Poursuite de Noudégbessi : Candide Azannai fait des déballages sur le dossier

(Lire l’intégralité de son intervention)  Monsieur le président, je pense que nous venons d’enclencher le processus  de  poursuite d’anciens responsables, d’anciens membres du gouvernement devant la Haute Cour de Justice.

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Nous aurons à connaitre d’un certain nombre de dossiers, mais je voudrais m’interroger, car je l’ai fait à mon propre niveau, m’interroger à haute voix et partager cette interrogation avec l’ensemble des collègues, sur le rôle de l’Assemblée dans un système démocratique en ce qui concerne le déclenchement de la poursuite des responsables concernés devant la Haute juridiction. Je sais qu’il y a deux hypothèses, deux écoles, il y a une tendance qui pense que le rôle de l’Assemblée nationale est un rôle passif, un rôle de simple courroie de transmission, ce qui voudrait dire que lorsqu’une demande de poursuite devant la haute juridiction est adressée à l’Assemblée nationale, elle n’a qu’à simplement autoriser, jouer le rôle de facteur pour aller transmettre le dossier. Ce rôle passif m’inquiète beaucoup parce que ce rôle passif peut laisser la porte à des manipulations, à des abus. C’est pourquoi je pense qu’en système démocratique, le rôle de l’Assemblée nationale doit être un rôle actif. Autoriser c’est être responsable et c’est là où je voudrais attirer l’attention, puisque tous dossiers de poursuite devant une juridiction politique ne sont pas de même nature. C’est là que l’enquête préliminaire et les motifs de la saisine, doivent être appréciés, évalués et connus du parlement sinon nous allons omettre que la décision de déclencher une poursuite fait partie même du segment général complet de l’acte de poursuite, de l’acte de l’examen, de l’acte de jugement. Et c’est là que me suis tu par rapport aux deux hypothèses. Je situe mon action dans l’hypothèse d’un parlement qui a un rôle d’appréciation de l’opportunité, c’est-à-dire Oui ! en soutient des éléments tangibles et qui peut dire Non ! Lorsqu’elle a la conviction que ces éléments sont des éléments futiles qui ne tiennent pas la route ou qui sont de simples règlements de compte politique. Je fais cet examen pour que nous ne nous crééions pas une jurisprudence qui fera plus de tort à la démocratie que de bien. Si je me dégage, si j’évacue de mon univers le rôle pratique de l’Assemblée en matière de déclenchement de poursuite, et si je me campais dans le rôle actif, je voudrais simplement dire, puisque nous avons travaillé d’arrache pied au sein de la commission des lois, la fatigue aidant je ne peux pas me rappeler tous ceux qui ont cité cette phrase et qui sont les propriétaires, mais je voudrais nous inviter à avoir l’habitude en matière politique surtout, de séparer les choses de leur bruit.

« Le bruit ne fait pas de bien »

Nous devons faire attention si nous sommes en politique, de toujours avoir la patience, de séparer les choses de leur bruit. Le bruit peut noircir, parfois s’éloigner des choses. Et ici ce qui m’intéresse, c’est les choses dans leur nature. Où était l’Etat, c’est là la première question. L’Etat était où. Je serais heureux si on avait commencé par d’autres dossiers, je n’irais pas dans le fond, mais ce dossier a commencé en 2002, il y a longtemps. Le président Idji kolawolé, je n’aime pas citer les gens, mais en sa qualité d’ancien président de l’Assemblée nationale et même le président Adrien Houngbédji, avaient tout fait, il y a une doyenne de l’Assemblée qui est ici, je me souviens de tout ça, notre responsabilité était totale parce que le siège de la commission nous appartenait, mais nous avons été déboutés par la Cour Constitutionnelle.  Et c’est elle qui avait raison sur cette question, en soutenant  qu’il n’est pas de notre prérogative de réaliser des choses de ce genre. Cette Cour a parfaitement raison à l’étape actuelle de nos textes. Mais lorsque nous-mêmes, on nous a permis d’être représenté, de nous asseoir dans des assemblées de ce genre, qu’avons-nous fait ? Si nous nous sommes posés la question de savoir où était l’Etat, Etat entant qu’exécutif, en tant que gouvernement, mais où est l’Etat en tant que nous, représentants de l’Assemblée dans cette institution ? Je m’arrête un seul instant pour vous dire que vous n’avez encore rien vu, vous n’avez rien encore entendu, ce n’est pas les débuts des choses, le match n’a pas encore commencé car lorsque j’ai eu l’occasion dans ma vie de représenter l’Assemblée nationale dans le programme du RGPH 3, mon attitude a été claire, j’ai refusé de partager des perdiems, même de manger parce que la manière avec laquelle on partage quelque chose, m’avait inquiété, je ne comprenais pas ce qui se faisait, il y a une collègue qui disait un jour que le rôle de l’Assemblée n’est pas de fouiller, je suis d’accord que le rôle de l’Assemblée n’est pas d’instruire le dossier, mais le rôle de l’Assemblée est de comprendre les dossiers, de fouiller. Lorsque vous allez rentrer dans le fond des dossiers, vous comprendrez que ce n’est pas ce qu’on vous a dit et ce qu’on dit, ce n’est pas ça qu’on présente, la réalité des choses, le fait même pour certains collègues de ne pas réussir à partager les marchés, de ne pas les attribuer à leurs copains, copines, machins, ont déterminé leur attitude. Moi j’ai écouté beaucoup de mis en cause, beaucoup de prévenus, anciens ministres comme ministres actuels, je les ai reçus, j’ai écouté, j’ai entendu des choses, c’est ahurissant. Je pense sincèrement, il était où, où est-ce que nous étions ? Certains tentent d’expliquer ici que des gens ont pris des marchés, mais l’autre aspect, vous pensez que tout ceci serait possible si quelque part au sommet, il n’y avait pas des ouvertures, des possibilités laissées à ces jeux ? Il y a un célèbre penseur qui a dit que « les crevettes mangées par un crustacé lui ont donné la peau rose, la couleur rose ».

