Au nom de la solidarité

La solidarité. Le Bénin est en passe de la redécouvrir. L’égoïsme outrancier, qui pousse comme herbes folles sur les franges de la société individualiste que nous construisons, a fait craindre que nous ne sachions plus nous tenir et nous retenir dans les liens d’une communauté d’intérêts et de destin.

Publicité

Mais voilà que, avec l’opération 120 jours pour équiper nos  centres de santé, opération initiée par le Ministère de la Santé, le Bénin se prend à reprendre les chemins oubliés de la solidarité. Le succès de cette opération inspire désormais le Ministère de l’Enseignement secondaire. Il vient de donner le top d’une opération «120 jours pour équiper les écoles du Bénin».  Mais il va falloir aller bien au-delà des cercles officiels et publics. La solidarité doit devenir une nouvelle manière d’être du Béninois, irradiant dans tous les compartiments de notre société.

Mais pour être belle, parée de toutes les vertus humaines, la solidarité n’est pas moins rugueuse en ses exigences. Le vivre ensemble et pour le meilleur qu’elle suppose, dans l’esprit de «un pour tous et tous pour un», voudrait qu’elle ne s’accomplisse totalement et complètement qu’à certaines conditions. Les exigences de la solidarité sont d’essence morale et éthique. Découvrons-les dans le cadre de l’espace public où elle se manifeste actuellement dans notre pays.

Deux ministères de la République, la Santé et l’éducation notamment, appellent les Béninois, les non Béninois, les personnes morales et les institutions internationales de tous ordres et de tous horizons à une solidarité agissante. Il s’agit essentiellement d’offrir ou de mettre à disposition du matériel pour équiper nos centres de santé et nos écoles. Le geste de donner a beau être anodin ou anonyme, il ne se pare pas moins d’un sens symbolique fort.

En effet, que de bébés on sauve par la grâce d’une couveuse. Que d’enfants béninois empruntent les chemins merveilleux de la connaissance et d’une vie accomplie grâce à une école ouverte. La sagesse des nations n’enseigne-t-elle pas que celui qui ouvre une école ferme une prison ? C’est au-delà de toute arithmétique ordinaire qu’un petit geste de solidarité   se mue, tout aussitôt, en un énorme témoignage d’humanité. Et c’est parce qu’il en est ainsi que la solidarité est exigence.

Publicité

Exigence, d’une part, du bon usage de ce qui est donné ou offert, synonyme, pour le bénéficiaire, de reconnaissance et de gratitude. En effet, la plus belle manière de remercier le donateur, c’est de tenir, dans un rapport de respect absolu, ce qu’il a offert. Celui-ci doit servir à ce à quoi il est destiné. Celui-ci doit être traité et capitalisé comme un bien précieux. Par conséquent, il n’est ni à malmener, ni à garer, ni à voler. Il est et il reste, à moins d’en décider autrement, le bien de la communauté dont il scelle, célèbre et illustre la solidarité.

Exigence, d’autre part, d’obligation de reddition de compte. La structure bénéficiaire, en l’occurrence et dans le cas d’espèce, les ministères de la Santé et de l’Enseignement secondaire, devraient s’engager contractuellement à rendre compte, à saison régulière, de l’état du matériel reçu. Grâce, en amont à un suivi rigoureux de ce matériel. Avec la nécessité, en aval, de disséminer les résultats d’un tel suivi, au bénéfice de tous ceux qui sont parties au pacte de solidarité.

Exigence, enfin, d’un contrôle citoyen conséquent. Les destinataires finaux de cette action de solidarité sont les populations à la base. Ne l’oublions jamais. Tous les intermédiaires impliqués par et dans cette action ne sont que   des sortes de maîtres d’ouvrage délégués. Mais comment les populations propriétaires peuvent-elles prendre possession et contrôle de ce qui ne doit jamais cesser d’être et de rester leur bien, leur propriété ?

Le Bénin est partie du Mécanisme africain d’évaluation par les Pairs (Maep). Ce Mécanisme, grâce à ses démembrements communaux et départementaux, grâce à ses points focaux dans les ministères et les institutions de la République, réussit un maillage parfait du territoire national. Les membres et animateurs de ces structures sont formés au contrôle citoyen. Ils sauront, en acteurs avertis, outillés et expérimentés, mener à bien ce contrôle citoyen. On doit le savoir, le Maep dispose de réels atouts pour que la solidarité soit bien défendue et illustrée, partout, dans notre pays. Que nous manque-t-il pour nous décider à essayer ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité