Des Chefs d’Etat-major de l’armée, on en a vus par ici. On en a vu des plus placides aux trublions. Inutile ici de revenir sur les noms de ces officiers qui ont eu, par le passé, la lourde mission de diriger notre armée. L’histoire fera, je crois, témoignage de ce que fut chacun d’eux et ce qu’il a apporté au rayonnement de cette armée.
Seulement de mémoire de Béninois, depuis l’avènement de l’ère démocratique au Bénin, le modèle incarné par Denis Hounsou Gbèssèmèhlan paraît bien singulier. Jamais on n’a vu un Chef d’ Etat major aussi «docile». Tremblotant presque devant le Chef de l’Etat, prisant les salutations militaires assez vigoureuses et qui multiplie «Oui Monsieur le Président» aux diverses injonctions données par le Chef de l’Etat, faisant ainsi rappeler aux Béninois le tristement célèbre ministre de l’intérieur Armand Zinzindohoué. On le sent dans une posture du larbin devant le Chef de l’Etat, Chef suprême des armées et depuis quelques mois, ministre de la défense. Autant de titres qui éblouissent sûrement le nouveau Chef d’Etat major qui, apparemment ne s’attendait pas à ce maroquin que le Chef de l’Etat lui a jeté en fin d’année, tel un cadeau de fête. On se rappelle que c’est un 31 décembre 2012 qu’il a été fait Contre-amiral – équivalent de Général de brigade – et nommé en même temps Chef de l’Etat major de l’armée. Les grades, il faut le rappeller, lui ont été portées par le Chef de l’Etat lui-même au salon d’honneur de la Présidence de la République. Une innovation du Président Yayi dont les exemples sont rares sur le continent. L’ex-capitaine de vaisseau qui a passé sa carrière professionnelle dans l’anonymat de l’armée navale est propulsé sous les feux de la rampe. Obnubilé par cette double promotion, notre Contre-amiral court dans son village à Avrankou où il organise, tel un politicien chasseur de poste «juteux», une cérémonie pompeuse de remerciement à l’endroit du Chef de l’Etat qui l’a rendu un honneur en le nommant à ce poste. Il reçoit un curieux cahier de charges : réprimer par tous les moyens les trafiquants de l’essence « kpayo ». Aussitôt, le Chef de l’Etat le lance dans cette lutte qu’il avait entamée quelques semaines plus tôt. Il passe de temps en temps pour rendre compte au Chef de l’Etat. Et à chaque fois, il ne manque aucune occasion de proférer des menaces à l’endroit des vendeurs et des trafiquants du liquide prohibé. Mais malheureusement, la lutte ne semble pas porter ses fruits, surtout à Cotonou où malgré les nombreux contingents militaires positionnés à des endroits stratégiques pour verrouiller tous les circuits d’approvisionnement de la ville de Cotonou, l’essence est partout présent et la Sonacop fait de mauvaises recettes. La guerre au Mali va rattraper notre Contre-amiral. Il sera chargé de composer le contingent béninois qui ira sur le théâtre malien. Là aussi, un peu de cafouillage puisque le nombre exact du contingent va varier au fil des jours avant d’être stabilisé à 600. Le weekend dernier, alors que le Président Yayi était en visite au port pour voir les balles de coton, il demande au Chef d’Etat-major de veiller à ce que personne ne vienne toucher à cela. Ce dernier répond de façon révérencielle «Oui monsieur le Président». Le Chef de l’Etat major se voit ainsi contraint à des basses œuvres comme celles qui consistent à traquer les trafiquants de l’essence « Kpayo » ou de surveiller les balles de coton au port. L’armée devrait être investie de missions plus nobles, à défaut d’aller au front pour défendre notre intégrité territoriale. Et son premier responsable, le Chef d’Etat-major, devrait mieux s’occuper de la gestion de la troupe et de l’organisation de la grande muette. Certes, le Chef de l’Etat, chef suprême des armées, aujourd’hui, ministre de la défense, a tendance à «trop» inféoder l’armée et à amener ses chefs à lui faire allégeance. Et face à des responsables qui manquent de charisme et de personnalité, le tour de Yayi est bien joué. Il dompte l’armée et se fout bien du «qu’en dira-t-on». Je plains mon Contre-amiral.
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