Il faut délocaliser le camp Guézo !

Le 04 Mars 2012, un grave accident s’est produit à Brazzaville : Le dépôt d’armes et de munitions du Régiment blindé de Mpila a explosé, entrainant des dégâts matériels, humains et financiers considérables :

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– Deux quartiers de la capitale, Mpila et Quemze, sont rasés

– Près de 300 morts sont décomptés

– Environ 2 500 blessés sont dénombrés

– Plus de 17 000 personnes se sont retournés sans abris cf. jeune-Afrique n°2692-2693 du 12 au 15 Août 2012. La lettre n°5 de la Délégation Générale des Grands Travaux. P.94

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Un véritable tsunami !!!

Une enquête a démarré aussitôt pour déterminer les causes de la catastrophe (court circuit électrique ou sabotage ?) et situer les responsabilités très rapidement la thèse du complot a prévalu et beaucoup d’officiers des forces Armés Congolais sont arrêtés, dont le principal est le Colonel Marcel Ntsourou cf.  La lettre du continent n°633 du 12 Avril 2012 P.7. A l’heure où j’écris ces lignes (près d’un an après les faits!) je ne sais pas si le Colonel est toujours gardé !

Les dégâts matériels sont estimés à près d’un milliards de dollars, c’est-à-dire en gros 500 milliards de Francs CFA. Pour reconstruire les quartiers dévastés, le Gouvernement congolais envisage de débloquer 150 milliards ! Heureusement que le Congo a du pétrole ! cf la lettre du continent n°664 du 03 Mai 2012 p.6.

Pourquoi j’ai décidé de vous parler de cet accident qui s’est produit à des milliers de Kilomètres de chez nous? Tout simplement parce que, sur notre sol, dans notre pays, et plus précisément au Camp Guézo de Cotonou, on retrouve une situation similaire à celle du Camp du quartier de Mpila à Brazzaville, quartier où se trouve le Complexe Résidentiel Privé du Président Dénis Sassou Nguesso : Il abrite en effet un grand dépôt de munitions !

Quoi de plus normal, serez-vous tenté de me répondre, que la présence d’un dépôt de munitions dans un Camp militaire ! Et vous aurez raison sauf que, dans le cas d’espèce, le Camp en question, c’est-à-dire le Camp Guézo, se retrouve en pleine ville et, circonstance aggravante, son dépôt de munitions jouxte le plus grand centre hospitalier de notre pays : Le centre National Hospitalier Universitaire (Cnhu) ou hôpital de 350 lits, qui en compte plus de 1.000 aujourd’hui.

La ville de Cotonou, dans son développement, à rattrapé et enveloppé le Camp qui, à l’origine, était bien éloigné du Centre Urbain développé autour de Ganhi.

Le fait que ce Camp soit situé au-delà de Gbégamey (Brousse éloignée!) témoigne que son implantation a obéï à des règles de sécurité.

C’est le Président Général Mathieu Kérékou lui-même (peut-on rêver d’un meilleur informateur?) qui, le premier, a attiré mon attention sur la dangerosité actuelle du Camp Guézo ! Je parle donc sous son contrôle!

En effet à la veille de l’organisation du sommet de la Francophonie à Cotonou, début Décembre 1995, l’idée m’est venue de proposer au Président Nicéphore Dieudonné Soglo (J’étais alors son Ministre de l’Environnement!) de raser (je dis bien raser!) le Camp Guézo pour dégager un grand espace constructible, bien situé au cœur du tissu urbain de Cotonou. Je voulais que le président Soglo marque son passage à la tête de notre pays en réalisant des infrastructures significatives à l’instar du Président Kérékou qui à réalisé le Complexe du Plm/Aléjo pour accueillir et abriter le sommet de l’Ocam en 1982!.

Toutes les infrastructures à construire pour le sommet de la Francophonie (à commencer par le Centre National des Conférences!) auraient été regroupées sur cet espace, dans le cadre d’un réaménagement global et majeur du tissu urbain de Cotonou.

L’audace de ma proposition a effrayé le Président Soglo! Décider de raser un Camp Militaire après avoir obligé les militaires à quitter la scène politique pour réintégrer leurs casernes, est-ce bien raisonnable? Ne vont-ils pas prendre cela pour une provocation gratuite? Le Président Soglo devrait se poser légitimement ces questions! C’est pourquoi, pour l’aider à prendre une décision juste et responsable, je lui ai proposé de m’autoriser à aller consulter les anciens Présidents de la République encore en vie. Je crois que, dans son for intérieur, le Président Soglo devrait trouver ma proposition fort séduisante. Il m’autorisa donc à faire une tournée des Anciens Présidents. J’en ai consulté quatre dans l’ordre chronologique de leur accession au pouvoir.

A tout Seigneur, tout honneur, j’ai donc commencé par le Président Hubert Maga que j’ai rencontré dans sa résidence de la Marina, en bord de mer. Il m’a d’emblée répondu qu’il n’était pas nécessaire de faire des dépenses importantes pour créer de nouvelles infrastructures.

Pour lui, il suffisait de restaurer «son» Palais qui conviendrait bien pour la circonstance. Restaurer «son» Palais, mais aussi en profiter pour réhabiliter «son» Hôpital des 350 lits en remettant son nom! Remettre son nom sur le C.N.H.U, il y tenait beaucoup. Des années après son double passage (1960-1963 et  1970-1972) le Président Maga n’a oublié ni «son» Palais, ni «son» Hôpital!

