Grâce présidentielle accordée à Lionel Agbo : Boni Yayi ravale ses vomissures

On le savait imprévisible, capable des décisions les plus incongrues mais jamais on ne pouvait imaginer que le Chef de l’Etat allait lâcher aussi facilement une proie qu’il recherchait depuis des mois.

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La décision de grâcier Me Lionel Agbo sonne comme l’expression de l’improvisation au sommet de l’Etat et d’un Chef d’Etat dont les décisions varient au gré de ses intérêts du moment, de ses humeurs aussi.

Beaucoup applaudissent la décision impromptue du Chef de l’Etat décidé à gommer une image- trop pesante- de président « vindicatif », allergique à la contradiction. Que le président de la république gracie celui là même qu’il juge l’avoir « offensé », cela relève de l’inédit et donne de lui une autre image, celle du président débonnaire, aimable qui a l’esprit de pardon. Et voilà le président  assez bienveillant qui revient brutalement sur une décision de justice. Ceci n’étonne guère les Béninois habitués à ces voltes- faces de leur président. En 2008 déjà, il avait pris un décret pour annuler les décisions de justice concernant les litiges domaniaux.  Il croyait avoir tiré d’affaire bon nombre de familles béninoises menacées par ces décisions et qui vivent dans une insécurité de logement. Mais hélas, la décision avait créé plus de tollé que prévu et il a été obligé de la rapporter. Cette fois-ci, c’est  la même option. Sauf qu’ici, une seule personne est en jeu. En 2009, Lionel Agbo avait déjà été victime de sa volte face lorsqu’il l’a désavoué après que ce dernier s’est mis la presse à dos en venant la menacer à la télévision pour des critiques contre Yayi dont il fut le porte parole. Avec tout ceci, on était à mille lieues d’imaginer que le Chef  qui s’est dit «offensé », a porté plainte et a tenu à ce que son ancien porte parole soit condamné et qui l’a obtenu puisse se rétracter aussi facilement. Comment imaginer qu’il pourrait revenir aussi vite sur cette décision de justice prise fraîchement ? Comment après une si longue traque de l’intéressé et une persécution  de ses plus proches parents et amis, le Chef de l’Etat revient pour parler de grâce alors que l’intéressé ne l’a jamais demandé ? Tout donne l’impression que le président Boni Yayi gère le Bénin selon ses humeurs et ses intérêts de l’heure. 

L’ultime option

« A trop pourchasser le rat, on finit par se retrouver nez à nez avec le serpent ». Ce proverbe Fon illustre si bien la situation dans laquelle s’est retrouvé le président Boni Yayi. Obligé de faire l’âne pour avoir le foin. En effet, le président Boni Yayi a finalement compris qu’il ne sert à rien de courir derrière quelqu’un qui n’aura plus la chance d’arrêter. En effet, Lionel Agbo qui s’est retrouvé en France après son départ du Bénin  détient la double nationalité.  Une fois en France, il sera difficile pour Yayi, fût-il Président de la république, d’obtenir son arrestation surtout qu’il est entré sur le territoire français.Le Chef de l’Etat a compris que la seule occasion qui s’offrait à lui pour se racheter auprès de la communauté internationale, après la dernière déclaration de Reporters sans frontières (qui dénonce des menaces sur la liberté de presse au Bénin) c’est de sauver sa face et de montrer qu’il est un bon démocrate. A défaut de Lionel, il faut montrer à l’opinion internationale qu’on est bon démocrate. C’était l’ultime option pour ne pas tout perdre finalement. Yayi a été habile pour comprendre cela. Mais si son image a dejà été écornée .

 

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