Affaire assassinat du chef de l’Etat : Yayi demande à Cissé et Zoubé de faire amende honorable

Contre l’avis du juge d’instruction, le directeur de cabinet du ministre de la défense, le général Lègba Sèmégan a eu une entrevue de plusieurs heures avec certains prévenus du dossier «empoisonnement du Chef de l’État».

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Selon des sources concordantes, généralement bien informées, le Président Boni Yayi aurait envoyé, en sa qualité de ministre de la Défense, son Directeur de cabinet, le général Lègba Sèmégan, entendre deux des prévenus du dossier «empoisonnement manqué du Chef de l’État» en détention préventive à la prison civile d’Apkro Misserété. Cela se serait passé samedi dernier, contre l’avis du juge d’instruction. Les prévenus en question sont le médecin personnel du Chef de l’état, le Colonel Ibrahim Cissé et sa nièce Kora Zoubérath. Ces derniers ont, en plus de l’ancien conseiller spécial et ministre du commerce, Moudjaidou Soumanou, été mis sous mandat de dépôts depuis l’éclatement de cette affaire en octobre.

L’affaire dont Il s’agit est la prétendue tentative d’empoisonnement du Président de la République. Le principal commanditaire serait l’homme d'affaires béninois, Patrice Talon, avec comme complice son compatriote et collègue, Olivier Boko. Selon la version officielle des faits, Ils auraient voulu prendre par le ministre Moudjaidou, la nièce du Président Yayi et son médecin personnel, pour atteindre leur objectif.

Pour l’entrevue du samedi dernier, on apprend que le pouvoir a sollicité le juge d’instruction qui s’y est opposé. Le Dc du ministre Yayi s’y est alors rendu avec l’autorisation de la ministre de la Justice. Et l’entrevue aurait duré cinq heures d’horloge. «Ils ont demandé à Cissé et Zoubé de faire amende honorable puis demander pardon au Président de la République», ont rapporté les mêmes sources, qui ont ajouté que le Dc du ministre de la Défense avait promis d'y retourner hier. Mais le juge d’instruction a opposé une «résistance farouche» à la répétition du scénario. Informés, les avocats de Cissé et Zoubé ont commis un huissier pour faire le constat, a-t-on appris.

Comment le pouvoir se substitue au juge d’instruction

Depuis l’éclatement de cette affaire, le pouvoir ne cesse de poser des actes qui interpellent, et amènent à déduire qu’il est dans la dynamique de se substituer au juge d’instruction. Primo. L’exhibition de présumées pièces à conviction sur le plateau de l’Ortb. Quelques jours après que le dossier ait été confié à un juge d’instruction, on a vu le commissaire central de Cotonou venu exposer sur le plateau de la télévision nationale des pièces à conviction ; des SMS que Talon et Zoubé se seraient échangés. Secundo, l’audition du Président Yayi par le juge d’instruction il y a quelques semaines. Selon les détails largement diffusés en son temps par la presse, cette audition a eu lieu au Palais de la Présidence. Question d’un novice en droit : «Le Chef de l’État étant protégé par l’immunité présidentielle peut-il être auditionné par un juge sans que son immunité ne soit levée.» Réponse d’un praticien du droit : «C’est une curiosité scientifique». C’est en ces termes que le Président de la Cour suprême s’est prononcé sur cette audition. C’était pendant la rentrée judiciaire solennelle tenue récemment à Porto-Novo. Tertio, l’entretien menée par le Dc du ministre de la défense. Le Président de la République, ministre de la défense, est partie de surcroit, la présumée principale victime dans cette affaire. On comprend donc mal que son Dc prenne en entretien les présumés complices. Et cela, malgré l’avis défavorable du juge d’instruction, comme l’ont souligné nos sources. Il est de toute évidence que pour un fonctionnement équitable et indépendant de la justice, dès lors que le juge d’instruction est saisi dans une affaire, il devient maitre du dossier. Mais, on pourrait voir à travers ces différents actes une tendance du gouvernement à se substituer au juge d’instruction.

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