Avec lui, c’est la grande nostalgie!

Le second que j’ai rencontré fut le Président Justin Tométin Ahomadégbé. Il a réagi très vigoureusement, selon son tempérament. Pour lui ma proposition était une provocation qui pouvait donner de mauvaises idées aux militaires. Il n’a pas oublié les coups d’Etat perpétrés par les militaires comme le Général Soglo et les colonels Aho et Kouandété. Il ne faut donner aux militaires aucun prétexte pour revenir sur la scène Politique ! Pour accueillir le sommet qui s’annonce, il suffit de réhabiliter l’existant, mais surtout nettoyer les abords des voies et rues de Cotonou. Pas plus ! J’ai jugé que c’était un peu court !

Le Président Zinsou reçut ma visite chez lui à Missèbo, en troisième position. Il approuva d’emblée ma proposition et se lança dans un développement lyrique sur la nécessité de réaménager Cotonou.

Enfin, je me rends sous les filaos, à la rencontre du Président Kérékou. Sa  réaction a été une surprise agréable pour moi. Non seulement il était d’accord pour le déménagement du Camp Guézo, mais à ma question de savoir si on pouvait le transférer sur le plateau d’Abomey-Calavi, il m’a répondu qu’il fallait aller plus loin, à …..Ouassa (Mairie actuelle de Zogbodomey)

‘’J’ai laissé des plans à l’État-major Général des Forces Armées, aller donc les consulter’’ me précisa t-il. Puis il ajouta qu’il y avait une raison supplémentaire pour enlever le Camp de Cotonou : ‘’Savez-vous que la poudrière du Camp est à côté de l’hôpital des 350 lits ,’’ , Paradoxalement, c’est le seul militaire du groupe des Anciens Présidents qui apporta la réponse la plus positive à ma proposition! Non seulement il ne l’a pas prise pour une provocation, mais il a estimé que c’était une mesure de sécurité publique.

Arrivé à ce point de mon développement, permettez-moi de revenir en arrière pour vous dire les raisons que j’avais (et que j’ai toujours !) de proposer le transfert du Camp Guézo. Elles sont au nombre de quatre :

D’abord le réaménagement du tissu urbain de Cotonou. Je suis en effet un Géographe Urbaniste, et je constate que pour l’essentiel, le Camp est devenu un vaste taudis au sein du tissu urbain. A part l’espace occupé par l’Etat Major Général, l’Etat Major de l’Armée de terre, le Centre de Santé des Armées et le Mess des Officiers, le reste du camp est occupé par les casernes des soldats qui sont dans un état de délabrement avancé. Un véritable tandis au cœur de la ville. Il faut raser tout cela pour récupérer de l’espace urbain constructible.

Ensuite, la voie pavée qui partage le Camp en deux et passe devant la morgue du Cnhu, était interdite à la circulation à l’époque. Enlever le Camp aurait permis de la ré-ouvrir et donc, de fluidifier la circulation dans Cotonou.

Enfin l’implantation normale d’un Camp le situe toujours dans la périphérie urbaine, et non au cœur de la cité ! C’est dans cette position qu’elle peut mieux défendre la ville en cas de péril. La ville de Cotonou ayant  rattrapé et englobé le Camp, il faut le sortir à nouveau du tissu urbain pour le repositionner plus loin. A Ouassa, plutôt que à Calavi, selon le Général Président!

Last but not least, le Général m’a donné un quatrième argument qui l’emporte sur les raisons évoquées supra : Pour une raison de sécurité publique, le Camp Guézo doit être délocalisé. C’est pourquoi nous devons prendre l’accident de Brazaville comme un avertissement sévère surtout qu’à la différence du Congo, le Bénin n’a pas de pétrole !

Permettez-moi de poser une question avant de conclure mon développement : Pourquoi le Général Mathieu Kérékou, revenu au pouvoir pour dix (10) ans, n’a-t-il déménagé le Camp à Ouassa ; puisqu’il m’a dit lui-même que des plans existent pour cela à l’Etat-major Général? Je sais que son régime a entrepris la construction d’un hôpital Militaire dans la Zoka, à Abomey-Calavi. Qu’est devenu ce chantier qui a englouti des milliards? Un éléphant blanc? Le Ministre Osho doit pouvoir éclairer ma lanterne sur ce point.

Pour finir, je reprends ma proposition pour l’adresser aux Autorités actuelles de notre pays. Plus que jamais, elle est actuelle après ce quoi vient de se passer à Brazzaville. Encore une fois, notre pays n’a pas les ressources financières du Congo ! Après les deux tours administratives en cours de finition par nos Amis chinois, notre Etat a encore besoin d’espace pour édifier des infrastructures d’utilité publique, pour mettre fin au trafic mafieux des baux administratifs. Je propose que l’espace laissé par le Camp accueille un nouveau pôle urbain qui pourrait comprendre, autour d’une Résidence des Hôtes de Marque de notre pays (Chefs d’Etat ou Chefs des Institutions Internationales de passage), des espaces- bureaux, des espaces-logements et des espaces verts.

Un tel pôle pourrait faire l’objet d’un concours d’architecture, ouvert aux architectes nationaux, mais aussi étrangers!

C’est ce que je crois et que je propose!

Fait à Cotonou,
le 23 Janvier 2013

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