S’interroger sur les conditions de passation de marchés

Monsieur le président, chers collègues, je pense sincèrement que les mis en cause pour ce dossier précis doivent se regarder et regarder ceux qui les ont envoyés en mission t regarder dans quelles conditions ils ont passé ces marchés. C’est des marchés qui n’ont pas été attribués directement aux professionnels mais qui ont été partagés entre maitresses, copains, enfants, nièces, majordomes, gardiens, tout et tout. C’est la moralité de l’Etat même qui est touchée, c’est le cœur du système moral qui est touché. Et maintenant par rapport à cette réalité que je viens de vous décrire et que tout le monde connait, parce qu’il est très facile de se lever, quelqu’un a dit, encourager celui qui décide de poursuivre un collaborateur, moi je dis Non ! S’il peut être heureux et lâche, celui-là qui dit de poursuivre un collaborateur surtout en politique, et en fouillant les jugements historiques dans la cour des César et j’étudie dans la cour des César à Rome quelques années avant l’avènement de Jésus Christ, j’en viens « le cynisme du politique » qui peut même se débarrasser de son fils, de sa femme, de ses propres collaborateurs …., le stratège appelle la recherche de l’acte d’effort pour détourner l’attention. Je vous explique au passage que, , c’est lorsqu’on est embourbé, complètement embourbé, cerné de toutes parts par l’immoralité, l’inconséquence de ses actes, on cherche à tirer ailleurs, parfois même dans la stratégie militaire, on peut tirer sur des maternités, sur des écoles primaires avec des armes et des treillis de l’adversaire pour détourner l’attention. Qui dit, comme politicien, qu’il livre un collaborateur courageux, il a menti celui qui a dit ça. Je pense sincèrement que nous entrons dans le vif du sujet  et personne ne se cachera : ce sera un combat ouvert, franc entre le peuple et les prédateurs de ses intérêts, des maitresses du chef, des enfants du chef et les copains du chef. Il n’y a pas de crainte dans ce combat. Nous ferons ce combat et nous le ferons pour les générations actuelles et futures. Et je  remercie pour cela  le  collègue qui a dit, quels sont les musées qui voient un enfant, quels sont les soirs qui voient un enfant ? Je lui dirai c’est ce qu’il voit dehors, il n’a qu’à aller voir dans les maisons, à l’intérieur des maisons, des gens qui se partagent des ongles, des brindilles d’écailles de crabes dans des feuilles délabrées de crincrin, j’en ai vu, parfois sans huile avec de la farines raclée du fond des moulins, colorée et parfumée d’huile à moteur, d’huile de vidange. Pendant ce temps, certains citoyens profitent simplement du fait de leur proximité avec le chef, qui sont parents du chef, pour se livrer à n’importe quoi, amener leurs copains d’un pays pour venir s’occuper des infrastructures énormes de ce genre. Les dossiers parmi les cinq dossiers, il y a deux catégories de dossier, c’est pourquoi j’étais peiné hier lorsque je n’avais pas ce dossier. Monsieur le président, je vous remercie parce que, hier vous avez été magnanime, vous savez que je ne suis pas de nature, de la race des griots, que les griots m’en excusent, mais je dois dire ce qui est bon et célébrer l’acte qui est bon. Vous avez posé hier un acte bon en renvoyant ce dossier à aujourd’hui parce que cela m’a permis d’amener aujourd’hui le dossier. Et par mesure de prudence j’ai amené tous les dossiers, même les dossiers qui sont prévus pour lundi. Il y a deux natures de dossiers monsieur le président, chers collègues, les trois dossiers d’aujourd’hui sont de même nature et ce n’est pas par hasard que certaines personnes ont voulu faire cette dissociation et les dossiers de lundi sont de même nature. Tout à l’heure j’étais sur Internet et lorsque quelqu’un m’a demandé pourquoi  on a renvoyé les dossiers à lundi ? Je dis c’est de deux natures car les profanes ne comprendront rien.

