La leçon ivoirienne

Alassane Ouattara était dans nos murs. Le chef de l’Etat ivoirien était l’hôte de notre pays les 8 et 9 mars 2013. Le point d’orgue de ce séjour aura été, pour nous, sa rencontre  avec les opérateurs économiques du Bénin. Nous avons eu droit à un véritable cours d’économie et de développement.

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 Le Palais des congrès, à l’instar d’un amphithéâtre, a résonné et vibré des accents et des intonations d’une voix très professorale. Alassane Ouattara a su vendre et bien vendre la Côte d’Ivoire à nos opérateurs économiques transformés, à l’occasion, en des étudiants studieux et attentifs.

La Côte d’Ivoire sort à peine de la zone trouble et troublée d’une guerre civile. Alassane Ouattara sait qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Aussi a-t-il su vendre à ses interlocuteurs le doux miel de la paix et de la quiétude nationale retrouvées. Cela contraste fort avec le Bénin qui s’encombre de produits non marchands, invendables sur un quelconque marché du monde : complot,   tentative d’empoisonnement, coup d’Etat ….

Pour un pays comme la Côte d’Ivoire qui sort à peine d’une guerre, n’ayant pas fini de panser toutes ses plaies et de dissiper toutes ses peurs, Alassane Ouattara a beau jeu d’étaler la bonne santé de ses fondamentaux économiques. La croissance du produit intérieur brut (PIB) était au taux de 8,6% en 2012. Ce qui est perçu comme la juste sanction de l’amélioration du climat des affaires, des efforts de restauration de l’appareil productif avec la mise en œuvre de mesures d’incitation du secteur privé. Le Bénin n’a pas connu la guerre. Mais la paix ne l’a pas pour autant rendu prospère. Un seul chiffre : en 2012 le taux de croissance de son produit intérieur brut était de 3%, le plus faible de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

Alassane Ouattara a décliné, avec une fierté non feinte, la riche diversité du secteur primaire ivoirien : café, cacao, caoutchouc, fruits… En attendant le coefficient fort de l’agro-industrie pour la transformation de tout ou partie de ces matières premières en produits finis. Mention spéciale pour le riz, denrée pour laquelle la Côte d’Ivoire entend être autosuffisante d’ici à deux ans et conquérir le marché de la sous-région. A côté de quoi, le coton béninois fait du bruit. Il gronde comme le tonnerre dans un ciel désespérément vide.

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Alassane Ouattara, après avoir peint un tableau aussi beau qu’attractif de son pays, n’a plus qu’à inviter les opérateurs économiques béninois à franchir le pas : investir au pays de Félix Houphouët-Boigny. Un beau plaidoyer assorti d’une rassurante garantie : la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux. Alassane Ouattara a fait mouche. Il nous a surtout instruits d’une vérité simple : si vous ne vendez votre pays, personne ne le fera à votre place et rien de ce qui mérite d’y être vendu ne le sera.

Certes, le Bénin a fait visiter à son hôte le centre agropastoral de Songhaï à Porto-Novo. Il lui a fait connaître son expérience en matière de microcrédits aux plus pauvres. Ce n’est déjà pas si mal. Que retenir de la leçon ivoirienne ? Elle se résume, pour nous, à l’impératif de savoir bien vendre son pays.

La réputation de «quartier latin de l’Afrique» que le colonisateur français s’est appliqué à nous tailler sur mesure, rencontre encore aujourd’hui quelque écho dans plus d’un pays de la sous-région. Beaucoup continuent de témoigner pour ces maîtres d’école dahoméens qui leur ont ouvert les chemins de la connaissance et du savoir. Nous avons choisi de faire passer par pertes et profits la foi de ces pionniers dahoméens.

La conférence des forces vives de la nation en 1990 a fait du Bénin le berceau de la démocratie en Afrique. Ce leadership continental est allé s’effritant au fil de nos contorsions et autres coupé-décalés autour de nos différentes élections ou du principe de la séparation des pouvoirs.

Voilà des produits que nous n’avons pas su vendre, mais qui en côtoient un que nous n’avons jamais cherché à vendre. A moins de soutenir que ce produit se vend déjà tout seul. Il s’agit du Marché international Dantokpa. En tout cas, il se vendra mieux si nous le libérons de la saleté en l’assainissant, si nous le rendons plus fonctionnel en le reconstruisant. Il faut tenir pour une malédiction le fait de rester assis sur une mine d’or, mâchonnant passivement l’amère kola de la pauvreté.

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