Il est temps d’en parler et nous ne pouvons continuer de nous taire. Même si on sait que ceux qui nous dirigent ont fait le choix du mépris en ignorant les avis qu’émettent les citoyens sur la manière dont les affaires de l’Etat sont conduits.
A travers le débat sur la situation actuelle de la SONACOP, c’est une autre facette de la mal gouvernance et du clientélisme érigés en système de gestion depuis Avril 2006 qui est en cause.
Merci au Syndicat maison
Quelques semaines après le depart de Dieudonné Lokossou, ancien Secrétaire General du Syndicat de la SONACOP, il faut faire une fière chandelle à l’équipe qui a pris la relève pour avoir mis les pieds dans le plat. Ce que nous avons suivi sur une télévision de la place (et qui n’est qu’un reportage restreint en raison de sa ligne éditoriale actuelle) ajoutée aux articles de presse démontre la détermination des responsables syndicaux actuels à en découdre avec la Direction Générale qu’ils accusent de toutes les magouilles et de conduire la maison vers l’abîme.. Une telle attitude mérite d’être saluée dans un environnement national ou les syndicats sont en hibernation, succombant soit à l’intimidation, soit à la tentation. Ces braves femmes et hommes entendent défendre leur pain et ils ont encore du chemin à faire pour y parvenir, car la situation actuelle de la SONACOP interpelle tout le peuple béninois dont il est un patrimoine.
Clientélisme, un principe cher à la gouvernance du Président
L’histoire de la nomination de Monsieur Expédit Houessou obéit aux principes de base du système de gouvernance actuel, marqué par un clientélisme primitif au service de divers intérêts personnels bau détriment de ceux du peuple. Souvenez vous des débats qui on tété organisés sur certaines télévisions de la place pendant la campagne pour l’élection présidentielle de Mars 2006. Comme de nombreuses personnalités venues vendre le champion du changement aux populations qui apprendront a le découvrir plus tard, Monsieur Houessou est passé sur plusieurs de ces émissions, vantant les mérites de son candidat pour conduire le Benin vers des lendemains meilleurs. Quoi de plus normal, puisque nous sommes en politique ou tout est vendable même un homme dans un emballage. Mais plus tard, lorsque le message a été entendu par les populations, et contrairement aux nombreux autres qui ont été casés, Monsieur Houessou a dû suer sang et eau avant de se voir » parachuté »à la tête SONACOP. Et comme tous les cadres qui ont été placés dans un tel contexte, cela n’a pas raté. Aujourd’hui, la SONACOP est en agonie au triple plan de sa gestion financière, commerciale et morale.
Une entreprise qui aux dires des employés sert plutot les intérêts du DG et de ses réseaux
Au lieu de réfléchir pour entreprendre de sérieuses réformes du secteur énergétique de notre pays comme la plupart des pays de l’UEMOA l’ont fait, on a preféré garder un client politique à la tête d’une entreprise parce qu’il a peut-être en main un outil de troc politique, son association “Agbessignale” qu’il utilise pour toucher la fibre sensible de ceux qui rêvent d’une longévité au pouvoir. Sinon, que cherche Monsieur Houessou a la tête de la SONACOP, malgré tout ce qu’on a entendu les syndicats décrier? Pour contourner la nécessité de le relever de ses fonctions et lui demander des comptes, on a d’abord envoyé une énième commission Lafia Biokpo, après avoir créé un comite de tréorerie préside par la Directrice de Cabinet du Chef de l’Etat. Et au dernier conseil des Ministres, on a demande a la même commission de situer les responsabilités. Curieuse démarche, n’est-ce pas? Quel était l’objectif de la commission et pourquoi au prime abord elle n’a pas situé les responsabilités? On joue ainsi avec l’avenir de l’entreprise, la vie des employés et les besoins des populations en carburant alors que dans le même temps on interdit la vente de produit pétrolier dans le secteur informel. Un des employés a d’ailleurs, de façon anecdotique, déclaré que depuis Décembre.les cuves sont vides au dépôt de la SONACOP. .
