Mali : Faut-il composer ou non avec le Mnla?

La revoilà ! La rebellion Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) fait à nouveau parler d’elle dans la crise malienne. Elle était pourtant mise en minorité depuis que les jihadistes ont profité de l’instabilité sécuritaire créée par la même rébellion pour étendre leurs tentacules au nord Mali.

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Alors que tous s’interrogeaient sur ce que cache la facilité avec laquelle l’armée française a repris les villes du nord – résignation ou replis tactique des Jihadistes – le Mnla de Mohamed Ag Najim se refait une place dans le jeu en reprenant le contrôle de Kidal.

Cette localité, abandonnée à l’instar de toutes les autres villes du Nord,  a été reprise sans effusion de sang par le Mnla.  Qui a remis sur la table ses anciennes revendications : « La création d’un état indépendant de l’Azawad avec toutes les populations du nord y compris celles qui ne sont pas touaregs. » C’est le premier dilemme dans la résolution de la crise. Tout comme les groupes Jihadistes, le Mnla représente une menace pour la stabilité et l’intégrité du territoire malien.

Entre deux maux, il faut préférer le moindre. La rébellion du Mnla et les jihadistes représentent deux problèmes différents. Mais l’évidence est que les seconds sont plus dangereux que les premiers.  Reclamant l’auto-détermination de l’Azawad, Les Touaregs ont recouru aux armes, pour mettre fin à une certaine injustice avec les promesses non tenues de Bamako. Ce non respect des engagements pris qui fait ressurgir à chaque fois ce problème des Touaregs aussi vieux que l’indépendance du Mali. La préoccupation des Jihadistes est tout autre. Leur souci n’est pas le recours à l’auto-détermination pour calmer un sentiment d’injustice qui dure… Et perdure. Ces « fous d’Allah », des groupes terroristes hétéroclites en proie parfois a des crises intestines de leadership, préfèrent profiter des situations de chaos pour entretenir les réseaux d’enlèvements d’otages, les trafics de stupéfiants, avec à la clé des exactions au nom d’un pseudo-Islam. La différence entre le Mnla et Aqmi, Mujao, Ansar Edine est sans ambages. Même si la rébellion Touareg est tributaire de l’afflux et l’occupation du nord Mali par ces organisations islamistes armées qui avait dejà pour sanctuaire ce vaste désert sahélien, un no man’s land qui ne dit pas son nom.

Ce « réveil » du Mnla fait rejaillir le débat sur les implications politiques de la crise malienne. Des implications mis en veilleuse au nom de la traque aux jihadistes, devenue la priorité de la communauté internationale dans les trois maux qui minent le Mali : instabilité politique, rébellion et menace islamiste. Le Mnla un problème qui tôt au tard devrait être mis sur la table si l’objectif est de trouver une solution durable au problème du Mali. Mais elle a le «démérite» de le faire à un moment où les énergies doivent servir pour remédier au mal le plus cancérigène des trois maux du Mali : la menace jihadiste. Mohamed Ag Najim a anticipé pour avoir son mot à dire. Et rappeler à la communauté internationale que la menace terroriste n’a pas fait disparaitre la lancinante question des Touregs au nord.

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La menace Jihadiste amoindrie, il faut poser les vrais problèmes du Mali et trouver les solutions adéquates. Kadhafi n’est plus vivant pour acheter le silence des leaders Touaregs. Il est donc temps de trouver une solution durable à la question Touareg.

La crise politique à Bamako est une autre équation à plusieurs inconnus, avec une équipe de transition-militaires et politiques- comparable à un panier de crabes.  Le capitaine Sanogo n’a pas encore dit son dernier mot. Les acteurs politiques sont dans les petits calculs. Et si le nord est une zone de guerre en proie à la sécession, au Sud, les institutions de l’Etat son affaiblies, avec les acteurs de la transition dans une collaboration caractérisée par la loi de «je t’aime, moi non plus».

Avec un Etat affaibli, une classe politique divisée, une armée mal en point, la sécurisation du Nord est une question lancinante qu’il faut régler au risque d’une résurgence des vieux démons après le départ de Serval et la Misma. Dans tous les schémas, la résolution de la question des Touareg, ressortissants du Nord, apparait primordiale dans le traitement à fond de la question sécuritaire de cette partie septentrionale du pays. Le Mnla en est bien conscient. Et fera avec.

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