In Amenas: la riposte qui annonce les couleurs

« Allah a frappé», diront-ils. Les «fous de l’Islam» viennent de mener une première opération d’envergure en représailles disent-ils à l’opération Serval : l’engagement militaire français contre les groupes islamistes dans le Nord-Mali. Ce fut un mercredi matin de 16 janvier 2013 cauchemardesque pour les employés et responsables du site gazier du groupe BP dans la région d’In Amenas dans le sud-est de l’Algérie.

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L’œuvre est revendiquée par la brigade de l’islamiste Mokhtar Belmokhtar, un dissident d’Alqaida au Maghreb islamique (Aqmi). Sa revendication : «la fin de l’agression au Mali», dans un premier temps et «la libération de 100 terroristes détenus en Algerie» dans un second temps.  Tout comme le début de l’opération Serval, les choses sont allées très vite pour cette prise de plusieurs centaines d’otages ; l’un des plus spectaculaire dans la région depuis plusieurs années. Les choses sont allées non seulement très vite, mais aussi, les faits se sont déroulés dans la confusion. Confusion sur le nombre d’otages aux mains des ravisseurs, puis confusion sur l’opération de libération engagée par l’Armée algérienne. On retient seulement que l’opération a pris fin avec la libération d’un nombre importants d‘otages, la mort de plusieurs d’entre eux et des ravisseurs tués. On retient aussi le mécontentement de Paris, Londres, Washington et des autres capitales occidentales contre Alger. Un mécontentement dû au manque de concertation avant l’engagement de l’opération de sauvetage des otages.

Pour une première fois depuis le début de Serval, les Jihadistes du Sahel ont réussi à détourner le regard de la presse internationale et africaine du théâtre de guerre nord-malien, des conseils de guerres de l’Elysée et des réunions de l’équipe de transition à Bamako. Ce coup, ils l’ont bien réussi.

Ils l’ont d’autant plus bien réussi qu’ils livrent à travers cette prise d’otages spectaculaire un avant-gout de la nature de leur riposte à la guerre internationale contre le Jihad dans le Nord-Mali. Désormais, en lieu et place d’une guerre ouverte contre les forces françaises et les soldats de la Misma, il faudra s’attendre à des prises d’otages, des attentats à la bombe, conformément au mode opératoire habituelle des «terroristes». Ce qu’il faut donc redouter désormais, c’est des «In Amenas» bis, le début et la recrudescence «d’actes Jihadistes» dans les villes de tous les pays participants à cet front international au Mali. Les Jihadistes ont la réputation de ne pas se livrer à la guerre conventionnelle. Leur apanage, les guérillas urbaines et autres actes criminels et de vandalisme contre les intérêts des pays qui les traquent sur le champ de combat. Et les islamistes armés qui pullulent les katibas du Nord-Mali sont majoritairement ressortissants des pays de la sous-région ouest-africaine. Pis, un théâtre de guerre semblable à celui du Mali crée l’éveil de petites brigades de Jihadistes ayant à leur tête des chefs en quête de renommée et d’aura.  La nouvelle n’est donc pas bonne. Elle est très mauvaise pour les pays ouest-africains et les intérêts occidentaux -français- qui s’y trouvent. Quel que soit son issue, le drame d’In Amenas constitue une véritable démonstration de force par les Jihadistes. Des familles de centaines d’otages en émoi, toutes les capitales occidentales en branle… La fermeture de la frontière algérienne avec le Mali n’a pas empêché cette démonstration de force des groupes islamistes armés… Qui viennent de prouver leur maitrise du terrain. 

Le drame d’In Amenas pose la question de l’engagement militaire de l’Algérie dans la guerre au Nord-Mali. Alger est jusque là resté trop prudent quant à son implication dans le conflit. Le pays de Bouteflika est désormais contraint de revoir ses calculs. Soit il s’engage ouvertement dans le conflit avec l’envoi de troupes au Mali, soit il met sur pied au niveau de ses frontières et même sur son territoire, un système sécuritaire à la hauteur de la situation de guerre qui prévaut chez son voisin du Sud. Les autres pays ayant en partage ce vaste désert Sahélien sont interpellés face à des Jihadistes visiblement «déterminés à mourir pour Allah». Mais ni seul, ni de façon inaperçue. Et voilà la voie ouverte à une guerre régionale «pour» et «contre» le «Jihad»

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La guerre, on sait quand ça commence mais on ne sait pas quand ça finit, disent les ivoiriens. Pour la guerre contre le «terrorisme», cette conviction ivoirienne devient encore plus vraie. Les Jihadistes du Nord-Mali qu’on croyait mal en point, vu les moyens militaires déployés par la France, la solidarité et l’unanimité internationale autour de Serval, viennent de le prouver. C’est désormais plus sérieux!

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