Pourquoi Talon ne sera pas extradé vers le Bénin, selon Me Djogbénou

Patrice Talon sera-t-il extradé vers le Bénin? C’est l’une des questions qui taraudent les esprits depuis l’annonce hier par la presse de l’arrestation de Patrice Talon à Paris.

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Les choses sont en fait allées très vite. Interpellé par la police ce mercredi, le commanditaire désigné de la présumée tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat a été libéré sous contrôle judiciaire dans la journée d’hier (Voir article au-dessus). Un peu plus tôt, sur Radio France internationale (Rfi), le Procureur de la République, Justin Gbènaméto, a annoncé que les autorités béninoises avaient déjà introduit une demande d’extradition de Talon auprès de celles de la France. Patrice Talon est « non extradable vers le Bénin, où les risques pour son intégrité physique sont évidents. C’est une procédure montée de toutes pièces », rétorque sur la même Radio, Me William Bourdon, son avocat français. Il se dit serein. Quant à Me Joseph Djogbénou, l’avocat de Talon au Bénin, il est aussi du même avis. Malgré son emploi du temps chargé, il a pu nous recevoir entre deux appels téléphoniques dans la soirée d’hier dans son cabinet, sis dans les environs de l’Etoile rouge. Dix minutes de questions-réponses ont suffit. Il est revenu sur ce qui s’est passé avant-hier et aujourd’hui à Paris. Et est allé dans les détails sur les raisons pour lesquelles ils (les avocats de Talon) sont convaincus que leur client est «non extradable»  vers le Bénin.

Ce n’est pas automatique

Dans une démarche pédagogique, il explique qu’après l’arrestation provisoire de Talon ce mercredi, trois cas de figures se présentaient pour son sort. La liberté totale, la liberté sous contrôle judiciaire et la détention préventive. Mais de l’avocat parisien de Talon, on apprend qu’il a été libéré sous contrôle judiciaire. Des échanges avec Me Djogbénou, on retient que l’extradition d’un prévenu vers le pays qui en formule la demande n’intervient pas automatiquement après que la requête a été introduite. Me Djogbénou souligne que la demande  faite par les autorités béninoises devra être étudiée par les autorités judiciaires françaises. « L’extradition est autorisée par décret par les autorités politiques. Mais après avis de la chambre d’accusation », a souligné l’homme de droit. Qui a ajouté qu’à ce niveau il y a deux cas de figures. L’autorisation d’extradition des autorités politiques n’intervient qu’après l’avis favorable de la justice. Il martèle : « si la chambre d’accusation donne un avis défavorable, les autorités politiques ne peuvent donner une suite favorable à la demande d’extradition ». Curieusement, « il peut arriver que la chambre d’accusation donne son avis favorable et que les autorités politiques refusent de prendre le décret d’autorisation d’extradition». 

Un, deux, trois…

Le cas Talon. Primo, il fait remarquer que le juge français ne va jamais remettre  un prévenu à un pays qui n’a pas encore effectivement aboli la peine de mort. Selon nos investigations, le Bénin a adopté une convention qui entraîne la suppression de la peine de mort. Mais le décret qui devra formaliser cette abolition n’est pas encore pris. Secundo, l’homme de droit soutient qu’au Bénin « l’être humain est devenu comme un poulet bicyclette… ». Et cela pourrait heurter le droit commun français. Tertio, la pratique judiciaire dans ce dossier dit « empoisonnement manqué du Chef de l’Etat », n’est pas conforme avec la norme internationale. Illustration : « l’interrogatoire des prévenus au petit Palais, l’extraction récente du Dr Cissé de la prison d’Akpro Misserété contre l’avis du juge d’instruction ». Sans oublier la communication à outrance avec l’exposition de présumées pièces à conviction sur un plateau de télévision.

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