Il est intéressant à plusieurs points de vue de s’intéresser à la crise malienne qui risque bien de se transformer en l’un des plus grands conflits que la sous-région ouest-africaine ait jamais connus; et pour cause…
Il s’agira pour nous, dans cette analyse, de vous décrypter les dessous de la Crise Malienne (1ère partie) tout en nous prononçant sur l’éventualité d’une coalition armée (2ème partie).
Nous n’allons donc pas nous réduire à de « simples relayeurs d’informations », quoique croustillantes ou désopilantes (selon le cru et selon l’humeur des acteurs qui les font), puisque vous les avez déjà sur Internet avant même la parution de certains journaux. Heureusement!
Pour mieux faciliter votre compréhension de ces « fameux dessous », il serait important que nous commencions par examiner les dessous de cette « Crise » en recourant à la géopolitique pour expliquer les origines lointaines du conflit !
1) Remonter aux origines géopolitiques de la crise
«Vous ne comprendrez pas l’histoire d’un pays, d’une région, si vous le découpez de la carte du monde, et si vous écartez tout ce qui a pris naissance en dehors de ses frontières », dixit Arnold Toynbee.
Alors, regardons d’abord les cartes. Selon d’éminents géographes et politistes : « Le chemin le plus court pour relier la Méditerranée au Sahel, passe par la Libye… Donc toute guerre quittant la Libye, passera certainement par le Mali ou le Niger, en poursuivant son chemin déjà tout tracé depuis des millénaires : Mourzouk, Tamanrasset, Agadir, Gao, Tombouctou» ! Voyez par vous-mêmes, les cartes nous interpellent !
Vous ne pourrez comprendre le fond de la Crise malienne si vous ne l’insérez pas dans l’ensemble global auquel elle appartient ; vous ne sauriez maîtriser les enjeux de ce conflit si vous ne prenez pas le temps de survoler la géopolitique de toute la région…
En effet, la Crise malienne n’est pas née au Mali, même si un « minuscule coup de force », a servi de détonateur pour un conflit plus étendu.
Nous vous devons donc de faire interagir les faits de manière globale pour les présenter sous un nouvel éclairage avec une démarche transversale.
Oui, la géographie gouverne souvent la politique dans ses profondeurs, dans ses manifestations, et parfois, pour mieux comprendre les évènements et leurs conséquences, il vaut mieux en prendre une «vue synoptique» dans le temps et dans l’espace ! C’est ce que fit votre dévoué. Oui, le temps et l’espace, parlons-en !
2) Impact du «Temps» et de «l’Espace» dans la Crise Malienne
Il y a quelques années encore, certains mots avaient la primeur dans les dépêches d’informations : Aïr… Azaouad… Hoggar… Ahaggar ! Toutes ces «précautions» pour vous affirmer juste ceci : «La Crise Malienne s’inscrit dans une suite globale de crises rémanentes dont le théâtre couvre un vaste périmètre s’inscrivant au-delà de toute frontière politique ou administrative, au cœur du Sahel : le Niger, le Mali et l’Algérie» !
Donc, ce qui se passe actuellement au nord du Mali, quand des islamistes armés démolissent des mausolées dans le cimetière de Djingareyber ; quand des citoyens français sont retenus en otage par les islamistes de l’Aqmi, branche d’Al Qaida au Niger ; quand des armes de guerre circulent à profusion, provenant du conflit libyen fraichement terminé… ; donc ce qui se passe au Mali est la résultante des précédents faits : activités terroristes de l’Aqmi, prolifération d’armes de guerre en provenance de Libye.
La Crise Malienne ne tire certainement pas sa source de quelques «bruits de bottes» au Palais de la Présidence!
Le conflit malien n’est pas que «malien», il est «sahélien»!
Le conflit malien est un conflit Sahélo-Saharien, liés aux revendications indépendantistes de peuples nomades établis aussi bien au Nord du Mali qu’au Niger et en Algérie.
En définitive, le conflit malien n’est qu’une réminiscence de précédents soulèvements des mêmes peuples dans leur désir de souveraineté, tantôt sur des revendications autonomistes, tantôt sur des oppositions interreligieux !
D’autres développements à suivre avec la question de l’opportunité d’une intervention militaire à examiner.
Rock YEYE
(Diplomate et Analyste de formation, Consultant et Communicateur de métier.)