A l’école du délestage

Le Bénin du délestage a mal à la conscience. Nous avons au moins retenu de nos malheurs qu’un pays qui ne peut relever   le défi énergétique ne s’offre pas beaucoup de chances de se développer.

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Il reste et restera un pays arriéré. Un pays condamné à se débattre longtemps dans les profondeurs obscures du sous-développement.

Sans autonomie énergétique, à quoi sert-il de se doter des technologies les plus avancées, de construire des infrastructures les plus sophistiquées, d’entretenir chez les citoyens des rêves   d’émergence? Un pays sans solution   énergétique durable renvoie à l’image plutôt dégradante du roi nu : pouvoir en baisse, aura en berne, dignité en laisse.

C’est notre conviction : le nombre de dollars par jour et par tête d’habitant n’offre pas le bon critère pour arbitrer la course des pays sur les chemins de leur croissance et de leur développement. Il y a lieu de regarder ailleurs. Plus précisément du côté de l’énergie. La maîtrise des coûts. La disponibilité du produit. Le degré de consommation de celui-ci. Le tout en rapport et au regard de la satisfaction exprimée par les populations. Voilà autant de paramètres à prendre en compte. Ils débouchent tous sur une vérité simple : l’énergie est et reste un indicateur de développement.

Lire sur le même sujet : Crise d’énergie électrique au Bénin : la fin des délestages n’est certainement pas pour demain

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Tout nous porte à croire que le Bénin a ainsi compris les choses : sans la maîtrise du dossier de l’énergie, il n’est point, en termes de bilan, d’action gouvernementale positive. C’est en vain que les populations donneraient quitus au gouvernement de sa gestion du pays. Ce seul constat de carence, sur le seul chapitre de l’énergie, aurait suffi à jeter de l’ombre sur l’état de la nation que dresse annuellement le Chef de l’Etat devant la représentation nationale. Pour une seule orange pourrie, c’est tout un panier d’oranges qui est ainsi bon pour la poubelle!

Nos quelques unités industrielles, avec une source d’énergie problématique, sont hors jeu, hors du champ d’une saine compétition. Qui pense aux charges supplémentaires auxquelles elles doivent faire face? Qui pense aux surcoûts qui faussent leurs prévisions, obèrent leurs finances? La conclusion d’une aussi grave situation coule de source. Sans autonomie énergétique, un pays renvoie son développement aux calendes grecques et compromet son avenir.

Ne parlons pas des bobos, des nuisances de toutes sortes qui empoisonnent, au quotidien, la vie des citoyens. Pour se faire une idée plus précise et pour prendre la juste mesure du phénomène, le gouvernement devrait commanditer une étude sur le délestage. Il perturbe tout. Il met, comme on dit, le pays sur répondeur. Il détruit et pulvérise le fragile tissu des petites et moyennes entreprises qui se mettent laborieusement en place. Il plonge toute une cité comme Cotonou, qui se veut pourtant la vitrine du Bénin, dans la nuit la plus noire. A l’avantage et au plaisir de tous les loubards et zonards, de dangereux poissons qui ne prospèrent qu’en eaux troubles.

Voilà tout ce qui taraude et trouble la conscience du gouvernement. On comprend alors qu’il soit, ces jours derniers, des plus fébriles sur tout ce qui touche à l’énergie. On ne le serait à moins ! Mais de là à confondre vitesse et précipitation, il n’y a qu’un pas qui est, chaque jour, allègrement franchi.

La turbine à gaz de Maria Gléta était attendue comme «un poumon énergétique d’appoint». Nous l’avons mise en marche sans nous être assurés de bénéficier d’un approvisionnement en quantité, en qualité et dans la durée de la matière première nécessaire.  A moins que l’unité n’ait été, finalement, victime d’une mauvaise communication. Ce qui a vite tourné en une mauvaise publicité. Nous avons le temps de nous reprendre.

Nous venons, par ailleurs, d’enregistrer deux appuis extérieurs de taille avec la Turquie et l’Iran. L’un et l’autre pays mettent à notre disposition une ligne de crédit pour relever le défi énergétique. Mais le bon point que marque ainsi le gouvernement ne saurait justifier sa fébrilité. La première pierre d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Ouémé, à   Kétou est déjà posée. N’allons-nous pas, ce faisant, plus vite que la musique? N’y-a-t-il pas quelques préalables à observer avant toute mise en place du crédit? Ne devons-nous pas procéder aux appels d’offres et à la sélection des entreprises adjudicataires? Et l’étude d’impact environnemental? Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Allons-y piano et serons à destination sano.

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