Zouley: salut l’artiste

Par un pur hasard, j’ai eu à regarder ces dernières semaines, les films sur les vies d’Edith PIAF (La môme) et de Claude FRANCOIS (Cloclo). Ces artistes français y sont présentés dans leurs grandeurs, leurs décadences et leurs faiblesses. 

Ils sont tous les deux décédés assez tôt dans la solitude aux côtés des derniers fidèles, après avoir connu la gloire ou en pleine gloire. Mais aucun n’est décédé seul dans sa chambre et découvert après deux jours.
Ce drame semble fréquent chez nous. Du grand boxeur Soweto, fierté nationale, à TLF évoqué par LNT que je connaissais peu, à Zouley en passant par d’autres, l’abandon devient le quotidien de nos icônes. Je ne parlerai pas de la misère car les fortunes sont diverses mais je ne pourrai néanmoins cacher mon dépit et la honte éprouvée à la lecture de la nouvelle. Alors, le réflexe a été de s’abstenir de tout commentaire vain comme « paix a son âme ». Il ne sert à rien car le mal est fait : elle est partie. Les béninois ne reverrons plus son sourire poupin sur le visage de battante qui a fait d’elle une icône malgré son handicap.

Abstention de commentaire vain qui a accueilli avec un sourire résigné le post de Richard FLASH sur son compte facebook. Impuissants, il est plus facile pour tous d’écrire un RIP et de retourner aux occupations quotidiennes. S’il était possible de s’arrêter un instant, l’on se demanderait de quoi elle est morte. Les témoins parleront d’une blessure au sein. Il y a également l’hypothèse du manque de soin ou de la solitude. Toujours est-il qu’elle emporte son secret dans la tombe.

Aux causes factuelles, ajoutons l’indifférence générale, la chaleur que tous éprouvent à la vue de l’artiste et ses prestations en oubliant que c’est aussi un être fragile qui a des besoins. L’artiste a surtout besoin de vivre de son art ; ce qui est difficile au Benin où règnent la piraterie comme ailleurs en Afrique, l’ignorance des droits d’auteur par les usagers. Ailleurs, les artistes gagnent tant et si bien qu’on veut les imposer à 75%, ici, ils sont obligés d’avoir un autre métier, de multiplier les œuvres et les prestations pour survivre. Ailleurs, ils peuvent se soigner dans les plus grandes cliniques, ici ils ne disposent même pas d’une mutuelle. Pourquoi ne pas créer des initiatives comme celle-là : une mutuelle à côté de la BUBEDRA dont on se demande l’utilité à des moments pareils ?

Ma seule réaction est la honte : celle d’écrire ces lignes, celle de n’avoir pensé à acheter ses disques qu’après coup, celle d’avoir apprécié sa musique en ignorant sa vie, celle de savoir cette icône partie dans la solitude. A cette honte répond l’espoir de voir sa vie immortalisée par d’autres œuvres d’art comme ailleurs. Salut l’artiste.

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