Kenya : Uhuru Kenyatta élu avec deux épines dans les pieds

Proclamé vainqueur de la présidentielle, l'euphorie d'Uhuru Kenyatta  et de ses partisans devrait être vite dissipée dans les jours à venir. Le nouveau Président kenyan traine deux grosses épines. Il lui faut gérer la contestation de sa légitimité, doublée d'une menace de la Cour pénale internationale qui plane sur sa tête, telle une épée de Damoclès.

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 Contrairement à 2008, la proclamation des résultats de l'élection présidentielle n'a pas engendré des contestations et un conflit postélectoral né des heurts entre  Kikuyus et Luos. Pour autant, Uhuru Kenyatta, déclaré élu, n'est pas totalement à l'abri d'une perte de légitimité. Son challenger, Raila Odinga, n'a pas appelé à manifester. Il a simplement affirmé qu'il va contester les résultats devant la Cour suprême de son pays. Le comptage des suffrages serait émaillé de graves fautes et erreurs qui ont conduit à l'abandon du comptage électronique. Le président de cette cour étant un ancien militant des droits de l'homme, Raila Odinga pense que cette juridiction peut lui rendre justice.  Mais, il y a plus sérieux qui menace le nouveau Président Kenyan. Depuis l'élection présidentielle de 2008 où Mwai Kibaki a été élu, Uhuru Kenyatta qui n'est autre que le fils de Jomo Kenyatta, le père de l'indépendance du pays, est accusé de crimes contre l'humanité, en participant et en donnant des ordres pour que les membres de son ethnie, les Kikuyu – ethnie majoritaire dans le pays – s'en prennent aux Luos dont le leader Odinga contestait les élections et demandait à ses partisans de manifester. C'est donc les évènements de 2008 qui rattrapent le nouveau résident kenyan. Il devient ainsi le second président africain, après Omar El Béchir, sur qui plane une menace d'arrestation et de poursuite devant la Cour Pénale Internationale. Comme lui, ses voyages à l'international sont donc limités. Il devra donc savoir choisir ses destinations et surtout ses amis. Ou peut-être, il peut se présenter en homme courageux à la Haye pour répondre aux questions de la Cour pénale internationale. Dans tous les cas, le Président Kenyatta part avec ces deux grandes faiblesses qui risquent de le suivre pendant tout le temps de son mandat. Cette élection aura renforcé le clivage entre les Kikuyus et les Luos.

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