Curieuse façon de se défendre
En rejetant les allégations de ses collaborateurs, le DG qu’on a suivi avec beaucoup de peine sur une chaîne de télévision, s’est totalement enlisé . De notre point de vue, il a même aggravé son cas, en confirmant ce que les employés ont dit de lui quelques jours avant. En effet, les employés ont-ils tort de dire qu’on leur a “nomme un DG qui vent des boissons alcoolisées au bord de la route” quand le DG lui-même reconnait, après près de cinq ans a la tête de la SONACOP que la société n’a pas de manuel de procédures et que le gouvernement a décidé de mettre en place maintenant les outils de bonne gouvernance. N’est-ce pas une honte? Voici un prêtre qui arrive dans sa nouvelle paroisse et qui ne trouve pas les outils fondamentaux de sa prédication tels que la bible et les autres arsenaux de prière. Qu’avait-il à faire? Le DG est-il vraiment un gestionnaire? S’il en est un, pourquoi attendre tant d’années pour déplorer l’inexistence d’un manuel de procédures? Et quand le DG insinue que le personnel avait déjà déploré la pléthore d’agents à la SONACOP dans un document à son arrivée, qu’a t-il fait pour convaincre l’Etat et le personnel que le salut se trouve dans la réforme de la maison qui passé nécessairement par un dégraissage? Ne pouvait-il pas démissionner, s’il était un gestionnaire responsable, face à la résistance du Ministère du Commerce ou du gouvernement de remercier ceux qu’un audit aurait identifiés comme étant de trop dans l’entreprise?
En conduisant la SONACOP dans sa situation actuelle, après de nombreuses années de gestion, le DG n’a servi ni celui qui l’a nommé, ni les populations, ni les employés de la SONACOP, ni la SONACOP elle-même .Nous ne sommes pas son patron, mais nous pensons que s’il lui reste un minimum d’amour propre et de sens de l’honneur, il devrait remettre son tablier pour sauvegarder ce qui lui reste de crédibilité.
Quel avenir pour la SONACOP?
Sans être un Expert en politique pétrolière ou énergétique, on peut légitimement se Bdemander où va la SONACOP. En 2013, alors que plus aucun pays de l’UEMOA n’entretient une entreprise de commercialisation de produits pétroliers, le Benin tourne en rond avec une entreprise de commercialisation de produits pétroliers qui ruine le trésor public alors qu’elle devrait renflouer les caisses de l’Etat. Même si c’est un secteur stratégique, la plupart des pays ont entrepris des réformes visant a confier la commercialisation des produits pétroliers au secteur privé,l’Etat percevant les impôts et taxes et restant dans son rôle de régulateur du secteur. Notre Etat doit donc cesser de vendre du carburant et d’entretenir des entreprises qui roulent à perte. On parle beaucoup de réforme dans notre pays, mais pourtant aucune réflexion responsable et approfondie ne se mène visiblement pour assainir l’économie globalement. On est plus prompt à nommer des laudateurs à des postes qu’à faire l’effort de réfléchir pour déterminer si même garder une entreprise qui a depuis longtemps vécu est une option viable pour l’économie nationale. Pourqui donc conserver dans le patrimoine de l’Etat une entreprise qui roule à perte? La même observation est valable pour la Sbee. Le désastre actuel que vivent les populations ne suffit-il pas pour envisager courageusement une autre formule plus rentable pour l’économie, parce que plus responsable vis-à-vis des besoins des populations et des opérateurs économiques? Cela fait longtemps que les autres pays ont fait les réformes nécessaires pour assigner à ses entreprises de service public, une orientation politique qui accorde la place qu’il faut à la gestion privée. Notre Etat, surtout celui dans lequel nous vivons aujourd’hui est simplement incapable de gérer et de produire des résultats. Ce qui se passe sous nos yeux est simplement anachronique. Vivement l’ère des vrais gestionnaires, après celle des grands économistes et Banquiers de la Bceao………….Ainsi soit-il !!
Coffi Adandozan
Economiste-Planificateur Lille-France
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