Restez sereins !

 Mais nous les initiés ici nous comprenons pourquoi. Monsieur le président, lorsqu’on a interrogé un ministre et lorsque ce ministre a passé trois jours et plus dans des conditions exécrables, ce ministre, cet homme intelligent, je veux nommer Blaise Ahanhanzo-Glèlè, un ami et un frère à moi, je suis sûr qu’il n’est pas si bête, mais lorsqu’on l’a envoyé trois jours et qu’on l’a auditionné alors que c’est celui qui a porté plainte, et que pour le même temps, la même cause et le même objet, son dossier ne nous est  pas parvenu. Vous savez, un ministre, c’est son assistant et son chef de cabinet qui sont le dernier rempart d’un ministre. Pourquoi nous n’avons pas le dossier de ce ministre ? On me répond en disant que le directeur de cabinet, on l’a envoyé répondre. C’est le directeur de cabinet qui a fait les trois jours ? Que cache t-on ? Que s’est-il passé et que se passe t-il ? C’est ça la question de fond. Nous sommes dans une grimace et je vous demande d’aller écrire quelque part, cette affaire n’ira nulle part parce que, vous n’allez pas m’autoriser de parler le fon-on dit quelque part, « c’est le grand fétiche de nuit qui arrête tout le monde, qui contrôle tout le monde et c’est ce fétiche là qu’on a retrouvé en plein dans le piège et il dit qu’il a quelque chose en bas » (traduction en français). Tout cela c’est pour voiler. La mesure que vous allez prendre, le vote sera exprimé tout à l’heure, je suis heureux que ça soit un vote secret, tout le monde connait mon penchant, mon sentiment, tout le monde sait ce que je vais faire, je ne vais pas le dire, je le ferai. Mais monsieur le président, il n’est pas fréquent que je m’adresse à vous en plénière pour vous demander des choses, souvent je demande que nous soyons collés à nos textes c’est une déformation de formation, c’est ce qu’on m’a appris, les principes. Mais je vais vous dire quelque chose, n’allez jamais dans cette Assemblée même si y  mettait des milliards dessus à l’état actuel. Les études l’ont montré et là, ce marocain qui est l’ami de quelqu’un, voilà chers collègues, vous avez tiqué, n’ayez pas peur pour moi. L’architecte qui est venu du Maroc et qui est l’ami de quelqu’un que tout le monde connaît ici, l’architecte a écrit que les études du sol n’ont pas atteint le premier degré, l’architecte a écrit que c’est dans une zone marécageuse et vous voulez aller là-bas ? Une doyenne de l’Assemblée a dit ici un jour et tout le monde riait quand elle parlait, j’avoue que je ne croyais pas ce qu’elle disait, mais lorsque j’ai lu cette phrase, j’ai dit mais, elle a demandé tout haut, « rasez cette affaire, n’allez jamais dedans » et tout le monde riait le jour là. Mais voilà que le marocain, ami de l’enfant de qui vous savez dit que ça ne peut pas aller et on n’a fait l’étude que superficiellement. Si ce serait bon, indépendamment de ce dossier, nous fassions une proposition de résolution pour choisir un autre site. Ah ! Oui ! Choisir un autre site et que nous fassions le lobbying nécessaire pour ne pas connaître les mêmes choses. J’en aurais terminé lorsque je vous aurais dit ceci : gardez votre sérénité, nous nous connaissons tous ici, un jeu est en train de se jouer, on nous a appelés à un théâtre, nous sommes à l’entrée pour suivre les tableaux, le premier tableau n’a pas commencé. Et cette affaire va atteindre le sommet de l’Etat. Que le chef de l’Etat m’entende, il n’a qu’à faire attention. Plus loin que ça, on a vu ce qui s’est passé, personne ne restera dans le palais, personne ne restera à la maison pour  appeler les gens et les manipuler, personne ! Monsieur le président, vous allez constater que tout au long de mon intervention, je n’ai apostrophé et répondu à aucun collègue. La vérité n’a pas de lieu de naissance, la vérité est éternelle parce qu’elle est lumière. Ce n’est pas parce que les gens vont venir après et dire des contre-vérités qu’il faut croire que ce qu’ils sont en train de dire est vrai. Ce n’est pas parce qu’ils ont parlé avant qu’il faut croire. Prenez date aujourd’hui, tout ce que nous sommes en train de faire c’est du « pipo », l’agent là est parti, c’est fini, ce n’est pas retrouvé et prenez, le régime sous lequel, les fonds de ce genre ont été dilapidés, celui là ne peut jamais être là et on va déposer les preuves. C’est faux ! Cela ne s’est  pas passé dans l’Egypte antique, ça ne s’est pas passé dans la Rome antique, ça ne s’est pas passé sous la révolution, ça ne se passera pas avec nous et je vous remercie ! ».

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(Les Intertitres sont de la Rédaction)

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