Communiqué de presse de dénonciation, fora de discussions acerbes sur les réseaux sociaux, investigations et plainte au tribunal. On ne compte plus les initiatives pour dénoncer les nombreuses irrégularités qui ont entaché le concours de recrutement au profit du ministère des finances, sessions de juillet et aout 2012.
Beaucoup de choses ont été dites, et plusieurs initiatives de dénonciation faites à propos des fraudes et irrégularités qui ont entaché le dernier concours de recrutement au profit du Mef. Ce concours, on se rappelle, est entaché de plusieurs irrégularités mises à nu par l’Observatoire de lutte contre la corruption, qui s’est saisi du dossier sur plainte de l’une des candidates. Il s’agit de dame Lidye Idjouola. Déclarée admise sur un premier communiqué, son nom a été substitué par celui d’un autre candidat dans un second communiqué, ayant les même références que le premier et signé tous deux de la ministre du travail, Mêmouna Kora Zaki. Entre autres irrégularités, il y a la substitution de nom, les changements au dernier moment des membres des jurys d’anonymat et de délibération, et ce en violation de la décision ministérielle prise à ce propos. Il y a aussi la mise en place dans des conditions confuses et suspectes, du jury de délibération. Et dans un courrier qu’elle a adressé au Médiateur de la République, la ministre de la Fonction Publique a reconnu qu’il y a eu substitution de nom. Et voilà un aveu, qui en dehors même des autres irrégularités, entache la crédibilité du concours. Surtout dans un pays où c’est un secret de polichinelle que, pour réussir à un concours d’entrée à la Fonction Publique, depuis quelques années, il faut, soit avoir des relations, soit miser gros, en terme d’argent, pour mouiller la barbe aux gens dans le circuit.
Lire aussi : Concours au profit du MEF : « Alternative citoyenne » adresse une plainte au procureur
Le Chef de l’Etat a mis sur pied il y a bientôt deux mois une commission d’enquête administrative pour faire la lumière sur ce scandale. Mais depuis, silence radio. Et on sait qu’au Bénin, pour noyer un dossier ou trouver un bouc émissaire à une affaire, en lieu et place des vrais fautifs, il suffit de créer une commission d’enquête administrative.
Criez, mais on est serein
Les réactions des acteurs politiques, de la société civile et même des citoyens se multiplient, en vue de pousser le gouvernement à faire la lumière sur les dessous du concours et l’annuler « purement et simplement ». La dernière action, est la plainte déposée auprès du Procureur de la République près le tribunal de Première instance de Cotonou, il y a quelques jours seulement, pour « faux et complicité de faux en écriture publique ». Cela a été précédé de la réaction de l’Union fait la Nation (Un) qui a adressé, à ce propos, une question orale avec débat au gouvernement le 25 mars. A cela s’ajoute l’indignation et la dénonciation des principales organisations syndicales du pays. Tout ceci, sans compter avec les nombreuses publications des citoyens ordinaires sur des réseaux sociaux et les tentatives de marches des chômeurs.
Lire aussi : Concours MEF : les huit questions de l’Union fait la Nation au Gouvernement
Toutes ces actions ressemblent à de l’eau versée sur le dos du canard, quant on s’en tient à l’indifférence surprenante du Chef de l’Etat, qui ne cesse de chanter sa volonté de lutter contre la mal-gouvernance. L’on a espéré que la ministre de la Fonction Publique démissionne, ne serait-ce que pour son honneur. Elle ne l’a pas fait. L’on a espéré que le Chef de l’Etat la limoge, elle et tous les directeurs et chefs services indexés par les différentes irrégularités. Il ne l’a pas fait non plus. L’on a même souhaité que, pour mettre fin à la polémique et rendre justice aux soixante six mille candidats, le Chef de l’Etat annule, ou le concours, ou ses résultats (pour de nouvelles compositions). On a tiré à terre. La pression s’accroit, les dénonciations se succèdent, les appels à la justice s’en suivent. Mais du coté du Gouvernement, l’on ne réagit pas. Et ce, prétextant de la mise sur pied d’une commission administrative. Comme pour dire à tout ce beau monde, citoyens, acteurs de la société civile, membres des partis politique de l’opposition, «criez, mais nous, on est serein». Dommage!
Laisser un commentaire