Education : ces institutions qui suppléent l’Etat!

L’on se souvient encore de ces longues semaines de grève qui ont failli coûter une «année blanche», en 2012, au système éducatif de ce pays. 

La grève, cette épée de Damoclès qui pèse, depuis un moment déjà, sur le secteur de l’Education, n’est pas vraiment de nature à lui faciliter l’atteinte de ses objectifs, surtout avec les nombreuses difficultés que le système traverse actuellement. Or, l’éducation est, et doit demeurer, l’une des priorités cardinales de toute nation, le pilier de toute démocratie, pour le partage des valeurs républicaines aux générations montantes. Ainsi, lorsque l’Etat devient incapable d’assumer ses responsabilités, interviennent d’autres institutions qui le suppléent dans la nécessité éducative. Nos analyses…

Former le citoyen, un défi républicain!

Après avoir instauré la démocratie, la principale tâche de la République est de « créer le citoyen » apte à l’animer, à donner un sens aux institutions démocratiques ainsi créées.

Pour atteindre cet objectif de formation du citoyen, c’est à l’Ecole que la République a confié la lourde tâche de lui inculquer les bases du « vivre ensemble », les clés pour réussir dans la vie, en développant chez le jeune enfant, puis chez l’adolescent, les aptitudes et les capacités pour évoluer dans la cité.

Or, ce que nous constatons, actuellement, c’est que l’Ecole n’arrive plus à jouer efficacement ce rôle, pour plusieurs raisons :

1) Effectifs pléthoriques, en inadéquation avec les capacités d’accueil des établissements ;

2) Manque de moyens, matériels, financiers, humains, didactiques, pour assumer correctement la fonction éducative;

3) Curricula inadaptés aux besoins du monde professionnel.

D’une école moribonde…

Ainsi, l’Ecole est confrontée à nombre de difficultés amplifiées par des problèmes internes de gouvernance et de gestion… Alors même que les attentes n’ont cessé de croître, et les effectifs de s’accroître.

Il est donc devenu impérieux de procéder à une réforme en profondeur de tout le système, pour rétablir l’Ecole dans son rôle fondamental de formation du citoyen de demain et de propagation des valeurs républicaines positives.

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L’Ecole étant désormais incapable, en tout cas dans l’état actuel de mise en œuvre de la Réforme, d’assurer la fonction que la République lui a confiée, d’autres institutions sont mises à contribution pour atteindre, malgré tout, le but de former et d’édifier le jeune enfant et l’adolescent, quitte à prendre des voies détournées, quoique institutionnelles.

… A l’Ecole de la Vie !

Outre l’Ecole, il est généralement admis dans une démocratie, d’autres institutions pour atteindre le but d’éducation des jeunes et relever le défi républicain de la formation du citoyen.

On peut retenir trois autres institutions qui interviennent, aux côtés de l’Ecole, dans l’atteinte du même objectif :

1) L’Eglise (toutes confessions religieuses confondues) pour édifier l’Homme en devenir et lui inculquer les bases de la morale, tout en l’amenant sur le chemin de la vertu;

2) Les Partis pour développer chez le jeune homme les comportements responsables et la participation à la vie de la cité, tout en lui apprenant les fondamentaux de la démocratie (rôles que ne jouent pas les partis politiques africains, simples clubs électoraux juste pour faire élire les politiciens);

3) La Famille pour éduquer l’enfant, déjà dès ses premières années de vie, afin de lui faire acquérir les fondamentaux de la vie, avant que l’Ecole ne vienne les renforcer par l’instruction et la formation.

Le grand rôle à la Famille…

C’est dire à quel point le rôle de la Famille, sur les quatre structures identifiées, est important et primordial. Mieux que l’Ecole, plus que l’Eglise, et encore mieux que le Parti, c’est la Famille qui sert de socle à tout l’édifice éducatif, depuis les premiers balbutiements du nouveau-né jusqu’aux premiers pas du jeune enfant, devenu écolier.

Or, aujourd’hui, la Famille traverse, elle aussi, une grande crise, au même titre que l’Ecole, rendant encore plus difficile l’atteinte de l’objectif d’éducation.

On peut noter quelques éléments de cette crise:

1) Difficultés d’entente intergénérationnelle, car le lien a été brisée par une longue série de mauvais comportements, de part et d’autre ;

2) Difficultés matérielles pour assurer les besoins fondamentaux, nourriture et logement, reléguant l’éducation à un niveau secondaire, alors que les Familles devraient passer le relai à l’Ecole, à un certain moment, pour poursuivre l’œuvre entamée ;

3) Problèmes sociologiques, tels que celui des familles recomposées, de l’importation de comportements inadaptés à la culture locale par un phénomène de mode ;

4) Absence d’autorité véritable dans les familles monoparentales, car le seul parent n’arrive plus à jouer le rôle de deux adultes, face à des enfants de plus en plus exigeants, de plus en plus récalcitrants.

…Sinon, c’est l’Eglise qui s’en occupe !

D’après nos développements ci-dessus, la Famille serait en train de démissionner de son rôle prépondérant, compte tenu de toutes les raisons dont nous n’avons donné qu’un bref aperçu.

Alors, quand la Famille démissionne, il faut bien que d’autres institutions prennent le relai pour suppléer l’Etat dans la nécessité éducative. C’est à ce niveau qu’intervient l’Eglise, surtout en Afrique, qui investit de plus en plus massivement dans l’éducation, avec la création de nombreux établissements confessionnels, d’instituts de formation, jusqu’au niveau du supérieur.

Le problème majeur que connaît cette intervention directe de l’Eglise dans le système éducatif, outre son rôle traditionnel d’édification et de morale, une intervention indirecte, c’est la montée du coût de la formation, puisque les établissements ont un statut privé, donc gérés comme des structures privées, avec des exigences de rentabilité.

Evidemment, comme l’Eglise n’est en rien subventionnée par l’Etat dans l’accomplissement de cette tâche, les frais d’écolage sont très élevés, mettant cette alternative remarquable hors de la portée de nombreuses familles aux revenus modestes.

Quoi qu’il en soit, pour une Ecole véritablement républicaine, accessible et «gratuite», l’Etat doit reprendre ses responsabilités, afin que la formation obligatoire ne devienne pas censitaire, faisant du droit à l’éducation un «droit de riche»!

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