Sur les planches avec Tola Koukoui : Patrice Louis présente son trésor sur Aimé Césaire

 

Publicité

La scène sous la paillote de l’Institut français du Bénin (Ifb) à Cotonou a accueilli vendredi dernier le journaliste français Patrice Louis et le comédien et metteur en scène béninois Tola Koukoui dans un spectacle à travers lequel l’enseignant et professionnel des médias a voulu partager avec le public béninois un trésor qu’il détient sur l’écrivain martiniquais et chantre de la négritude, Aimé Césaire.

Leur union sur les planches a accouché d’un trésor sur Aimé Césaire. C’est à un spectacle de théâtre rare que le public béninois a assisté le vendredi 12 octobre 2012 à l’Institut français du Bénin (Ifb) à Cotonou. Un journaliste et un comédien qui se retrouvent dans un scénario au théâtre. Comédien et metteur en scène béninois, Tola Koukoui a partagé la scène ce vendredi avec le journaliste et enseignant français Patrice Louis. Mais ils n’étaient pas les seuls acteurs sur scène. Un grand homme y est aussi. Aimé Césaire. Du moins, à l’écran.

Intitulé “Les mots d’Aimé Césaire, l’écho de Tola Koukoui et de Patrice Louis” le spectacle est constitué de séquences d’une interview télévisée qu’Aimé Césaire avait accordée à  Patrice Louis. L’entretien projeté par séquence sur un écran géant en arrière plan de la scène est entrecoupé des échos du journaliste et du comédien. Il s’agit d’extraits de textes d’Aimé Césaire, notamment des extraits de son livre «Cahier d’un retour au pays natal» et de ses réflexions. Egalement des extraits de textes de Léopold Sédar Senghor, le camarade de tous les jours de Césaire.

Pendant environ une heure d’horloge, on y découvre des pans de la vie et de l’œuvre d’Aimé Césaire. On y découvre un homme bizarre, l’homme toujours protestant contre la vie qui lui a été réservée à Fort-de-France, l’homme, le père de la Négritude, l’homme poète, l’homme noir qui manipule le français comme il n’est pas donné aux Français de le faire, l’homme dont la voix est celle de la liberté de ceux qui s’affaissent au cachot, l’homme “combattant“ pour l’affirmation de la culture noire etc. Et en fin d’entretien, marquant aussi la fin du spectacle, le père de la négritude conclut: «Fouille, en toi. Fouille encore ! Tu trouveras le nègre fondamental».

Publicité

Economie sur un trésor ou contrainte du théâtre

L’ensemble du spectacle donne à découvrir un immense trésor sur Aimée Césaire. Seulement, l’auteur de l’interview semble avoir été un peu «pingre» dans la révélation de ce trésor au public béninois. Pourquoi ne pas diffuser l’intégralité de l’interview au public au lieu de lui passer des extraits que les deux acteurs ont certainement jugé plus importants. Le public aurait aussi plus aimé d’autres parties. Mais le journaliste justifie son choix : «J’avais deux possibilités. Soit, diffuser l’interview pendant une heure et demie – C’est toujours un peu pesant – Soit diffuser quelques extraits. Je suis allé voir mon ami Tola Koukoui. Je connais ses qualités de comédien, ses qualités de metteur en scène. Ensemble, on a conçu cette scénographie. L’idée, c’est de découper en séquences l’entretien de Césaire, les mots de Césaire et puis nous, on entremêle avec d’autres mots de Césaire mais de Senghor aussi, son camarade de toujours.»

Trois questions à Patrice Louis :  «C’est toujours bien de revoir Aimé Césaire sur l’écran, avec son beau visage»

Quelles sont les motivations de cette représentation ?
J’ai un trésor chez moi. Il s’agit des entretiens qu’Aimé Césaire m’avait accordés peu avant sa mort en Martinique où je vivais. Aimé Césaire avait beaucoup de réticence à parler devant la télévision. Il a accordé très peu d’entretien pour les télévisions parce qu’il n’aimait pas la télé. Seulement, voilà, moi j’avais écrit un livre sur lui. Aimé Césaire avait eu la bonté de considérer que ce n’était pas un mauvais livre. Il avait dit que je l’avais lu intelligemment. Je lui ai dit : voilà, maintenant acceptez cet entretien ! Et il avait m’accordé à moi, privilège rare, un entretien pour la télévision. J’avais ce trésor que j’ai eu l’occasion de présenter à Paris, en Martinique, à New York mais jamais en Afrique. Maintenant que je suis installé au Bénin avec mon épouse martiniquaise, donc compatriote d’Aimé Césaire, je me suis dis que je ne peux pas garder ce trésor pour moi tout seul. Pour moi, c’est une émotion immense. C’est toujours bien de revoir ce grand homme sur l’écran, avec son beau visage. Je ne sais pas où il est, s’il nous regarde, je pense à lui ce soir. Je suis très ému et assez fier d’avoir présenté ça.

En quelle année se passait déjà cet entretien ?
C’était à l’occasion de ses 90 ans. C’était donc en 2002. Il y avait eu beaucoup d’événements autour de cet anniversaire. L’occasion était là, la forme et la grandeur de cet entretien sur sa vie et sur son œuvre. Ce n’est pas un entretien d’actualité. Ce n’est pas axé sur un petit événement. C’est Césaire qui parle de Césaire. C’est Césaire qui raconte Césaire politique, Césaire visionnaire, Césaire de la négritude, Césaire de l’Afrique et des Antilles, Césaire universel.

Après le Bénin, quel sera le 2ème pays africain qui aura le privilège de découvrir ce trésor sur Césaire ?
Il va y avoir des événements autour de Léopold Sédar Senghor, début 2013 au Sénégal. Le contact est déjà établi. Si tout se passe bien, je projette aller présenter les entretiens d’Aimé Césaire au Sénégal.

Propos recueillis pour la Nouvelle Tribune par Blaise Ahouansè

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité