La France au Mali : Une première guerre « sans polémiques » pour François Hollande!

C’est fait. Après plusieurs mois de tractations et d’atermoiements diplomatiques, caractérisés par la frilosité dans un camp et l’agitation dans un autre, le front international de la guerre s’est ouvert, « officiellement » et « concrètement »,  ce vendredi avec « l’entrée en guerre de la France» aux cotés de l’armée malienne.

Publicité

Les choses sont allées très vite. Trop vite. Et il aurait fallu que les Djihadistes se lancent à la conquête du Sud pour que la communauté internationale mette fin à sa dissertation militaire et aux hésitations qui commençaient déjà à donner raison aux pessimistes sur l’avenir du pays de Modibo Keita.

La journée du vendredi a été décisive. Jeudi, les différents groupes islamiques qui occupent le Nord Mali font une avancée vers le Sud du pays. Après des affrontements qui se sont soldés par la défaite des troupes maliennes, les combattants d’Ansar Eddine, Aqmi, et Mujao prennent le contrôle de la ville de Konna, située à 60 km de Sévaré ; dernier verrou Mopti, Ségou et Bamako. Les autorités à Bamako pressentent une menace pour l’intégrité du reste du territoire malien sous contrôle gouvernementale. Tractations diplomatiques entre Bamako, Abidjan et Paris. Vendredi, la France intervient aux côtés de l’Armée malienne pour stopper la progression des Djihadistes vers le Sud. Selon des sources citées par Rfi ce samedi matin, Konna est revenu dans le giron des forces républicaines maliennes.

A l’Elysée, on précise que cette intervention militaire se tient «strictement dans le cadre de la légalité internationale» : la résolution 2085 des Nations Unies et une sollicitation du président transitoire malien. Comme tous les engagements militaires  français sur le continent, le justificatif est quasiment le même. Les cas les plus vivants dans les mémoires sont ceux de la Côte d’Ivoire avec l’implication de la force Licorne dans l’arrestation du président déchu Laurent Gbagbo. La Lybie où la France de Sarkozy a joué un rôle de premier plan dans la prise et la mise en exécution de la résolution 1973 des Nations Unies avec l’opération « Aube de l’Odyssée » qui a abouti à la chute du régime Kadhafi.

Contrairement aux cas précédents, l’intervention de la France au Mali fait quasiment l’unanimité. En France, Hollande à la bénédiction de presque toute la classe politique à une exception près : Jean-Luc Mélenchon, le patron du Front de gauche.  Cité par Rfi, il «regrette que la Parlement ne soit saisi de cette intervention que lundi prochain.» Au niveau de la communauté internationale, de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) aux Etats-Unis en passant par la Francophonie, l’Union Africaine (Ua) et l’Union européenne(Ue), c’est un soutien sans ambages.  

Publicité

La Cedeao annonce l’envoi de troupes -les premières attendues dès la semaine prochaine pour « aider l’armée malienne à défendre l’intégrité du territoire ». La Francophonie «appelle à la mobilisation urgente de la communauté internationale pour une intervention militaire ». L’Ua demande « instamment à toutes les parties prenantes maliennes de se rallier derrière » les autorités de la transition «en ces moments très difficiles et de placer les intérêts fondamentaux du Mali au-dessus de considérations politiques étroites ». Les Etats-Unis, « envisagent d'aider la France grâce à un appui logistique et des drones de surveillance.»

Pour le début de cette «guerre internationale» contre les Djihadistes au Nord-Mali, the hero is…….François Hollande! En attendant bien entendu l’issue de la guerre. De mémoire de journaliste, ces dernières années, c’est la première fois qu’une intervention militaire française en Afrique rencontre sans réserve l’approbation de toute l’Afrique. On se rappelle encore les contradictions internes à la Cedeao et l’Ua, suscitées par les interventions militaires occidentales, du moins Françaises, dans la crise postélectorale ivoirienne en 2011 et l’insurrection Libyenne la même année. Les Etats-Unis, jusque là réticentes sur une intervention militaire internationale au Mali à cause « des insuffisances» du plan militaire, ont fini par changer de discours.

Tout ce monde a-t-il le choix ?! L’implication de la France au Mali n’est, contrairement aux cas antérieurs, pas une guerre pour instaurer la démocratie par le feu et le sang. L’enjeu, c’est de stopper l’enracinement au Mali et par delà en Afrique de l’Ouest d’un ennemi commun international : le Terrorisme. 

Au moins, justice sera rendue au peuple malien. La guerre dans le nord du pays n’est qu’une conséquence collatérale de la « guerre anti-Kadhafi » menée par la France, les Etats-Unis et leurs acolytes. La communauté internationale, en faisant bloc aux cotés de l’Armée malienne pour la reconquête du Nord, vient réparer un tord qu’elle a contribué dans une large mesure a causée.

En attendant l’issue et la suite des événements, le Président Hollande, en baisse de popularité, promoteur d’une Françafrique nouvelle version, peut se frotter les mains. Il a refusé d’accorder l’aide militaire française à François Bozizé qui fait face à la rébellion interne de la Seleka. La France d’Hollande se refuse d’intervenir dans les affaires internes d’un pays tiers. Quelques jours plus tard, Hollande vole au secours du Mali pour le sauver de la menace terroriste internationale. C’est une première guerre sans polémiques pour François Hollande. Qui tente de réparer ce que Sarkozy a gâté ! C’est mon avis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité