous avons dit sens. La Culture n’est d’abord ou n’est rien d’autre que le lieu du sens par excellence. Nous nous signifions, tout en nous signant, chaque fois que nous affirmons notre identité, dans le droit fil de la quête socratique du « Connais-toi toi-même ». « N’imitez rien ni personne, a écrit Victor Hugo. Un lion qui copie un autre lion devient un singe. ». Nous aurons besoin de donner du sens à notre habitat, à notre manière de nous nourrir, de nous habiller, à notre art de vivre. Nous devons accoucher d’un projet éducatif frappé de notre sceau distinctif. Et ce qui est vrai pour l’éducation l’est tout autant pour la politique, l’économie, le social. On l’aura compris, la culture est la clé par excellence de notre développement.
Mais sommes-nous prêts à le comprendre ainsi ? Les diverses manifestations organisées dans le cadre de la relance du CIBAKO ont mis en lumière de graves déficits. Il ne tient qu’à nous d’y faire face.
1- Toutes les autorités officielles invitées à divers titres à la relance du CIBAKO ont brillé par leur absence. Indifférence ou oubli ? Pardonnez-leur, Seigneur, car elles ne savent pas ce qu’elles font.
2- Les contributions pour aménager le nouveau site du CIBAKO viennent, pour l’essentiel, des partenaires techniques et financiers. Et pourtant, personne ne construira le Bénin en lieu et place des Béninois eux-mêmes. Revisitons Aimé Césaire : « L’heure de nous-mêmes a sonné ».
3- La relance du CIBAKO n’a pas été courue comme les meetings géants qui meublent nos week-ends. Il y a, sans doute, mieux à faire ailleurs pour assurer son pain de chaque jour. Même s’il est vrai que l’homme ne vit pas que de pain. Voilà qui indique, à suffisance, avec le CIBAKO, que nous avons du pain sur la planche. Et nous aurons à plancher dur pour que le message de la culture soit entendu et compris, pour que le combat de la culture,
le combat du sens et pour le sens, soit gagné.
Laisser un commentaire