1er mai : le travail en fête

Le travail célébré. Tel est le sens de la fête du travail, au cœur de l’actualité du 1er mai. Dans le monde entier, les syndicats de travailleurs mobilisent leurs adhérents, tiennent des meetings et marchent. Ils ponctuent la fête par la traditionnelle présentation des cahiers de doléances.

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Une manière de rappeler, à qui de droit, un certain nombre de requêtes restées   dans les parapheurs ou jetées aux oubliettes.

Il y a, de ce fait, un scénario du 1er mai archi connu. Il exhale un parfum familier. Du déjà vu. Du déjà entendu. Un peu pour attester qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Pourtant, on n’est pas obligé de reprendre le même rythme pour s’obliger à exécuter les mêmes pas de danse. Attachons-nous à renouveler le contenu du 1er mai sans trahir, pour autant, l’idéal de défense des intérêts des travailleurs.

Nous ne nous arrogeons point, ce disant, de droits excessifs. Nous ne nous invitons pas non plus, en intrus, dans un débat qui ne serait pas le nôtre. Nous nous prévalons, tout simplement, d’être travailleur nous-mêmes. A ce titre, sans l’aval ou l’autorisation préalable de qui que ce soit, entrons dans le cercle d’une fête qui est aussi la nôtre. Souhaitons que le 1er mai, conventionnellement présentée comme la fête du travail, soit effectivement vécue comme la fête du travailleur.  A travers le 1er mai, toutes les forces sociales doivent s’engager à restaurer le travail comme une valeur respectable et à reconnaître le travailleur comme un être digne de respect.

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Nous voulons vivre dans un pays où la trêve sociale n’est pas un vain mot. Nous avons mis en place tout un bataillon de structures et d’institutions ordonnées dans le sens de promouvoir une telle trêve. Le 1er mai nous offre l’occasion d’un bilan. Nous avons conféré à ces entités des pouvoirs. Nous leur avons assigné des missions. Nous sommes en droit d’exiger d’elles des résultats. Nous appelons, par conséquent à la barre, le Médiateur de la République, le Haut Commissariat à la gouvernance concertée, la Commission permanente de négociation Gouvernement-travailleurs, la Commission paritaire de la Fonction publique, les Conseils sectoriels de Dialogue social. Comme dans la parabole biblique des talents, revient lancinante et persistante la seule et même question : «qu’avez-vous fait des talents que le maître vous a confiés ?» Leur réponse nous obligera, nous pliant à leur donner ou non quitus de leur gestion de la trêve sociale.

Nous voulons vivre dans un pays où les syndicats ajoutent à leur droit légitime de revendiquer leur devoir impératif d’éduquer. Augmenter les salaires et offrir de meilleures conditions de travail aux travailleurs c’est bien. Faire observer, par exemple, une ponctualité rigoureuse partout où le devoir nous appelle, faire reculer la tricherie en décourageant toutes les attitudes contreproductives qui malmènent la production et pénalisent l’entreprise, c’est tout aussi bien. Les syndicats se reconvertiront utilement à tenir à la fois le pôle des droits à revendiquer légitimement et le pôle des devoirs à observer rigoureusement. Une toute autre attitude réduit nos syndicats à n’être que des manchots unijambistes. C’est loin d’être un compliment !

Nous voulons vivre dans un pays où il ne devrait plus avoir de grève, notamment dans des secteurs aussi sensibles, aussi névralgiques que la santé, sans service minimum. Aucune revendication, si importante soit-elle, ne peut être mise en balance avec une vie. André Malraux nous le rappelle après qu’il l’eut gravé dans le marbre dur d’une exigence éthique sans concession (Citation) : «La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie». (Fin de citation)

Nous voulons vivre dans un pays où la grève est tout à la fois respectée comme un droit imprescriptible et promue comme une stratégie intelligente qui ne frappe ni ne freine la production. L’exemple vient du Japon. Les travailleurs de ce pays montrent, chaque jour, qu’on peut aller en grève sans cesser d’être patriotes. Le bandeau rouge qu’ils portent autour de leurs têtes en dit assez pour prévenir d’un malaise. S’activent aussitôt tous les canaux d’échange et de dialogue.  La grève, dans le cas d’espèce, a lieu. Mais sans arrêter le travail. Sans perturber la production. Sans pénaliser le pays. C’est de l’intelligence que de savoir manger des omelettes sans casser des œufs.

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