Le malaise qui sévit dans la royauté au Bénin a-t-il atteint son point de non-retour ? C’est en tout cas la question qu’on est tenté de se poser au regard de ce qui fait l’actualité au sein de leur conseil.
En effet, à la fin de la semaine dernière, un bureau de 17 membres a été élu pour représenter le Haut conseil des rois du Bénin alors même que le processus devant aboutir à l’élection d’un bureau consensuel a été suspendu sur décision du ministre, il y a peu de temps.
Fin Août 2012, les Rois et Chefs traditionnels du Bénin, représentant le Conseil suprême des rois du Bénin, le Conseil national des rois du Bénin et les rois n’appartenant à aucun de ces deux regroupements, s’étaient réunis pour fédérer leurs voix afin d’aller à la formation d’un bureau national pour le Haut conseil des rois du Bénin. Ce processus très long suit encore son chemin mais n’est pas allé à son terme. Mais, contre toute attente et dans une précipitation inexplicable, un bureau de dix sept (17) membres a été élu, en fin de semaine dernière, pour représenter ce Conseil. Du coup, dans le rang des rois et têtes couronnées, certaines voix, les plus autorisées, se lèvent et dénoncent cette attitude d’une minorité, qui s’est arrogée la formation du bureau de ce Haut conseil des rois du Bénin, sur ingérence d’une tête couronnée de la Côte d’Ivoire.
Un malaise vient d’être née. Et il est manifeste que la formation de ce bureau fait encore apparaître à la surface, la division qui règne dans le rang des rois et têtes couronnées au Bénin. Sinon, comment comprendre que c’est sur initiative d’un roi venu d’ailleurs qu’un clan s’est levé pour aller à la formation du bureau dudit Conseil. Pire, ce bureau a clairement joué sur l’exclusion et la division parce qu’il n’a pas associé toutes les forces vives de la royauté au Bénin, d’où un défaut de représentativité auprès des instances officielles de la République. Pire encore, au regard de la composition de ce bureau, plusieurs anomalies se dégagent et suscitent interrogations. D’une part, il est constaté dans ce bureau la présence de certaines personnalités qui ne sont pas des rois, alors que l’institution devrait regrouper les rois du Bénin et, d’autre part, certains rois se retrouvent être adjoints de ceux qui ne sont pas des rois. Par ailleurs, la clandestinité dans laquelle ce bureau a été élu et l’absence de représentants dûment mandatés par le Président de la République et tout son gouvernement lors de cette rencontre, sont des signes que la formation de ce bureau est certainement vouée à l’échec et non reconnue. Qu’est ce qui cache aussi la précipitation de la formation de ce bureau, alors que la loi sur la royauté et les chefferies traditionnelles est encore pendante à l’Assemblée Nationale?
Ce sont en effet, des indices évidents qui dénotent de l’illégalité et de l’illégitimité de ce bureau du Haut conseil des rois du Bénin, élu en fin de semaine dernière. Alors, face à cet état des choses, il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Le gouvernement du Président Boni Yayi ne peut pas avoir meilleur moment pour taper du poing sur la table dans cette affaire. D’abord, le gouvernement ne doit pas accepter dialoguer avec cette instance contestée, encore moins la prendre comme interlocutrice directe des rois du Bénin. Pour cela, une attitude se révèle salutaire et primordiale. Le gouvernement doit condamner l’élection de ce bureau et appeler la royauté béninoise à attendre le vote de la loi sur la royauté et les chefferies traditionnelles au Bénin par l’Assemblée nationale et la promulgation par le Président de la République, avant l’organisation de l’assemblée générale devant aboutir à l’élection du bureau.
Cette étape permettra d’identifier les rois des chefs traditionnels, chefs de collectivités et chefs de familles, qui se réclament tous azimuts des rois partout au Bénin. Cette étape permettra également d’aller vers l’union des rois, déjà divisés sur cette question. Aujourd’hui, plus que jamais, le gouvernement doit stopper la pagaille et amener les Rois vers l’union afin de sauver l’image de la royauté béninoise à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur du pays. Il doit mettre de l’ordre dans le rang des rois et chefs traditionnels pour éviter l’éclatement des valeurs traditionnelles au Bénin.
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