Mali : « Serval nous a libérés ! »

Nous n’y sommes pas, au Mali, mais nous pouvons déjà imaginer la principale rengaine qui courre les rues en ces moments où l’armée déployée par la France et ses alliés avance vers le Nord du pays en gagnant considérablement du terrain : « Serval nous a libérés », dirait le Malien !

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Car à cette heure, Gao et Tombouctou sont repris des mains des virulents Djihadistes qui ont dû faire connaissance avec les bombes et les missiles de la force coalisée. Serval est en train de réussir à « botter l’arrière-train » de ces incorrigibles terroristes fauteurs de troubles dans un désert qui ne leur appartient même pas. Oui, Serval est en train de libérer le Mali, aux dernières nouvelles du front de guerre, mais l’analyste reste quand même prudent, tout en se questionnant. Nos interrogations et les essais de réponses…

A qui profite cette guerre ?

Comme toujours, la guerre profite principalement aux marchands d’armes et aux fabricants d’équipements militaires. Une industrie et un commerce d’Etat où les Français et les Américains sont toujours en pôle-position !

Cependant, il ne faudrait oublier que les Maliens, indéniablement, profitent eux-aussi de la guerre. Pas dans le sens stratégique de la libération de leur territoire, mais dans celui plus pragmatique et plus rentable (dans l’immédiat) du ravitaillement (commerces de distribution alimentaire), du logement (hôtels et auberges), des services généraux (pressing, communications, courses, etc.) pour assurer l’intendance quotidienne pour les centaines de milliers de personnes drainées par cette guerre sur le territoire malien, à Bamako et sur le front, officiers généraux, hommes de rang, diplomates, analystes, agents des services de renseignement, employés des agences d’information, journalistes et reporters…

Le truculent Capitaine Sanogo doit être le seul à Bamako à ne pas se réjouir de cette guerre qui met à mal ses précieux plans pour la reconquête du Mali et pour asseoir sa junte au pouvoir !

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Qu’a coûté la guerre, que va-t-elle encore coûter ?

Des centaines de millions d’euros ! Mais qui paiera l’ardoise ? En quelle devise ? La France ne manquera certainement pas de bien tenir ses comptes, et de les réclamer, le moment venu à qui de droit, lorsque l’occasion sera plus propice aux affaires, et que le climat sera plus clément aux investissements français qui attendent dans le tiroir des capitaines d’industrie pour être déployés au «Mali libéré».

L’argent du contribuable français ne se dépense pas pour des peccadilles. Il faut désormais que les « modèles de vertus et de désintéressement » s’en convainquent une fois pour toutes. C’est la réalité la plus élémentaire dans la conduite des relations internationales, selon une conception utilitariste qui n’émeut plus que les idéalistes d’un monde illusoire où tout est beau, où toutes les cités grecques se coalisent pour « donner une leçon d’honneur » à Paris (pas la ville française, mais plutôt le prince troyen qui a enlevé la princesse Hélène, avec son consentement, et déclenché la guerre de Troie).

Les intérêts guident le monde ! Même s’ils ne sont pas au centre de toutes l’Action Internationale, on finit toujours par en arriver là ; ce n’est qu’une question de temps et de principe !

Jusqu’à quand va-t-elle encore durer?

La guerre malienne, qualifiée de prime abord de guerre-éclair, en référence à la razzia de quelques jours qu’Hitler mena en Europe de l’Ouest au début de la Seconde Guerre mondiale, est partie pour durer encore longtemps.

D’une guerre à une autre?

Une autre guerre commencera certainement, autrement plus violente et plus épuisante, lorsque les Djihadistes rebelles auront été délogés de tous les territoires qu’ils occupent. Ils se cacheraient, selon toute probabilité, soit au sein d’une population trop occupée à reconstruire les villes libérées, soit dans les nombreuses cachettes qui ne manquent pas dans le désert caillouteux, avec ses ergs et ses regs.

Oui, d’une guerre à une autre!

Ainsi pourrait commencer l’autre guerre du Mali, celle qui risque de «fatiguer» les troupes régulières, maliennes comme alliées, par des actions «kamikazes», des actions terroristes, ainsi que toutes les autres spécialités que les «fous d’Al Qaïda» concocteraient au menu du diner de Serval!

Et, à ce jeu, notamment la guérilla et les actions-surprises totalement illégales, non-conventionnelles, bannies par tous les traités régissant la guerre, les rebelles Djihadistes seraient champions, à moins que les frappes françaises soient intensifiées de manière à leur ôter toute velléités de recourir à toutes formes futures de nuisance, surtout qu’ils auraient subi tellement de pertes que leurs petits trafics de subsistance seraient mis à mal. Ainsi, faudrait-il que Serval les touche durement, efficacement, là où cela fait le plus mal, c’est-à-dire aux finances :

1) Le ravitaillement : car il faut bien pouvoir s’approvisionner de quelque part lorsqu’on se trouve en plein désert;

2) Le déplacement : en détruisant leurs convois de pick-up par des «frappes chirurgicales» ;

3) Le recrutement de nouveaux «fous» : pour éviter qu’ils ne viennent grossir les rangs terroristes (action des services spécialisés et des groupes de commandos genre Delta Force ou Opération Entebbe, afin de poursuivre une autre forme de guerre plus discrète)

Qu’a rapporté la guerre?

Au moins, elle a permis de libérer le territoire malien, même si elle n’est pas encore terminée. Le mali recouvrant toute son intégrité territoriale et exerçant à nouveau sa souveraineté plénière sur le Nord, ce serait la plus grande victoire de Serval… Une victoire internationale quoique sur initiative française.

Lorsque les Africains étaient empêtrés dans leurs «guerres de chefs», la France a dû prendre ses responsabilités, certes une vergogne pour le continent, mais une victoire indéniable pour le Mali et surtout pour la France, le nouveau «gendarme» accrédité auprès de l’Union Africaine et de la Cedeao, pour suppléer les incapacités de ces «machins».

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