L’homme d’affaires béninois Patrice Talon est libre de ses mouvements depuis hier. Interpellé mercredi dans sa résidence parisienne, il a été gardé à la préfecture de police de Paris dans la nuit avant d’être écouté par le procureur de la république.
Ce dernier l’a déféré devant le juge qui l’a libéré quelques heures plus tard en prenant soin de le mettre sous contrôle judiciaire.
L’exultation de Me Joseph Djogbénou, avocat béninois de Patrice Talon, rencontré hier soir dans son cabinet devrait bien contraster avec le désenchantement annoncé à la Marina. Et pour cause, la libération de Talon ne devrait pas être une bonne nouvelle dans ce palais où on ne rêve que de son arrestation où il se trouve et de son extradition. Mais hélas la justice française en a décidé autrement. Après l’avoir écouté hier, le procureur l’a simplement libéré mais en le mettant sous contrôle judiciaire. Selon Me William Bourdon, son avocat parisien, il a remis son passeport aux autorités françaises et payé une caution de 300.000 euros soit un peu plus de 195 million de FCfa. Interrogé par Rfi, il se dit «très confiant sur la suite du dossier». Il a aussi dénoncé une persécution politique dans ce dossier. «Le fait que cette procédure répond à une persécution et une manipulation politique ne doit pas faire de doute à personne». Avant d’ajouter que Talon n’est pas extradable vers le Bénin où «les risques pour son intégrité physique sont évidents» parce que c’est «une procédure montée de toutes pièces». La justice française va devoir se pencher sur ce dossier dans les trois mois à venir en attendant que le gouvernement béninois demandeur ne fournisse les preuves nécessaires pour cela. Selon le procureur de la république Justin Gbènamèto interviewé sur Rfi, la justice béninoise a déjà envoyé la demande d’extradition. Demande à laquelle il espère un heureux aboutissement compte tenu des accords de coopération judiciaire qui existe entre les deux pays et surtout du fait que le Bénin est un pays qui respecte les droits de l’homme et la liberté des individus.
Yayi, et pourtant…
La décision prise par la justice française de laisser Talon en liberté en France alors qu’on le voulait au Bénin pour répondre des accusations d’«association de malfaiteurs» et de «tentative d’assassinat sur la personne du Chef de l’Etat», est un véritable désaveu pour la partie béninoise qui commençait à se réjouir de cette interpellation. Le Chef de l’Etat devrait, personnellement, se mordre les doigts. En effet, selon des sources concordantes, il aura échangé au téléphone mercredi sur ce dossier avec son homologue français François Hollande. Ce dernier l’a rassuré que ce dossier ne connaîtra aucune obstruction et que la justice française devrait vite se saisir de ce dossier et écouter l’intéressé. Les mêmes sources confirment qu’une réunion stratégique se serait tenue ce même mercredi soir dans un ministère de la place pour préparer cette extradition de Talon vers le Bénin. Hélas, le plan a foiré et dans les cercles du pouvoir, on rumine l’amertume et la déception.
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